Carnet 6: "Monster Tiafoe", la digestion de Nadal, la solidité d'Alcaraz et le rêve de Tomljanovic
MONSTRUEUX TIAFOE! Confirmant son étiquette d'immense espoir du tennis américain, il avait, en 2017, failli battre Roger Federer au 1er tour de l'US Open, alors même que le Bâlois vivait son 2e âge d'or. Cinq ans plus tard, Frances Tiafoe a fait bien mieux que cela en déroutant Rafael Nadal en 4 manches, alors même que l'Espagnol était aux portes d'un retour sur le trône mondial. Cette sensation, ce big upset comme on dit à Flushing, n'est pas tombé du ciel. En dépit d'une qualité de service toute relative, le costaud du Maryland, qui n'avait jusqu'alors jamais pris un set à "Rafa", est allé le chercher en jouant crânement sa chance, en se montrant agressif, bref en provoquant le destin, sans jamais se trouver à surjouer. Très solide!
NADAL N'A PAS DIGÉRÉ... Rafael Nadal n'a pas digéré cette défaite. Dès la poignée de main, on a deviné la frustration de l'Espagnol, dominé dans les grandes lignes par l'intelligence tactique et la force de frappe de son cadet de 12 ans. Pourtant, après le gain de la 2e manche, tout Flushing a pensé que ce serait finalement un match classique pour l'ancien no 1 mondial, mais celui-ci n'a en réalité jamais réussi à franchir un pas de plus dans ce match. Son niveau de jeu est resté en deçà de ses standards, "aidé" aussi par la qualité de celui de Tiafoe. "J'ai mal joué et il a bien joué, voilà tout, a relevé Nadal. Ma compréhension du jeu et la qualité de mes coups n'ont pas été assez bonnes..." Mais l'homme aux 22 titres majeurs va vite pouvoir passer à autre chose. L'attend en effet la plus belle chose qui soit: la naissance de son premier enfant, fin octobre.
LA STAT... La dernière fois qu'un Grand Chelem a connu des quarts de finale sans avoir soit Serena Williams, soit Novak Djokovic, soit Rafael Nadal, soit Roger Federer remonte à... 2003 (US Open).
RUBLEV FACE AU PLAFOND DE VERRE... Parfois décrié pour sa propension à ne pas réussir en Grand Chelem, Andrey Rublev n'a pas tremblé contre Cameron Norrie (6-4 6-4 6-4) et s'est ainsi qualifié pour son 6e quart de finale en "Majeurs", le 3e à l'US Open (ce qui n'est pas rien). Le Russe peut-il maintenant exploser le plafond de verre? Il aimerait y croire, ce d'autant plus qu'au lieu de Rafael Nadal, il aura Frances Tiafoe, mercredi en face de lui. Pas dit toutefois que la mission sera plus évidente... A noter qu'un autre roux est en quarts de finale: Jannik Sinner. Bien que poussé dans ses retranchements par un étonnant Ilya Ivashka, l'Italien a su se montrer patient et réaliste pour passer l'épaule (6-1 5-7 6-2 4-6 6-3).
ALCARAZ, LE "SURVIVOR"... Embarqué dans un 5e set de tous les dangers contre Marin Cilic après avoir raté plusieurs occasions de prendre définitivement le large dans la 4e manche, Carlos Alcaraz a tout de même réussi à s'offrir le Croate (6-4 3-6 6-4 4-6 6-3). Cela prouve - si besoin était encore - que le jeune Espagnol est fait d'un autre bois. Là où tant d'autres auraient explosé, lui a tenu sa ligne, en a parfois "mis" un peu plus encore. Mieux, on l'a même vu sourire après des coups "gaufrés". Cette décontraction, mêlée à un sérieux de tous les instants, est un atout précieux. Il aura une revanche à prendre avec Sinner, son bourreau de Wimbledon.
LET'S GO AJLA! Ajla Tomljanovic traverse à 29 ans sa meilleure saison en Grand Chelem. Quart de finaliste à Wimbledon, où seule la future lauréate Elena Rybakina a pu la stopper, l'Australienne s'est brillamment frayé un chemin jusqu'en quarts de cet US Open, où elle s'est notamment illustrée en mettant (a priori) un point final à la carrière de Serena Williams. Derrière cette victoire, la joueuse d'origine croate a tenu bon devant Liudmila Samsonova. Et si le conte de fées se poursuivait? La réponse tient en partie entre les mains d'Ons Jabeur.
REVOILA PEGULA! Fille de milliardaires, Jessica Pegula n'a jamais vraiment eu besoin du tennis dans sa vie. Mais parce qu'elle était un peu plus talentueuse que la moyenne, l'Américaine de 28 ans a tracé son chemin et vit aujourd'hui sa plus belle saison. Jamais allée plus loin qu'un 3e tour en Grand Chelem en 8 participations jusqu'à fin 2020, elle a d'abord rallié les quarts de finale de l'Open d'Australie 2021, puis récidivé cette année à Melbourne et à Roland-Garros. Pas mal, non? Oui, mais puisque cela ne lui suffit pas, la native de New York se trouve au même stade à Flushing Meadows, et ce pour la première fois de sa carrière, grâce à une victoire expéditive sur Petra Kvitova (6-3 6-2).
LE "OUF" DE PLISKOVA... Alors qu'Iga Swiatek a senti passer le vent du boulet, Karolina Pliskova a elle livré une grosse performance pour se défaire de Victoria Azarenka (7-5 6-7 6-2). Une victoire qui change beaucoup de choses pour la Tchèque. "Jusqu'ici, je trouvais que ma saison 2022 était un désastre, a lancé l'ex-no 1 WTA. Maintenant, je pourrai au moins dire que ça ne l'était finalement pas tant que ça..." C'est bon à prendre avant d'en découdre avec Aryna Sabalenka.
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti