"J'ai toujours envie de jouer, je suis heureux d'être là", confie Richard Gasquet

Dans ce grand théâtre des émotions qu'est le Parc des Eaux-Vives, lieu de spectacles et surtout cette semaine de tennis, ne se joue pas une renaissance, mais le prolongement magique d’une carrière. Celle de Richard Gasquet, l'ancien "Petit Mozart" dont la symphonie est demeurée inachevée en Grand Chelem en dépit des promesses dessinées par certains médias au cœur des années nonante déjà. Si le tampon "vainqueur de tournoi majeur" n’a jamais été déposé sur la carte de visite de l'intéressé, il n'en demeure pas moins que celui-ci appartient à la caste des joueurs pour lesquels il vaut le coup de casser sa tirelire. La beauté et la pureté de son revers à une main suffisent à émerveiller l'assistance et à ébranler les géants. Culbuté mardi soir en 2 manches, Daniil Medvedev peut en témoigner.

A 3 semaines de ses 36 ans et alors qu'en début de saison il avait clairement évoqué l'idée d'une fin de carrière toute proche, "Richie" (15 titres ATP, 3 demi-finales de Grand Chelem) a encore en lui les ressources pour surprendre. Et s’étonner lui-même. "C’est vrai que ça a été une grosse victoire pour moi, a-t-il lâché lorsqu'on lui a appris qu'il n'avait jusqu'alors jamais battu un joueur classé au 2e rang mondial. Même si je suis conscient que Daniil faisait son retour, j'ai sorti une très belle prestation. Je savais, aussi, que je me trouve actuellement dans une bonne phase car cela fait plusieurs semaines déjà que j'évolue sur terre battue."

Gare au jeu de Majchrzak

Oubliées les blessures et oublié un passé qui le voyait tutoyer les hautes sphères – "Après ma dernière grosse opération en 2019, je ne suis plus jamais redevenu le même joueur, mon corps a pris trop cher", reconnaît-il -, Gasquet vit sa petite cure de jouvence à Genève. Avant de prendre le TGV pour Roland-Garros – dans lequel il espère embarquer le plus tard possible – il lui faudra survivre jeudi au jeu de Majchrzak (Kamil, de son prénom) en quarts de finale. Tout sauf impossible, surtout que le contexte lui donne des ailes. "C’est vrai que même si j’ai connu des moments difficiles ces derniers mois, vivre des instants comme ici, dans ce décor, avec ce public et cette ambiance, ça fait vraiment du bien. Ca donne envie…"

A force de voir le bout de sa carrière approcher, Gasquet est-il un peu plus relâché comme le fut un certain Julien Benneteau qui, une fois faite son annonce de retraite, avait presque distillé son meilleur tennis? "Non, je ne joue pas mieux qu'il y a quelques mois, répond le Biterrois. La preuve, je cours de plus en plus difficilement, je ne mets plus la même intensité dans les frappes, je n’ai plus la même force dans les jambes, mais au moins je continue de me battre. Parce que j’ai toujours envie de jouer et que je suis heureux d’être là. Tant que je ressens tout cela en moi et que je prends du plaisir, je continuerai."

Genève, Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti