Carnet 7 - L'aisance de Medvedev, le réveil de Giorgi, le calvaire de Cornet et le jour "déboires" est à nouveau arrivé...

MEDVEDEV REND LES CHOSES SIMPLES… Impressionnant Daniil Medvedev! Lui qui n'est pas un amoureux de l'ocre, qui revient d'une hernie et a qui plus est perdu son unique match sur terre battue disputé avant Roland-Garros (à Genève contre Gasquet), a traversé la première semaine en patron, écoeurant tous ses adversaires. Il n'a ainsi perdu que 6 jeux contre Bagnis, 10 face à Djere et seulement 8 hier devant Miomir Kecmanovic, qui semblait pourtant pouvoir le gêner aux entournures. Mais non, Medvedev a été présent sur toutes les balles et a essoré le Serbe. Son tennis est parfaitement réglé. Dans l'ombre, malgré sa fantastique carte de visite, le Russe avance vite. Son duel à venir avec Marin Cilic fait saliver.

CILIC, LE MARIN QUI ENCHANTE… Car oui, Marin Cilic a trouvé un bon rythme en 1re semaine, frappant aussi bien que dans ses meilleurs moments, notamment son très bon Roland-Garros 2017, lorsque seul un excellent Stan Wawrinka avait pu le calmer. Sec avec Balasz (3 jeux perdus), puis solide contre Fucsovics, le Croate a immédiatement pris Gilles Simon à la gorge hier, histoire de lui pourrir son dernier match Porte d'Auteuil (6-0 6-3 6-2). Cela n'a pas fait un pli. Mais on retiendra surtout la grandeur de Cilic, qui a rendu hommage à son adversaire et a assisté à l'entier de la cérémonie l'honorant. Classe! Nul doute qu'il tentera de se montrer moins magnanime avec Medvedev sur le court.

CHAPEAU, "GILLOU"! Un petit clin d'oeil à Gilles Simon, l'un des joueurs les plus sympas, posés et intelligents que nous avons eus la chance de rencontrer. A 37 ans, le Niçois, qui prendra sa retraite à la fin de la saison, a certes achevé son dernier Roland-Garros sur une lourde défaite, mais avec le sourire et même beaucoup d'humour lors de son "speech" sur le court, durant lequel il a aussi tenu à rendre hommage à Marin Cilic. "Je suis heureux d'avoir pu disputer encore une fois Roland-Garros et d'avoir pu jouer devant ma femme et mes enfants, qui ne viennent jamais. Mes enfants doutent d'ailleurs que je puisse avoir bien joué au tennis. Ca fait un moment qu'ils me disent: ‘Quand même, ils finissent vite, tes tournois!'" Pour les novices: Simon, c'est tout de même 14 titres ATP, 8 finales, des 8es de finale dans chaque Grand Chelem (dont un quart à Melbourne et un à Wimbledon).

SINNER SANS PROBLÈME MALGRÉ TOUT… "Je ne suis pas à 100%", a averti Jannik Sinner après avoir pourtant renvoyé en 3 sets son McDonald (Mackenzie, de son prénom). Cela passerait presque pour une bonne nouvelle pour l'Italien, puisque malgré des sensations qui ne sont pas parfaites, il n'a égaré qu'une seule manche sur le chemin qui mène aux 8es de finale. Ce sera d'ailleurs son troisième 8e de finale en 3 éditions de "RG", alors qu'il a juste 20 ans. Vainqueur de Fratangelo, Carballes Baena et, donc, de McDonald, le gamin de Bolzano sera opposé lundi à Andrey Rublev dans le "derby des roux".

CE SI DISCRET RUBLEV… Tiens, parlons de lui! Andrey Rublev passe les tours sans faire de bruit. De là à dire qu'il faut s'en méfier, il y a un pas que l'on ne franchira pas, du moins pas dans l'immédiat, mais le Russe a le mérite de répondre présent, même s'il a, à chaque fois, dû lutter quelque peu pour s'en sortir. Ses 3 tours, contre Kwon, Delbonis et enfin Garin, il les a passés en 4 sets. Face au Chilien, la tête de série no 7 a carrément dû écarter plusieurs balles de 2 manches partout. Lauréat du tournoi de Belgrade, Rublev s'offre un joli défi face à Sinner. Pour retrouver un autre Russe en quarts, Daniil Medvedev?

TSITSIPAS FACILE… Après 2 premiers tours très ardus, Stefanos Tsitsipas a enfin réglé la mire et l'Ymer (Mikael de son prénom). Le Suédois n'a même pas donné la moindre sueur froide au Grec, largement au-dessus du lot (6-2 6-2 6-1). Au final, une cuisante défaite pour l'un et un savoureux 3e tour pour l'autre, finaliste l'an dernier et qui aspire à faire au moins aussi bien cette année. Au prochain tour, ce sera Holger Rune qui se dressera sur sa route. Et non pas Hugo Gaston.

GASTON RENTRE DANS LE RANG... 6-3 6-3 6-3. Peu avant 23h00, Hugo Gaston a pris un dernier coup sur la tête. Rune a eu raison de lui et des ultimes espoirs français. Non, il n'y aura pas de joueur ou joueuse local(e) en 2e semaine. Presqu'un classique désormais.

LE COUP FIN DU BEL HUBERT! A la veille de cette édition 2022, Hubert Hurkacz n'avait remporté qu'un seul match Porte d’Auteuil en 4 participations. Triste bilan pour un joueur encore récemment membre du top-10. Les choses changent complètement cette année, le Polonais s'étant hissé en 8es de finale avec une aisance déconcertante. Après des victoires sur Zeppieri et Cecchinato, il a gobé Goffin, une fois de plus en 3 manches (7-5 6-2 6-1) et en inscrivant notamment ce magnifique point (voir ci-dessous). Tout a semblé trop facile pour lui, même si le Belge ne semblait pas totalement "fit". Hurkacz aura Casper Ruud en face de lui en 8es de finale. Le Norvégien a eu besoin de combattre durant 5 sets pour faire courber l'échine à la "sangsue" Lorenzo Sonego.

SWIATEK A DÛ EN METTRE UN PEU PLUS… En promenade durant ses 2 premiers tours, Iga Swiatek a dû forcer un poil plus pour passer en 8es de finale. Certes, la Polonaise n'a pas non plus été contrainte de se mettre minable, mais son 3e tour n'a pas été de tout repos. Danka Kovinic, son adversaire, n'était en effet pas entrée sur le court battue d'avance. La Monténégrine a tenté de mener la vie dure à la no 1 mondiale, finalement vainqueur 6-3 7-5 pour signer son 31e succès de suite. Un 32e lui tend presque les bras, contre Zheng, tombeuse de Cornet. Et nul doute que Swiatek a apprécié de pouvoir se tester plus longtemps qu'en début de quinzaine.

EXPLOSION FRANÇAISE… Des Françaises en 2e semaine? Non, Mesdames! Alizé Cornet et Leolia Jeanjean ont complètement explosé hier. Baladée par la Chinoise Zheng, la première citée n'est même pas allée au bout de son pensum, préférant abandonner à 6-0 3-0. A priori, la Niçoise souffrait de l'adducteur gauche avant même le début de sa rencontre. Elle a néanmoins été huée par une bonne partie du stade. "Ce sont des crétins, s'est-elle insurgée en conférence de presse. Ca me fait halluciner qu'on ose me huer lorsque j'abandonne." Quant à Jeanjean, qui s'est fait un nom (ou un prénom) durant cette édition, elle a cédé devant Irina-Camelia Begu (6-1 6-4).

GIORGI A FINI AU SPRINT! On n'avait pas encore parlé d’elle dans cette quinzaine, mais Camila Giorgi s'est rappelée à notre bon souvenir en terminant son 16e de finale au sprint et en collant une roue de vélo à Aryna Sabalenka (4-6 6-1 6-0). Très fort, soyons francs! La petite Italienne, pas toujours très stable, réalise ainsi le meilleur Roland-Garros de sa carrière et on en connaît à qui cela fait très plaisir. Son prochain rendez-vous, contre une Daria Kasatkina qui évolue comme un rouleau compresseur, servira de véritable révélateur.

BADOSA, PATATRAS! Après son 1er tour réussi, on avait senti une Paula Badosa pas au mieux lors de son 32e de finale. Bien vu, hélas, puisqu'hier, le tournoi de l'Espagnole a subitement pris fin sur un abandon. C'est Veronika Kudermetova, qui n'en demandait pas tant, qui a donc pu jubiler. Quant à Badosa, elle a quitté Roland la mine déconfite.

LA SAGESSE DE TEICHMANN… Jil Teichmann a pris une très sage décision hier matin en choisissant de se retirer du 2e tour du double qu'elle aurait dû disputer en compagnie de Viktorija Golubic. Tel est le meilleur moyen de préparer le premier 8e de finale de sa carrière en Grand Chelem, prévu aux alentours de 17h00 dimanche contre Sloane Stephens. La Seelandaise sera ainsi normalement un poil plus fraîche pour en découdre avec l'Américaine. Mais rappelons qu'elle avait déjà passé trop de temps sur le court en duo lors de son 1er tour contre la paire Olaru/Kichenok.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti