Projetons-nous dans un futur relativement lointain. Nous sommes
en 2186, il est 17h54 ce dimanche 7 juillet à Londres. Après trois
balles de match galvaudées, Norman Schreiner remporte la finale du
tournoi de Wimbledon! Il est le premier joueur suisse à enlever un
Grand Chelem depuis un certain Roger Federer en 2012. 174 ans que
le pays attendait ça, une éternité.
Ce scénario fictif (espérons-le!) est là pour nous rappeler
certaines réalités. Quoi qu'il advienne, Roger Federer est en 2007
le plus grand sportif suisse de tous les temps. Et nous sommes les
témoins privilégiés de ces instants.
Les records oui, mais...
Roger Federer règne depuis plus de 200 semaines sur la planète
tennis. Le Bâlois aligne les records avec une régularité de
métronome. Un, particulièrement, reste dans sa ligne de mire: le
nombre de victoires en Grand Chelem. Avec déjà 12 trophées, il
n'est plus qu'à deux encablures de Pete Sampras.
L'année 2008 pourrait lui permettre d'égaler voire de dépasser
l'Américain. Mais est-ce là le plus important? Les records c'est
bien joli, mais il y a tout le reste qui ne se décline pas
forcément sous forme de statistiques. Assister à une rencontre de
Federer, c'est surtout un régal pour les yeux.
Mission Roland Garros
Tous les experts ou presque sont unanimes. Roger Federer est le
meilleur tennisman de l'histoire. Son talent, sa fluidité, son
relâchement, son élégance font de lui un joueur inégalable. En
réalité, plus que les records, c'est un sacre à Roland Garros qui
manque aujourd'hui à son palmarès.
Le no1 mondial en est parfaitement conscient. Ne pas s'imposer une
fois à Paris lui serait sans doute reproché à tout jamais. Le
Bâlois avoue toutefois au début de chaque année qu'un titre à
Wimbledon suffirait amplement à son bonheur. Sans doute un bon
moyen de faire évacuer la pression... des médias.
Gagner ne s'improvise pas
A 26 ans, Roger Federer a encore de beaux jours devant lui. Des
victoires, il en remportera un bon paquet. Il perdra aussi un match
de temps à autre. La moindre de ses défaites sera même analysée
comme un déclin imminent... Non, gagner ne va pas de soi et on a
tendance à l'oublier au fur et à mesure des succès du no1
mondial.
La somme de travail qu'il fournit chaque jour est immense pour
maintenir un tel niveau. Les générations futures nous envieront
sans doute beaucoup. La Suisse du début du 21e siècle a eu de la
chance de posséder un tel phénomène dans ses rangs. Rendez-vous en
2186... à Wimbledon!
Patty, un sentiment d'inachevé
Patty Schnyder a passé en 07 le cap des 6
millions de dollars de gains en carrière, une somme qui veut déjà
tout dire! La joueuse bâloise peut se targuer, quoi qu'il arrive
désormais, d'avoir réussi un parcours digne d'éloges. Reste
cependant un sentiment contrasté lorsqu'on jette un coup d'oeil
dans le rétroviseur.
Combien de parties Patty aurait-elle pu (dû) gagner avec un peu
plus de volonté ou de lucidité? La gauchère, au talent reconnu, n'a
certes pas les moyens de remporter un jour un tournoi du Grand
Chelem, mais elle pourrait faire sans doute mieux avec un poil
moins de nonchalance...
Une année riche en enseignements pour Stan
2007 restera comme un crû riche en promesses pour Stanislas
Wawrinka. En terminant au 36e rang ATP, le Vaudois a réussi un
petit exploit si l'on se remémore ses 6 premiers mois. Absent des
courts en raison d'une blessure à un genou, il a pris son mal en
patience.
Au fond du trou début juillet, le Lausannois a su trouver les
ressources nécessaires pour inverser la tendance. Cette expérience
lui a sans doute beaucoup appris sur lui-même et lui a permis de
franchir un nouveau pallier. En très grande forme durant l'automne,
Wawrinka a démontré qu'il a les moyens de ses ambitions. Vivement
2008!
La Coupe Davis en berne
La Suisse ne remportera pas la Coupe Davis en 2008, et pour
cause. La formation de Severin Luethi bataillera désormais en
deuxième division après sa défaite subie en République tchèque.
Cette issue est logique pour une équipe qui ne met pas tous les
atouts de son côté. Doit-on pour cela accabler Federer qui dispute
en moyenne seulement un match sur deux?
Certainement pas. Le fait est que la Coupe Davis perd chaque année
un peu plus de crédibilité avec l'absence fréquente des meilleurs
joueurs. La faute en incombe aux dirigeants du tennis, qui peinent
à donner un second souffle à cette compétition.
TXT/Stéphane Altyzer
Martina Hingis sort par la petite porte
Son retour au jeu en 2006 a sans doute été sa plus grande erreur. Martina Hingis n'aurait, en effet, jamais dû sortir de sa retraite dorée, entamée en 2002 à l'âge canonique... de 22 ans.
Sa science du jeu et son coup d'oeil resteront certes dans les annales, mais les gens retiendront certainement davantage son mauvais caractère ou ses caprices d'enfant prodige de la balle.
La carrière de Martina Hingis a définitivement pris un goût de bouchon le 1er novembre 2007. Contrôlée positive à la cocaïne, la St-Galloise voit désormais son nom à jamais rimer avec dopage. Une triste fin indigne d'une championne.