Pollen oblige, les yeux piquent à l'entrée du Parc des Eaux-Vives, ce somptueux écrin qui accueille le Geneva Open. Puis c'est ensuite le spectacle qui en met plein les mirettes du visiteur. Surtout lorsque Johan Nikles (ATP 294), le régional de l'étape, met le feu au central. Samedi et dimanche, le Genevois a sorti du grand tennis pour entrer dans le tableau principal, aux côtés des grands noms que sont Daniil Medvedev et Dominic Thiem. Ses victoires sur Peter Gojowczyk (la première de sa carrière contre un membre du top-100) et Lukas Rosol ont marqué les esprits.
Lui qui par le passé a déjà reçu des invitations à Gstaad s'extirpe donc pour la première fois des qualifs d'un tournoi ATP. "Je vis un peu un rêve éveillé", apprécie-t-il. Un songe qui prend une autre dimension encore sur la brique pilée des bords du lac. "C'est clair que c'est particulier, reprend-il. Les Eaux-Vives, c'est mon club et je crois que je connais chaque personne qui était dans le public (rires). Il y a donc eu un mélange de tout après la balle de match. Je suis habité par beaucoup d'émotions. Mais ce n'est que du positif."
Les Eaux-Vives, c'est mon club et je crois que je connais chaque personne qui était dans le public.
Place maintenant à son 16e de finale, un rendez-vous qu'il abordera sans crainte contre son compatriote Leandro Riedi, bénéficiaire d’une invitation à la suite du retrait de Stan Wawrinka. Sans crainte, oui, car le jeune homme de 25 ans a gagné en expérience depuis ses apparitions dans l'Oberland, en 2019 et 2021. "Ma défaite de l'an dernier à Gstaad m'avait fait comprendre que je manquais d'expérience et de rythme pour des rencontres de ce type, rappelle-t-il. A l'époque, avec mon coach, on s'était dit que je devais davantage aller jouer des Challengers plutôt que de me cantonner aux tournois Futures. Quitte à moins gagner de matches, il fallait que je me frotte à un autre niveau. Sans doute que ma qualification ici ne vient donc pas de nulle part."
Le déclic de Gstaad 2021
Preuve en est que face à Lukas Rosol, ancien 26e mondial et bourreau de Rafael Nadal à Wimbledon voici 10 ans, Johan Nikles a pris les choses en main et est directement entré dans le lard de son adversaire. Rosol a plié, et rompu, en 1h18. "L'an passé, il m'avait mis 6-2 6-1 en Challenger à Amersfoort, alors je savais que je n'étais pas favori cette fois-ci et que je devais changer des choses, sourit l'enfant de Lancy. Je n’avais donc pas de pression. Il fallait juste aller au combat, ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’aux Pays-Bas, ne pas être passif." Johan Nikles a su à merveille appliquer son plan de jeu, mais aussi son "plan de comportement", en se montrant d'un calme olympien.
Même dans les moments compliqués, j'ai su demeurer imperméable à ce qui se passait autour de moi et à l’enjeu.
"C'est peut-être ce que j'ai le plus apprécié de moi ces deux derniers jours, relève-t-il. J'entendais les encouragements du public, j'entendais les gens qui me poussaient, mais dans le même temps j'étais dans ma bulle. Même dans les moments compliqués, j'ai su demeurer imperméable à ce qui se passait autour de moi et à l’enjeu, puis j'ai su continuer à construire mes points."
Il s'agira maintenant de faire pareil contre Leandro Riedi, un adversaire à sa portée. Histoire que le songe de quelques nuits de printemps se poursuive, comme un merveilleux tremplin pour la suite.
Genève, Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti
Riedi face au défi de la transition
Adversaire de Johan Nikles mardi au 1er tour, Leandro Riedi se trouve face à un double défi: celui de battre le Genevois bien sûr, mais avant cela celui de la transition sur la terre battue genevoise. Le Zurichois vient en effet de passer 2 semaines sur dur en Grand-Bretagne. Titré le 8 mai dans un Future à Nottingham, le finaliste de Roland-Garros juniors 2020 s'est incliné en demi-finale samedi au même endroit. Passer à la brique pilée ne sera pas chose aisée. Dans ce duel 100% suisse, Nikles a un vrai coup à jouer.
Thiem hérite de Cecchinato
Impossible de ne pas se souvenir de Marco Cecchinato. Il y a 4 ans, l'Italien réalisait un Roland-Garros d'exception, marqué par une victoire historique en quarts de finale contre Novak Djokovic, puis par une demie contre Dominic Thiem. Près de 48 mois plus tard, les 2 hommes se retrouveront lundi au 1er tour du Geneva Open. De l'eau a coulé sous les ponts depuis leur dernier affrontement. L'Autrichien est devenu vainqueur de Grand Chelem puis s'est blessé. L'Italien a en revanche erré sans plus jamais marquer un tournoi de son empreinte. "Nous ne sommes plus les mêmes qu'en 2018, nous avons traversé bien des épreuves", a relevé Thiem.