Le 8 août est une date mythique pour le tennis suisse. Non seulement car en 1981 elle nous a "offert" Roger Federer. Mais surtout car en 1992 elle a vu Marc Rosset grimper sur le toit de l'Olympe. Dans la touffeur de Barcelone, alors qu'il n'avait pas encore soufflé ses 22 printemps, le Genevois était allé cueillir l'or des JO, un titre énorme, majuscule, que rien ni personne ne peut lui enlever. A jamais le premier! Sa quête est gravée dans l'histoire. Cette victoire l'a fait passer dans une autre galaxie, celle des champions olympiques. Ils ne sont pas des milliers à avoir droit à cet honneur et à l'approche de ses 52 ans, le "grand blond" ne peut se départir de ce qualificatif.
Ce sacre, mythique, le Genevois était allé le chercher avec son cœur et ses tripes. A l'époque, l'entier du tableau se disputait au meilleur des 5 sets, et en dehors d'Andre Agassi et de Petr Korda, tous les meilleurs mondiaux avaient fait le déplacement. Rosset, galvanisé par le contexte olympique et par sa première participation à un tel événement, était prêt à déplacer des montagnes.
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti
Courier, la victoire symbolique
C'est en 8es de finale devant le no 1 mondial de l'époque Jim Courier, tout juste titré à Roland-Garros, que Marc Rosset a posé les jalons de sa formidable quête. Après avoir battu Karim Alami et Wayne Ferreira, il livra une démonstration devant l'Américain. En s'appuyant sur sa foi, sur la qualité de son service et sur son excellent coup droit, le Genevois déjoua les pronostics, pulvérisant littéralement son vis-à-vis (6-4 6-2 6-1). "C'est là que j'ai compris que je pouvais aller au bout", avouera-t-il plus tard.
Arrese, piégé au bout de l'effort
Vainqueur d'Emilio Sanchez en quarts dans une ambiance électrique et des spectateurs qui l'insultaient, puis de Goran Ivanisevic en demies, Marc Rosset dessina l'ultime chapitre sous 40 degrés et pendant plus de 5 heures face à Jordi Arrese, véritable spécialiste de terre battue. Malgré un coup de chaud après le gain des 2 premières manches, il conclut au bout d'une balle de match dingue, qui le vit bomber toutes ses balles pour user son adversaire (7-6 6-4 4-6 4-6 8-6). Quelle belle entrée dans l’histoire!
Chemins ouverts
Marc Rosset a eu ses (tristes) détracteurs, des personnes aigries et totalement en dehors des réalités. Force est de reconnaître que le Genevois a été un pionnier, l'un de ceux qui ont ouvert la route au reste du tennis suisse. Avec son titre olympique, il a montré que le chemin était possible, inspiré des vocations, peut-être même créé des carrières. Ce sacre n'est pas seulement celui d'un homme ni d'un été (seule médaille helvétique des JO 1992), mais peut-être celui de tout le tennis suisse, un déclic. Chapeau!