Carnet 1 - Des Suissesses sans pitié, une favorite qui échoue déjà, un cadeau pour "Djoko" et la promesse d'Ivanisevic

UNE BRILLANTE JIL! 6-2 6-1; c'est un beau tarif que Jil Teichmann a infligé à Bernarda Pera. Facile, et sans avoir dû en faire trop, la Suissesse a signé un 1er tour réellement brillant, qui lui a permis de décrocher le 1er succès de sa carrière à la Porte d’Auteuil. Régulière dans l'échange et patiente quand il le fallait, la Biennoise était tellement heureuse qu'elle a ensuite gentiment pris le temps d'enchaîner les autographes et les selfies avec les quelques fans massés autour du court. Sa joie et son aisance font plaisir à voir. Même si on ne veut pas s'enflammer, il semble que Teichmann a plus que jamais l'opportunité de franchir enfin cette semaine un 2e tour dans un tournoi majeur. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

BELINDA, EXPÉDITIVE! On ignore si elle avait réservé une table dans un prestigieux établissement parisien pour sa soirée de dimanche, mais toujours est-il que Belinda Bencic a appuyé sur l'accélérateur pour boucler son 1er tour peu après 20h00. Alors que la programmation avait pris du retard, la Saint-Galloise, en bonne Suissesse, a remis les pendules à l'heure en balayant Reka Jani (6-1 6-1). Visiblement pas payée à l'heure, "Beli" n'avait aucune raison de s'éterniser.

JABEUR ATTENDRA ENCORE… Elle le confiait hier à L'Equipe: elle rêve de remporter Roland-Garros depuis ses 9 ans. Mais Ons Jabeur, qui n'a jamais rallié un quart de finale à Paris, attendra encore pour aller jusqu'au bout. Titrée à Madrid et finaliste à Rome, la Tunisienne a en effet été "culbutée" d'emblée par une très solide Magda Linette (3-6 7-6 7-5). En cause surtout, son immense déchet dans tous les domaines durant le 3e set. Il s'agit forcément d'une immense désillusion pour la 6e mondiale, qui faisait figure de 3e favorite derrière Iga Swiatek et Paula Badosa et pensait que ce serait son année.

MUGURUZA CRAQUE AUSSI… Révélée à Roland-Garros en 2014, puis titrée en 2016, Garbine Muguruza a beau adorer ce tournoi, celui-ci ne le lui rend pas si bien depuis 4 éditions. Battue en 8es de finale en 2019, au 3e tour en 2020, puis d'emblée l'an dernier, l'Espagnole a encore trébuché dès son entrée en lice cette année. Alors qu'elle était partie pied au plancher contre Kaia Kanepi, la résidente de Genève a calé comme moi à ma première sortie du Bureau des Autos (6-2 3-6 4-6). Avec sa défaite, c'est une autre tête de série (la 10) qui déjà s'en va. Le tableau se dégage dès le 1er jour.

"ONE THIEM, NO SPIRIT"… Cela fait clairement de la peine à voir: Dominic Thiem n'y est plus, y compris (et surtout?) mentalement. "Je ne suis pas au niveau, je dois l'accepter", a-t-il d’ailleurs avoué. Eh oui, magnifique joueur des dernières années, l'Autrichien est devenu l’ombre du combattant qu'il était alors, capable de disputer 2 finales à Roland-Garros et même de s’adjuger l'US Open (2020). Hier, on l'a vu se faire éparpiller façon puzzle par un Hugo Dellien qui certes aime la terre battue mais n'est pas Rafael Nadal non plus. Le 6-3 6-2 6-4 collé par le Bolivien prouve que "Domi" a encore beaucoup de chemin à faire pour retrouver le très haut niveau. Mais y arrivera-t-il un jour? Lorsque l'on voit l'état de son coup droit actuel (et son désarroi psychologique), on peut sérieusement en douter. Sale période!

ALCARAZ ASSUME... Carlos Alcaraz sera-t-il un jour rattrapé par la pression? C'est possible, mais cela n'a franchement pas été le cas hier en soirée. Peut-être un peu tendu (et encore, il a fallu gratter pour dénicher un soupçon de nervosité...) lors de son entame de match contre Juan Ignacio Londero, le phénomène a ensuite assuré et assumé en patron. Victoire facile 6-4 6-2 6-0 pour son 11e succès de rang sur le circuit ATP. On n'envie pas vraiment son prochain adversaire, Albert Ramos-Vinolas. Comment dit-on "aller à l'abattoir" en espagnol? Vamos A l'Alcaraz?

AUGER-ALIASSIME A EU TRÈS CHAUD… Durant près de 2 heures, Félix Auger-Aliassime n'a eu cesse de se rapprocher du précipice. Plus que malmené par le peu connu Péruvien Javier Varillas, qui alignait les immenses frappes de coup droit et trouvait toutes les lignes, le Canadien a toutefois fini par s'en sortir, sans doute davantage en raison de la perte de rythme de son adversaire que grâce à ses propres ressources. Culotté et franchement impressionnant durant les 2 premières manches, Varillas a peut-être aperçu trop vite le plus beau succès de sa carrière. Et l'expérience de "FAA" a fait toute la différence (2-6 2-6 6-1 6-3 6-3).

CARABELLI REJOINT L'HISTOIRE... Quasi inconnu, Camilo Ugo Carabelli entre malgré tout dans l'histoire. Il est en effet devenu le premier joueur à remporter un super tie-break à Roland-Garros. Au résultat, l'Argentin a ajouté la manière, puisque c'est en battant Aslan Karatsev qu'il a écrit un chapitre du livre d'or parisien. Score final: 6-3 4-6 6-4 3-6 7-6 (10-5).

UN CADEAU POUR DJOKO... Alors qu'il soufflait dimanche ses 35 bougies, Novak Djokovic a reçu comme cadeau une trottinette électrique. Est-ce pour le voir décamper le plus vite possible que les organisateurs et la FFT lui ont offert ce présent? Ou uniquement car ils espèrent le voir filer le plus vite possible en quarts de finale? Peu importe. Une certitude existe toutefois: pour se faufiler dans la circulation sauce Anne Hidalgo, le no 1 mondial aura bien besoin de son casque.

LA PROMESSE... D'ailleurs, Novak Djokovic (tout comme Rafael Nadal) va devoir assurer, car dans une interview accordée à L'Equipe, son coach Goran Ivanisevic a déjà tenu à avertir tout le monde: "Le quart de finale Djokovic-Nadal de ce Roland-Garros 2022 sera le plus grand de l'histoire", a martelé le Croate.

LA FRANCE TIENT UN 2E TOUR… UN SEUL! Et elle doit cela à Grégoire Barrère, qui s'est défait au bout de 5 sets du Japonais Taro Daniel. Malgré la roue de vélo prise dans la 3e manche, le joueur du Val-de-Marne a profité du coup de pompe de son adversaire pour retourner la rencontre, rejoindre le 2e tour (3-6 6-2 0-6 6-3 6-4) et surtout sauver l'honneur français. Pour prolonger l'aventure, en 32es de finale où l'attend John Isner, il faudra qu'il continue de respecter les bons gestes, Barrère.

GRIEKSPOOR SUR SA LANCÉE GENEVOISE... Présent en quarts de finale du Geneva Open, où il a longtemps enquiquiné Reilly Opelka après avoir battu Tommy Paul et Johan Nikles, Tallon Griekspoor n'a rien perdu de sa verve dans le TGV. La preuve: à peine arrivé à Paris, le Néerlandais s'est offert rien de moins que le finaliste de Monte-Carlo 2022, à savoir l'Espagnol Alejandro Davidovich Fokina (2-6 6-0 6-4 6-3), tête de série no 25. Un joli succès de prestige pour la "grande tige" de Haarlem, présent pour la 1re fois de sa carrière pro dans le tableau final de Roland-Garros.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti