Carnet 8 - deux femmes au-dessus du lot, des demi-finales de feu, la retraite d'une légende et Feldbausch comme le Federer de 1998

BARTY, COMME SUR L'AUTOROUTE! Ashleigh Barty traverse cette quinzaine le pied sur le champignon, comme sur l'autoroute (enfin, pas sur celle désormais limitée à 80 km/h). Après avoir écrasé toutes ses adversaires jusqu'en demi-finales, l'Australienne a une fois de plus été sans pitié avec Madison Keys, dominée 6-1 6-3. Une "véritable démonstration", comme dirait l'autre. L'Américaine a d'ailleurs reconnu qu'il n'y avait rien (d'autre) à faire face à une telle tornade: "C'est tellement difficile d'affronter Ashleigh. Elle joue un tennis simplement incroyable. Même lorsque vous avez un plan de match en tête, elle fait tout trop bien et ne vous permet pas de le mettre en place. Elle sert bien et son slice est encore plus terrible que par le passé." Sous-entendu: l'Australienne est imbattable.

BARTY COMME WAWRINKA? Lauréate de Roland-Garros 2019 et de Wimbledon en 2021, ses deux premières finales en "Majeurs", Ashleigh Barty pourrait bien s'offrir son 3e titre différent du Grand Chelem samedi matin. Elle qui n'a jamais perdu une finale en Grand Chelem semble avoir les clés de son duel avec Danielle Collins. L'Australienne pourrait ainsi imiter Stan Wawrinka, vainqueur de ses 3 premières finales dans de tels tournois (OA 2014, RG 2015 et US Open 2016).

COLLINS JUSQU'AU BOUT DE L'EXPLOIT? Imbattable Barty? Peut-être, à moins que Danielle Collins, si solide (notamment en retours de service) contre Iga Swiatek n'aille au bout de l'exploit? Pas forcément attendue en finale, l'Américaine n'a pas volé sa place à ce rendez-vous. Au contraire, son tennis puissant (gros revers!) et intelligent est l'une des belles nouvelles de cette quinzaine. Son parcours a d'ailleurs lui aussi été remarquable jusqu'ici, puisqu'elle a notamment fait preuve de caractère pour évincer Clara Tauson et Elise Mertens au bout de matches accrochés en 3 sets.

QUATRE CHASSEURS POUR UN GRAAL! Mine de rien, les demi-finales masculines opposent quatre joueurs qui tous pourchassent un Graal personnel. Rafael Nadal vise en effet son 21e titre du Grand Chelem (record absolu), Daniil Medvedev une place de matricule 1 du classement ATP, alors que Matteo Berrettini et Stefanos Tsitsipas bataillent eux pour décrocher leur 1re couronne majeure. "Va y avoir du sport!"

AVANTAGE NADAL! Sans surprise, l'avantage va à Nadal dans sa confrontation avec Berrettini. Pour tout ce que l'Espagnol a construit depuis près de 20 ans, bien sûr, mais aussi puisque leur unique face-à-face avait été une promenade pour le "vétéran", qui s'était imposé 7-6 6-4 6-1 contre l'Italien en... demies de l'US Open 2019. Certes, c'était il y a 3 ans, à une époque où "Berrett" n'était pas tout à fait le joueur qu'il est aujourd'hui, mais...

AVANTAGE MEDVEDEV! De l'autre côté du tableau, l'avantage va à Daniil Medvedev. Si ses confrontations avec Tsitsipas sont souvent électriques (les 2 joueurs ne s'apprécient pas beaucoup), le Russe sait rester souverain contre son cadet de 2 ans. Preuve en est qu'il mène 6-2 dans leurs face-à-face. Medvedev a notamment enlevé leur seule confrontation à Melbourne, en... demies l'an dernier (6-4 6-2 7-5). Mais Tsitsipas a pour lui le fait d'avoir enlevé leur ultime rencontre, à Roland-Garros en juin 2021 (6-3 7-6 7-5). Reste qu'il s'agit de rappeler combien Medvedev est allergique à la terre battue.

TSITSIPAS PHILOSOPHE... Après avoir connu une période peu encourageante au sortir de sa finale (perdue) à Roland-Garros l'an dernier, Stefanos Tsitsipas dit avoir beaucoup appris. Sur le monde qui l'entoure et surtout sur lui-même, comme il l'a confié mercredi en conférence de presse. "Lorsque vous avancez et que tout se passe bien, vous pouvez avoir tendance à vous autocongratuler, comme si vous étiez intouchable. Mais c'est important de garder les pieds sur terre et de se rappeler que l'on vise quelque chose de grand, qu'il faut continuer dans cette direction et tout faire pour atteindre l'excellence. Même si celle-ci n'existe pas, on peut tout faire pour s'en approcher."

FELDBAUSCH POURSUIT SON RÊVE! Le Genevois Kilian Feldbausch en prend plein les yeux en Australie. Pour son 1er tournoi du Grand Chelem Junior, le prodige né en 2005 se trouve dans le dernier carré! Vainqueur de l'Américain Ozan Colak 2-6 7-6 6-4, Feldbausch fait mieux que Dominic Stricker (quarts) il y a 3 ans et aussi bien que Roger Federer en 1998 (défaite contre Andreas Vinciguerra). Le rêve pourrait se prolonger en cas de succès sur le Tchèque Jakub Mensik.

ALCOTT S'ARRÊTE ICI... Légende du tennis en fauteuil roulant, Dylan Alcott a failli mettre un terme à sa carrière sur un ultime titre à Melbourne. Mais l'Australien n'a rien pu faire contre le Néerlandais Sam Schröder, vainqueur 7-5 6-0, et auteur notamment d'un passing de revers extraordinaire (voir ci-dessous). Même s'il s'en va sur une défaite, Alcott (31 ans) a bel et bien marqué l'histoire de son sport, enlevant notamment 15 titres du Grand Chelem (dont les 4 en 2021), ainsi qu'un titre olympique.

LES "SPECIAL K" VERS LE TITRE? Jamais Melbourne ne s'était pareillement enflamée pour un tournoi de double. Thanasi Kokkinakis et Nick Kyrgios ont transfiguré les lieux à force de passer les tours. Les "Special K" ne sont plus qu'à un match du titre, leur 1er en Grand Chelem, qu'ils disputeront contre leurs compatriotes Matthew Ebden et Max Purcell. Tombeurs en 2 manches de la paire Granollers/Zeballos, "K & K" seront les grands favoris de cette finale, agendée samedi aux alentours de 10h45.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti