Carnet 7: Sinner marque les esprits, Djokovic se sort du traquenard avant le couvre-feu, Federer fait lever les foules et Ave Maria
ET A LA FIN... C'est Novak Djokovic qui gagne. Le Serbe conserve le costume de grand prétendant à sa propre succession. Opposé au tube de la saison sur gazon qu'est Tim van Rijthoven, le tenant du titre a bien sûr été bousculé avant d'accélérer aux 3e et 4e sets, histoire de démontrer au (très plaisant) Néerlandais qu'il ne possède pas un palmarès XXL pour rien, mais aussi d'éviter le couvre-feu de 23h00. A un set partout, le malheureux battu a pu mesurer ce que cela signifie que de se frotter à Djokovic. Nous revient en mémoire cette phrase d'Andy Roddick: "D'abord, Djokovic vous prend les jambes, puis il aspire votre âme".
JANNIK WINNER… Comme imaginé, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz ont livré une fort belle bataille, remportée en 4 sets par l'Italien, qui a eu le mérite de prendre cette rencontre à bras-le-corps alors que l'Espagnol s'est présenté un peu "en dedans" en début de partie. Le 3e set et son tie-break ont atteint des sommets, portés aussi par un public déchaîné. Alors que les qualités d'Alcaraz ont été louées tout au long du printemps, Sinner (pas encore 21 ans) a rappelé qu'il est lui aussi un superbe joueur. Le voici en quarts de finale de ce qui est seulement son 2e Wimbledon. Ceci alors que le gazon n’est pas forcément une surface sur laquelle il est à l'aise.
"MARATHON DAV"… David Goffin a traversé des moments bien difficiles ces 2 dernières années. A tel point qu'à l’approche de ses 32 ans, le Belge semblait s'être éloigné pour de bon de ses meilleurs moments. Sauf que, couplé à sa formidable ténacité, le miracle de Wimbledon s'est produit et le sympathique bonhomme livre à nouveau son meilleur tennis. Vainqueur en 3 manches d'Albot puis de Baez, il a ensuite estourbi Humbert en 4 sets. Avant, hier, de se lancer dans un marathon assez fabuleux de 4h36 pour venir à bout de Frances Tiafoe (7-6 5-7 5-7 6-4 7-5), s'évitant au passage un super tie-break de tous les possibles. Goffin, qui affrontera Cameron Norrie en quarts, fait plaisir à voir. Et autant être précis: il s'agit du plus long match de ce Wimbledon 2022.
TIAFOE EN... RIGOLE… "Tout ce que je peux dire, c'est que j'emmerde David. Je l'emmerde vraiment! Il vient de me battre 2 fois de suite en Grand Chelem… Plus sérieusement, c'est un super joueur!" Frances Tiafoe a préféré manier l'humour à l'heure de la conférence de presse...
AVE MARIA! Tatjana Maria n'en finit plus de nous surprendre et de renverser son monde. L'Allemande, mère de 2 enfants, repousse toutes les limites. En plus de se qualifier pour la première fois de sa carrière pour un quart de finale en Grand Chelem, la joueuse de 35 ans (WTA 103) y met les formes. Non contente d'avoir dominé Maria Sakkari vendredi, elle a sorti hier de sa poche une performance marquée du sceau du courage pour écarter Jelena Ostapenko (5-7 7-5 7-5). Menée 4-1 dans le 2e set, puis confrontée à 2 balles de match pour son adversaire, Maria n'a rien lâché, finissant par couper l'herbe sous le pied de la Lettone. Génial!
L'ALLEMAGNE EN FORCE… En plus de Tatjana Maria, une autre Allemande, Jule Niemeier, totalement inconnue en début de tournoi, figure en quarts de finale. Toutes deux vont d’ailleurs s'affronter, ce qui garantit à leur pays une place dans le dernier carré. Inutile de préciser que l'actuelle 97e WTA n'était absolument pas attendue à pareille fête. Hier, elle a même commis un véritable crime de lèse-majesté en balayant la régionale de l'étape Heather Watson. Consciente de la chose, Niemeier a tenu à s'en excuser devant le public de Wimbledon. Reste qu'au vu du point (superbe) ci-dessous, elle n'a pas volé sa place.
A RETENIR… Le match Maria-Niemeier présentera la particularité d'être seulement le 2e quart de finale de Wimbledon féminin opposant 2 joueuses non-têtes de série depuis 2001. La dernière fois, c'était en 2010 (Kvitova-Kanepi).
APPARITION DIVINE… Une sorte d'apparition divine a eu lieu dimanche à Church Road: celle de Roger Federer, venu célébrer les 100 ans du Centre Court. Le Bâlois, qui a rejoint quantité de légendes du jeu, a eu droit à une ovation, qui rappelle autant combien il est aimé que combien la fin de sa carrière est proche. C'est un mélange de respect éternel et de déchirement qui l'accompagne désormais à chaque fois. "J'espère jouer encore une fois ici", a soufflé l'ancien "Maître".
LA MANIÈRE ÉTOILÉE… Bien sûr, Tommy Paul (par Norrie) et Tiafoe ont été sortis du tournoi hier, mais avec 4 représentants en 8es de finale, le tennis américain avait égalé sa marque de 1999 à Wimbledon. Et cela faisait 11 ans que le tennis "U.S." n'avait pas vu les siens aussi nombreux à ce stade-là d'un tournoi du Grand Chelem. Reste à savoir si Brandon Nakashima (contre Kyrgios) et Taylor Fritz (face à un autre Australien, Kubler) peuvent aller mettre leur nez plus loin…
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti