Carnet 5 - Une raquette dans les tribunes, un conte de fées parisien, des anciens qui se rebiffent et Halep rien de nouveau

LA "CILIC DANCE"… On ignore si celle-ci deviendra un symbole, à l’image de la fameuse "Danse des pouces" de Jo-Wilfried Tsonga, mais la danse offerte par Marin Cilic hier après son succès en 4 sets contre Marton Fucsovics (4-6 6-4 6-2 6-3) ne serait sûrement pas pour déplaire à Kamel Ouali (oui, chacun ses références). Désormais âgé de 33 ans bien sonnés, le lauréat de l’US Open 2014 restait sur 3 déceptions à Paris. Il vise désormais clairement la 2e semaine, mais il va tomber sur un os: Gilles Simon.

EN VOITURE, SIMON! Parlons-en, d'ailleurs, de l'os Gilles Simon! Le Français tire ses dernières cartouches et, heureusement, s’éclate. Après avoir surpris Pablo Carreno Busta mardi, "Gillou" a maté Steve Johnson, ceci alors que l'hommage pour ses adieux était prêt en coulisses... Même un départ poussif (break d’entrée) n'a pas entamé son moral ni ses ressources. Ses 37 ans ne se voient pas, du moins pour l'instant. "Aucun mec ne va te faire un cadeau parce que tu es un vieux au bout de ta carrière", rappelait-il toutefois l'autre jour dans L'Equipe.

LA DÉCEPTION LAAKSONEN… Plus que la défaite de Henri Laaksonen, qui était pour tout dire attendue, c'est l'attitude du Schaffhousois, dominé par Holger Rune, qui a déplu hier. Douze mois après son 16e de finale à Roland-Garros, le 96e mondial n'a pas affiché le visage d'un joueur qui voulait défendre ses points et aller plus loin dans cette édition. Laaksonen n'est jamais allé vers l'avant, n'a rien tenté, rien montré, rien construit. Tristounet.

MEDVEDEV EN 3 MANCHES… Tout ce qui brille n'est pas forcément rassurant. Alors voir Daniil Medvedev passer l’obstacle Laslo Djere sans flamber, mais en 3 petites manches tout de même, doit faire du bien au Russe, futur no 1 mondial (après Wimbledon) et qui n'a toujours pas lâché de set dans ce tournoi malgré son aversion confirmée pour la terre battue. Cela risque pourtant d'être une autre paire… de manches au prochain tour contre un autre Serbe, Miomir Kecmanovic.

RUUD S'EST DÉTENDU… Tendu comme une arbalète lors de son 1er tour contre Jo-Wilfried Tsonga, sans aucun doute en raison de la fin de carrière du Français, Casper Ruud a semble-t-il enchaîné les massages ayurvédiques depuis lors. Hier, il est en effet apparu serein et pas emprunté pour un sou dans tout ce qu'il a entrepris pour se défaire de son voisin finlandais Emil Ruusuvuori (6-3 6-4 6-2). Au prochain tour, le double vainqueur du Geneva Open affrontera Lorenzo Sonego, tombeur du… finaliste genevois, Joao Sousa.

TIENS, REVOILA GOFFIN…! Après pas loin de 2 ans d’attente, de vaches maigres et de moments de ras-le-bol, David Goffin retrouve enfin un 3e tour de Grand Chelem. Et le Belge a ajouté un peu de sel à son aventure, puisqu'il s’est fort brillamment défait de Frances Tiafoe (3-6 7-6 6-2 6-4); le genre de succès qui font doublement du bien. Pour passer en 2e semaine, le joueur de 32 ans devra encore faire déjouer Hubert Hurkacz. Pas un cadeau, mais tout semble redevenir possible pour "La Goff" sur une terre qu'il aime bien.

TSITSIPAS, VAINQUEUR D'UN COMBAT HOMÉRIQUE... "Il m'a rendu fou!", a souri Stefanos Tsitsipas quelques secondes après sa victoire sur Zdenek Kolar, dans ce qui est à notre sens "LE" match de ce tournoi jusqu'ici. Le Tchèque, magnifique d'abnégation, a signé une toute grande partie contre le Grec, finaliste l'an dernier. Mené 2 manches à rien, il a eu dans sa raquette 4 balles pour recoller à 2 manches partout au cours du tie-break, lorsqu'il mena 6-2. Mais c'est alors que Tsitsipas a (ré)haussé son niveau, pour montrer qui est le patron. Auteur de 25 aces, l'Apollon s'en est une fois de plus sorti à l'arraché, dans une ambiance rendue d'autant plus exceptionnelle grâce au contexte de la "session de nuit". Mais on tient à relever ici l'attitude et la performance de Kolar; formidable. "On n'est pas sûr que Tsitsipas aurait remporté le match en cas de 5e set, mais au moins il est toujours en vie dans ce tournoi", a relevé Pascal Droz. On ne dira pas autre chose; peu importent les circonstances, la tête de série no 4 reste dangereuse. Encore plus avec un 3e tour contre Mikael Ymer.

GASTON AU-DESSUS… Pas de problème pour Hugo Gaston! Après son excellent 1er tour contre Alex De Minaur, l'homme qui devient une autre créature une fois la terre battue de Roland-Garros foulée a enchaîné sans trembler devant Pedro Cachin (6-4 6-2 6-4). Samedi, il en découdra avec Holger Rune. Et une bonne partie de la France rappelle déjà Yannick Noah 1983. Tiens, c'est peut-être ça le début des problèmes.

JEANJEAN, LA BELLE HISTOIRE… C'est déjà le beau roman, la belle histoire de ce Roland-Garros. Leolia Jeanjean, presque 27 ans, inconnue avant le début de cette édition 2022, a retourné Karolina Pliskova en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire (6-2 6-2). Un miracle pour elle qui vivait encore du RSA (revenu de solidarité destiné à compléter les ressources d'une personne démunie) il y a peu de temps, alors qu'elle apparaissait pour une surdouée du tennis à l'âge de 12 ans, avant que des blessures et un exil américain ne freinent totalement sa progression. Plus qu'une romance d'aujourd'hui, c’est un conte de fées que vit la Française, 1002e WTA en septembre 2020, avec ce tournoi. "Même moi, je n'en reviens pas", répète-t-elle. On veut bien la croire. Et dire qu'avec Irina-Camelia Begu sur son chemin, l'aventure n'est peut-être pas encore terminée…

BEGU SAUVÉE ON NE SAIT COMMENT… Parlant de Begu, elle a frisé la correctionnelle. Lors de son 2e tour, la Roumaine a en effet jeté sa raquette, qui a rebondi pour atterrir sur un jeune spectateur. Incroyable mais vrai, elle n'a pas été disqualifiée. On ignore toujours pourquoi, mais il semble que le superviseur a estimé que l'enfant n'a pas été touché par l'objet…

BADOSA SANS CONVAINCRE… Autant Paula Badosa était entrée de plain-pied dans son tournoi mardi, autant hier l'Espagnole n'a pas convaincu. Auteur de pas mal de mauvais choix et irrégulière dans l'échange, elle s'est fait des frayeurs inutiles contre Kaja Juvan. Ce n'est qu'au 3e set que la tête de série no 3 a fini par passer l’épaule (7-5 3-6 6-2). Réaction est attendue samedi contre Veronika Kudermetova.

SWIATEK RIGOLE… Mais où donc s'arrêtera Iga Swiatek? Sagement assise sur son inaccessible nuage, la Polonaise n'a pas forcé pour pousser Alison Riske dans les cordes et signer ainsi son 30e succès de rang. Mieux, elle s'est montrée originale, puisqu'au 6-0 6-2 de son 1er tour, elle a ajouté un 6-2 6-0 cette fois-ci. Peut-être prévoit-elle un 6-1 6-1 pour son 3e tour? Au fait, comment dit-on "intouchable" en polonais? "Nietykalny", apparemment. Merci.

HALEP, RIEN DE NOUVEAU… Malgré le changement de coach, pour Simona Halep, rien de nouveau. L'ex-patronne du circuit, titrée à Paris en 2018, n'y arrive plus. Preuve encore hier, puisqu'après avoir mené 6-2 2-1 service à suivre contre Zheng Qinwen, la Roumaine n’a subitement plus su résoudre le casse-tête proposé par la Chinoise. Dommage.

LES SUISSESSES SUR LE PONT… Vendredi, on retrouvera les 2 Suissesses sur les courts parisiens. Belinda Bencic et Jil Teichmann joueront pour une place en 8es de finale. La Saint-Galloise devra se montrer aussi régulière et constante face à Leylah Fernandez qu'elle l'a été mercredi devant Bianca Andreescu. La championne olympique devra prendre une revanche sur son échec d'il y a 2 ans en FedCup, qui avait alors permis à la Canadienne de se révéler. Tâche a priori plus compliquée pour la Biennoise, opposée à Victoria Azarenka, ancienne no 1 mondiale toujours capable de tout.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti