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Carnet 10 - Nadal, le pied beau, le rugissement de Djoko, le caractère de Zverev et la formidable Martina

Rafa "Hulk" Nadal a bandé ses muscles pour renvoyer Novak Djokovic dans les cordes. [EPA - Martin Divisek]
Rafa "Hulk" Nadal a bandé ses muscles pour renvoyer Novak Djokovic dans les cordes. - [EPA - Martin Divisek]
Rafael Nadal est toujours vivant dans ce tournoi! Après un combat de plus de 4 heures, terminé à 01h15 du matin, il a maté Novak Djokovic et se rapproche d'un 22e titre du Grand Chelem, d'un 14e Roland-Garros. L'Espagnol est en effet dans le dernier carré pour une rencontre face à Alexander Zverev qui, mine de rien, ressemble à une finale avant la lettre. Chez les dames, la très belle histoire de Martina Trevisan mérite d'être contée. Tout comme il s'agit de souligner le talent immense de la placide Coco Gauff.

NADAL TIENT BON... Il n'a pas la rate qui s'dilate ni le foie qu'est pas droit, mais il rappelle souvent avoir des bobos partout. Sauf qu'hier, les bobos étaient en tribunes et lui évoluait comme un gamin de 20 ans. Oui, en combattant ultime, Rafael Nadal a une fois de plus sorti des coups de "ouf" et le guerrier qui est en lui pour enlever en 4 sets l'affiche (pas toujours extraordinaire) du soir, l'affiche de la semaine, l'affiche de la quinzaine, contre Novak Djokovic. Le titre lui tend les bras. Entré à 200 km/h dans ce combat pendant que le Serbe avait laissé le frein à main, l'homme aux 21 titres majeurs a construit son succès dans la 1re manche. Car tout ce qu'il a entrepris avant la rébellion de "Nole" - qui a galvaudé 2 balles de 2 manches partout - a porté ses fruits ensuite, notamment car sa remontée, le Serbe l'a payée physiquement.

CURIEUSE ENTAME... Au bout d'un set et demi, on a bien pu croire que cette affiche dont nous avions attendu monts et merveilles allait faire "pschitt". Parce qu'en face d'un Rafael Nadal surexcité, qui marchait à merveille sur ses deux pieds, se trouvait un Novak Djokovic inexistant, bouffé dans les échanges, loin, si loin du niveau qu'il avait affiché jusqu'ici dans la quinzaine, et notamment dimanche en 8es de finale contre Diego Schwartzman. Le Serbe avait-il mal vécu l'étiquette de favori qui lui avait échu une fois la programmation connue? Il faut dire qu'après avoir joué à Jacquouille - jour, nuit, jour, nuit, jour, nuit... -, les organisateurs de Roland-Garros avaient semblé offrir un cadeau empoisonné à Nadal en le programmant en session nocturne qu'il n'aime pas. Sauf que sur le court, le Hulk de Majorque s'est tout de suite retroussé les manches. Mais au moment où l'Espagnol menait 6-2 3-0, Novak Djokovic a poussé un cri. De ce rugissement s'extirpait l'immense champion, qui n'allait pas se laisser marcher dessus encore longtemps. Évitant ainsi une "demontada".

LE COUP DE POMPE... Devenu formidable, surtout dans ce 2e set de tous les bouleversements, le combat se calma à l'entame de la 3e manche, lorsque Djokovic connut un énorme coup de mou. Un coup de mou étonnant, tant on n'a pas l'habitude de voir le Serbe si peu à l'aise dans ses baskets sur ce plan-là. Accumulant les fautes directes, il fit cadeau de cette manche à son plus grand rival. Huit heures plus tard, il peut toujours regretter son entame de match et ce 3e set, qui lui coûtent très certainement une place dans le dernier carré. Et un 21e titre du Grand Chelem en juin 2022? Déjà loin de ces considérations, le no 1 mondial a préféré vite rendre hommage à celui qui l'a fait tomber: "Il mérite cette victoire, sans aucun doute. Dans un tel match, vous avez des hauts et des bas, dans votre jeu, mais aussi mentalement. J'ai tout donné, j'aurais pu faire mieux, mais je suis fier de m'être battu jusqu'au bout."

"MÔSSIEUR" ZVEREV! En dominant Carlos Alcaraz, Alexander Zverev a donc maté la jeunesse. Malgré ses seulement 25 ans, l'Allemand faisait en effet figure de vieux briscard contre la fougue, l'insouciance et le talent du Murcian. D'aucuns lui promettaient un enfer, mais le grand blond ne s'est pas retrouvé chèvre. Au contraire, entreprenant, solide en coup droit, il a très vite tempéré les ardeurs du "gamin" d'en face, ceci en enlevant les 2 premières manches. Bien que quelque peu refroidi, l'Ibère parvint à revenir dans le match, pour carrément obtenir une balle de 2 manches partout, mais dans un dernier tie-break exceptionnel (quel niveau, mes aïeux!), "Sascha" est allé chercher sa place dans le dernier carré (6-4 6-4 4-6 7-6), comme en 2021. Mérité!

UN MATCH QUI PEUT TOUT CHANGER? Au fil de la carrière déjà bien entamée d'Alexander Zverev, combien de fois a-t-on pu lire, entendre, voire écrire, que tel ou tel match pouvait devenir un match-référence, une sorte de bascule positive? Des dizaines, c'est certain! Mais il n'empêche: sa victoire courageuse d'hier contre Alcaraz peut encore être considérée ainsi. Parce que rarement avions-nous pu voir l'Allemand aussi concentré et aussi calme dans un match avec un tel enjeu. Aussi parce que pour la première fois de sa carrière il a pu disposer d'un membre du top-10 dans un tournoi du Grand Chelem. Alors certes, s'il se fait "retourner" en 3 sets en demi-finales, on pourra peut-être en rire (mais bon, on aura l'excuse de l'adversaire). Reste que le Hambourgeois aura sans doute beaucoup à retirer de ce succès-là.

TREVISAN, LA SI BELLE HISTOIRE… Les tournois du Grand Chelem, quels qu'ils soient, regorgent toujours de belles histoires, mais celle de Martina Trevisan est clairement la plus émouvante de toute la quinzaine. Qualifiée pour les demi-finales après son succès contre Leylah Fernandez, l'Italienne était sortie de l'ombre lors de Roland-Garros 2020, à presque 27 ans déjà. Vingt mois plus tard, elle revient donc sur le devant de la scène grâce à son 1er titre WTA, conquis à Rabat, et à cette place dans le dernier carré parisien. Si elle a "tardé" à exploser malgré une carrière prometteuse chez les juniors (demi-finaliste de Roland et Wimbledon en 2009), c'est en bonne partie car elle a souffert d’anorexie après la séparation de ses parents. Au point de ne plus vouloir voir une balle et d'être hospitalisée. La Florentine, dont le frère Matteo fut no 1 mondial chez les jeunes, s'est ensuite consacrée à l’enseignement avant de revenir à ses premières amours. Au vu de ce qu'elle démontre à Paris, elle a bien fait de renouer avec sa raquette. Chapeau Madame!

COCO GAUFF, L'EXPÉRIMENTÉE OU PRESQUE... Cori "Coco" Gauff n'a que 18 ans et 2 mois, mais elle se comporte sur le court comme si elle avait 10 ans de plus. L'Américaine, qui a mâché sa compatriote Sloane Stephens (7-5 6-2), est épatante. Épatante de calme. Épatante de culot. Épatante d'adresse. Bref, elle fait plaisir à voir. Il faut toutefois se méfier de l'eau qui dort, car derrière son sourire et cette pseudo-insouciance, la jeune femme cache un talent monstre et un appétit de gagner. Son potentiel l'y autorise. Elle aura d'ailleurs une revanche à prendre jeudi contre Martina Trevisan. La seule fois où elle se sont rencontrées, l'Italienne avait pris le meilleur sur celle qui était encore ado. C'était à... Roland-Garros, au 2e tour de l'édition (automnale) 2020.

CLASSÉE 4E CHEZ LES JEUNES... A noter qu'avec ses 18 ans et 2 mois, Coco Gauff devient la 4e femme la plus jeune à rallier le dernier carré de Roland-Garros dans les années 2000. Devant elle: Nicole Vaidisova (battue par Serena Williams en 2007), Amanda Anisimova (battue par Ashleigh Barty en 2019) et Kim Clijsters (battue par Jennifer Capriati en 2002).

AVANTAGE RUUD! La dernière rencontre nocturne de Roland-Garros 2022 verra mercredi s'affronter Casper Ruud et Holger Rune. Si au vu de la quinzaine, le Danois a semble-t-il le vent dans le dos, l'expérience et les statistiques penchent en revanche du côté du Norvégien. En 3 affrontements, tous sur terre battue, Ruud a, à chaque fois, pris le meilleur sur son voisin: 6-2 6-1 à Monte-Carlo en 2021, 6-0 6-2 à Bastad l'été dernier, puis 7-6 7-5 il y a 6 semaines, encore sur le Rocher.

RUBLEV TIENT LA CORDE… Si l'on se penche maintenant sur l'autre quart de finale masculin prévu mercredi, c'est Andrey Rublev qui mène le bal contre Marin Cilic (4 victoires à 2). Mais le Croate a enlevé leur dernier affrontement, en janvier à l'Open d’Australie. Il a aussi remporté leur première bataille, la seule disputée sur terre battue, à Genève en 2015, alors que le Russe avait pourtant obtenu une balle de match (4-6 7-6 6-1).

ET CHEZ LES DAMES? Deux quarts de finale dames sont encore au programme du jour. Le premier sera le choc russe Kudermetova-Kasatkina. Toutes deux ne se sont affrontées qu'une seule fois et Kasatkina s'était alors imposée (1-6 6-1 6-2 à Saint-Pétersbourg l'an dernier). L'autre quart opposera Iga Swiatek à Jessica Pegula. Il y a pour l’heure 1-1 dans les duels entre la Polonaise et l'Américaine. Chose curieuse, à chaque fois qu'elles ont joué l'une contre l’autre, la gagnante a fini par gagner ensuite le tournoi. En 2019, Pegula s'était imposée en 3 sets à Washington. Au mois de mars, Swiatek avait pris sa revanche à Miami. Est-ce à dire que la confrontation de tout à l'heure vaudra double?

FELDBAUSCH AVANCE... Kilian Feldbausch assure. Après une bonne entrée dans le tournoi juniors, le Genevois a survolé son 2e tour contre l'Australien Jeremy Jin (6-1 6-1). Mercredi à 12h00, le demi-finaliste de Melbourne croisera le fer avec le Mexicain Rodrigo Pacheco Mendez, qui a pour sa part franchi ses 2 premiers tours en 3 manches serrées.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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