Carnet 8: grandiose Alcaraz, match exceptionnel, record battu, avenir assuré et une Swiatek au rendez-vous

ALCARAZ-SINNER, MERCI! Quel match absolument hallucinant nous ont offert Carlos Alcaraz et Jannik Sinner! Le genre de rencontre dont on aurait aimé qu'elle n'accouche pas d'un perdant. Mais voilà, malgré une balle de match en sa faveur dans le 4e set, et ce alors qu'il avait failli être mené 2 manches à rien quelques minutes auparavant, l'Italien a fini par céder au bout d'un combat de 5h15 (3-6 7-6 7-6 5-7 3-6). "Je ne sais pas comment j'ai fait pour gagner, c'était incroyable", a relevé l'Espagnol, qui chasse le trône mondial. Cet affrontement, irréel par moments, a incontestablement été "LE" match de l'année jusqu'ici.

L'AVENIR EN MARCHE... Que celles et ceux qui se font du souci pour l'avenir du tennis masculin soient pleinement rassurés. Ce sport, magnifique, est entre de bonnes mains avec Jannik Sinner et Carlos Alcaraz (plus quelques autres...). Les deux hommes, respectivement âgés de 21 et 19 ans, produisent déjà un niveau de jeu ahurissant, qui ne demande qu'à augmenter encore. Bien qu'il ne faille pas tirer de plans sur la comète, leurs empoignades semblent appelées à écrire quelques-unes des plus belles pages des prochaines saisons. De plus, le respect qui les lie n'est pas feint. Pas plus que leur amitié. Rien de tout cela n'a été créé et/ou encouragé par les médias. C'est rassurant.

RECORD BATTU! Dans l'histoire de l'US Open, le match qui s'était terminé le plus tard avait pris fin à 2h27 du matin à New York. Une marque balayée par Sinner et Alcaraz, ce qui pousse toutefois à s'interroger sur les bienfaits de ces sessions qui se finissent "à pas d'heure". Cela ne semble être bon pour personne. Surtout pas pour les joueurs, qui doivent ensuite se "farcir" les soins et... la presse. Difficile de s'endormir avant 05h00/06h00. Pour Alcaraz, la difficulté sera physique. Pour Sinner, elle sera psychique.

TIAFOE, C'EST FOU! Gros match de Frances Tiafoe en quarts de finale! Déjà superbe bourreau de Rafael Nadal en 8es, l'Américain a maîtrisé en vrai patron son rendez-vous avec Andrey Rublev (7-6 7-6 6-4). Cela a tourné à la démonstration dans le 2e tie-break, remporté 7/0, avec des aces et des coups gagnants venus de l'espace. On s'est régalé! Offensif et agressif à souhait, tellement solide dans tous les secteurs, y compris dans sa gestion de "l'après-Nadal", le joueur de 24 ans décroche sa première qualification pour une demie en Grand Chelem. Rublev, lui, se heurte une fois de plus au plafond de verre que constituent les quarts de finale. Le Russe a paru plus que dégoûté, au bord des larmes au cours du 2e tie-break durant lequel il a été roué de coups. Avant de craquer complètement en fin de rencontre. Dur!

LE RETOUR DES "HAPPY DAYS"... A force de démonstrations, Frances Tiafoe fait lever un formidable espoir sur les Etats-Unis: celui d'éviter de peu les 20 ans de pénitence en Grand Chelem. Alors que le dernier titre masculin "U.S." en "Majeurs" remonte à celui d'Andy Roddick en septembre 2003 à... l'US Open, le gamin du Maryland, originaire de Sierra Leone, a le vent dans le dos. Avec l'appui du public et l'énergie qui est la sienne, il pourrait même faire mal au fort Alcaraz.

LA TORNADE SABALENKA… Aryna Sabalenka a plus que très bien rempli son contrat en quarts de finale. Impeccable en 1re manche contre une Karolina Pliskova qui était partout sauf sur le court, la Biélorusse a ensuite assuré dans le 2e set pour plier l'affaire (6-1 7-6). Sa puissance a fait bien trop de dégâts dans le jeu et dans la tête de la Tchèque, emportée par la houle (30 coups gagnants!). Douze mois après une demie perdue contre Leylah Fernandez, la native de Minsk a une deuxième occasion de rallier enfin une finale en Grand Chelem.

LE MIRACLE DE MINSK… Retrouver Aryna Sabalenka si près du but est un miracle. Rappelons en effet qu'au 2e tour, la Biélorusse s'était trouvée au bord du précipice, menée 6-2 5-1 par Kaia Kanepi. L'Estonienne eut même deux balles de match dans sa raquette avant de se faire retourner par son adversaire. Une semaine plus tard, Sabalenka peut rêver en couleurs.

SWIATEK NE CONVAINC PAS, MAIS... Rêver mais en gardant son sérieux, car c'est la no1 mondiale Iga Swiatek qui se dresse devant Sabalenka. Et c'est fort, sachant que la Polonaise est dans le dernier carré sans avoir pratiqué un tennis exceptionnel. "J'avoue d'ailleurs que je ne m'y attendais pas en début de tournoi", a-t-elle reconnu. Soulignons que son quart gagné contre Jessica Pegula (6-3 7-6) a été très décevant. Ce fut ennuyeux, sans étincelle. Marqué par 61 fautes directes, ce match a été la pire pub possible. Pourtant Swiatek peut être extraordinaire. Le sera-t-elle dans la dernière ligne droite? Il lui suffirait d'élever un peu le niveau pour faire très mal.

... ELLE EST BIEN LA PATRONNE! La Polonaise est sans conteste la patronne du circuit, la plus régulière depuis une année. En témoignent les 8 succès de rang qu'elle vient d'aligner en Grand Chelem contre autant de joueuses classées dans le top-10. Sa solidité (tactique, technique, mentale) et sa constance sont remarquables.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti