Carnet 5: Medvedev le roi déchu, le Kyrgios 3.0, Garcia se met à y croire et la drôle d'anecdote sur Federer
KYRGIOS ABAT MEDVEDEV... C'était le match le plus attendu de la semaine, voire de la quinzaine, et il a tenu quelques-unes de ses promesses: l'affiche entre Daniil Medvedev et Nick Kyrgios a convoqué l'électricité si savoureuse des sessions de nuit new-yorkaises. Avec, au final, la chute du roi de l'US Open (7-6 3-6 6-3 6-2). Le nouveau Kyrgios, avec sa mise à jour 3.0, plus sérieuse, plus fiable, plus réaliste, plus lucide, bref "plus tout mieux qu'avant", évolue sur le même mode qu'à Wimbledon. Par moments, c'est énorme. A Karen Khachanov, enfin vainqueur d'un top-15 en Grand Chelem (Pablo Carreno Busta, 4-6 6-3 6-1 4-6 6-3), de s'y frotter!
ADIEU LE TRÔNE! Le Russe va aussi perdre sa place de no 1 mondial (qui pourrait échoir à Carlos Alcaraz, Rafael Nadal ou... Casper Ruud). Une chute sans surprise, à entendre Medvedev, qui a reconnu ne pas s'être senti bien, après avoir notamment "chopé la crève à cause de la clim', terrible ici". Avant d'ajouter, grand seigneur: "Et puis, je n'étais assez bon pour rester no 1 mondial..." Roger Federer demeure donc l'ultime joueur à avoir conservé son trophée américain d'une année à l'autre (2004-2005-2006-2007-2008). Avant le Bâlois, c'était dans un autre millénaire (Patrick Rafter, 1997-1998).
BERRETTINI RÉPOND PRÉSENT... On l'attendait au contour, après son forfait forcé à Wimbledon, et voilà que Matteo Berrettini a répondu présent dimanche. Mis au défi par le toujours improbable Alejandro Davidovich Fokina, l'Italien n'a rien lâché d'autres que 2 manches. Sa tête a tenu, ses nerfs aussi, pareil pour ses bras. Fort. Vainqueur en 5 sets (3-6 7-6 6-3 4-6 6-2), le finaliste de "Wimb" 2021 a laissé éclater sa joie. Il rêve d'un parcours similaire à celui de 2019, lorsqu'il avait atteint le dernier carré new-yorkais. Casper Ruud ne se présentera toutefois pas en victime expiatoire contre lui mardi.
RUUD TIENT BON... Car oui, Casper Ruud et son tennis si peu enthousiasmant sont en quarts de finale. Le Norvégien aurait pu dérouler contre Corentin Moutet, mais il s'est emmêlé les pinceaux dans une 3e manche qui lui tendait les bras, puisqu'il menait 6-1 6-2 4-2. Contraint de batailler un set de plus, le lauréat du Geneva Open n'a toutefois pas tremblé. Après son match, il a confirmé se sentir de mieux en mieux sur cette surface. De là à le voir aux portes du trône mondial...
BENCIC AU DIVAN... Éliminée sans gloire dès le 3e tour samedi, Belinda Bencic a mis un point final à une saison 2022 de Grand Chelem faite de gros échecs. Dans la droite ligne de son titre olympique et de son bon comportement à la Fed Cup, on avait (naïvement) imaginé que la Saint-Galloise avait franchi un cap et pouvait prendre une autre dimension. A tort. Du moins pour l'instant. Sans doute faudra-t-il que la championne olympique change quelque chose dans son approche, surtout mentale. Et dans son entourage. Sur la longueur, rares sont les couples "copain-copine" ou "papa-fille" qui donnent des résultats. Le changement, c'est maintenant?
NADAL MONTE EN PUISSANCE... Mauvaise nouvelle pour le reste du tableau masculin: Rafael Nadal monte en puissance. Après avoir pulvérisé une 18e fois un Richard Gasquet qui ne l'a jamais fait suer, l'Espagnol a assuré avoir disputé son meilleur match du tournoi: "J'ai effectué des progrès importants, il faut continuer". Mais, comme souvent, l'ancien (et futur?) no 1 mondial reste sur ses gardes avant son 8e de finale contre Frances Tiafoe: "Il est plus solide qu'avant, il a progressé, il joue bien, avec beaucoup de passion et d'énergie... Je vais devoir augmenter mon niveau et mon intensité..." On a tout de même l'impression que l'Ibère sera rude avec Tiafoe (merci Philippe Bouvard).
SERENA IRONISE SUR FEDERER... Anecdote livrée par Frances Tiafoe. Appelé à évoquer Serena Williams, le futur adversaire de Nadal s'est laissé aller à confier ce que la "Queen" lui avait dit sur Federer: "Nous jouions contre Federer et Belinda Bencic à la Hopman Cup et Federer lui a collé 2 aces. Serena m'a regardé et m'a dit 'Comment est-ce possible que ce type me foute des aces? Allez, ne t'inquiète pas, on ne perdra pas... Et puis si on perd, j'ai 23 Grand Chelem et lui 20...'"
SAGEMENT GARCIA! Caroline Garcia vole à nouveau et ce n'est franchement pas vilain à voir! Au contraire, même: la Française a retrouvé la forme de sa vie, celle qui l'avait menée proche du podium WTA entre 2017 et 2018. Titrée le 21 août à Cincinnati au bout d'un parcours incroyable (Sakkari, Mertens, Pegula, Sabalenka et Kvitova n'y avaient vu que du jeu), "Caro" explose tout le monde à Flushing Meadows, à l'image dimanche d'Alison Riske (6-4 6-1). "On n'a pas le sentiment qu'elle surjoue, elle est en contrôle de ce qu'elle produit et c'est un signe de maturité", se félicite Amélie Mauresmo dans L'Equipe. Oui, Garcia produit un tennis de future lauréate. Mais qu'en pense Coco Gauff? Leur affrontement de mardi est aussi attendu que le Medvedev-Kyrgios. C'est dire!
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti