A Melbourne, la meute est aux trousses de Novak Djokovic et d'Iga Swiatek

INJOUABLE DJOKOVIC? Avant même qu'il ne débarque en Australie, on avait triplement entouré le nom de Novak Djokovic comme immense favori de cette édition 2023. Son parcours à Adélaïde, titre à la clé, nous conforte dans notre opinion; oui, il faudra être très fort (très, très, très fort) pour faire tomber le Serbe, si impeccable sur sol le sol de Melbourne qu'il n'y a plus perdu un match depuis 5 ans.

En plus du fait qu'il est le meilleur joueur du monde en ce moment, "Nole" avance avec un goût de revanche en bouche. Quoi qu'il en dise en effet, il garde au fond de lui l'amertume du revers qu'a été sa non-participation à l'Open d’Australie 2022 et tout le ramdam qui l'a entourée. Fort comme un Djoko, remonté comme un coucou, l'ancien (et futur?) numéro 1 mondial - qui pourrait s'adjuger son 10e Melbourne! - n'a pas d'adversaire à sa taille à quelques heures de l'entame du tournoi, et ce malgré des ischios qui sifflent. Qu'en sera-t-il sur le court?

L'ÉNIGME MEDVEDEV... Difficile de ne pas avoir de l'affection pour Daniil Medvedev, gentil garçon au caractère bien affirmé, qui vit ses matches, transmet ses émotions et dit les choses telles qu'il les pense et les ressent. Cela n'avait pas manqué l'an dernier, lorsqu'au sortir d'une finale perdue contre Rafael Nadal (alors qu'il devait la gagner…), il avait confié que le petit garçon rêveur qui sommeillait en lui s'en était allé pour de bon. En cause notamment: les critiques du public australien et le traitement que celui-ci lui avait réservé.

Depuis lors, Medvedev donne l'impression de ne s'être jamais totalement remis de cette fin de quinzaine abrupte. Certes, il a entretemps connu des pépins physiques, une absurde suspension pour Wimbledon et un bonheur qui fait logiquement qu'on peut avoir un peu moins la tête au tennis (naissance de son premier enfant), mais la question désormais est de savoir si lui, l'homme qui a brisé le songe de Djokovic à l'US Open 2021, peut redevenir un cador capable de gagner un "Majeur". On l'en croit apte, évidemment. Et lui a quelques mois devant lui pour répondre à cette interrogation. Mais oui, l'Open d’Australie peut déjà apporter un premier élément de réponse.

QUELQU'UN POUR IMITER ALCARAZ? Affirmer que cet Open d’Australie est potentiellement l'un des plus intéressants de ces dernières années n'est pas une hérésie. Il s'inscrit en effet dans une période de doute, de possible redistribution des cartes à l'échelle du circuit ATP et également dans la droite ligne d'un US Open qui fut littéralement exceptionnel à tous les niveaux. Rappelons que le niveau de jeu à New York fut dingue. Et que cela accoucha d'un vainqueur inédit: Carlos Alcaraz. Devenu no 1 mondial à 19 ans seulement, l'Espagnol a ensuite trop poussé la machine et vient de déclarer forfait pour Melbourne. Est-ce qu'un autre joueur peut lui emboîter le pas et renverser à son tour un tableau de "Majeur"? Pour la beauté du sport, on le souhaiterait.

Or, tous les possibles prétendants donnent l'impression de ne pas encore avoir la "caisse" pour le faire. Reste qu'on cite encore volontiers Stefanos Tsitsipas (un jour viendra, il alignera enfin tout ce qu'il possède pour aller au bout), Matteo Berrettini (même s'il se "coltine" Murray d'emblée), Taylor Fritz et Félix Auger-Aliassime parmi les principaux contradicteurs de Djokovic. A l'heure de coucher ces lignes, on croit en revanche beaucoup moins en Andrey Rublev (l'éternelle déception), Holger Rune, Casper Ruud ou Hubert Hurkacz. Quant au génial Jannik Sinner, il paraît un peu court en ce début d’exercice. Et Alexander Zverev est à peine sur le retour...

QUID DE NADAL? On a bien souri en début d'année grâce à Rafael Nadal. Ou plutôt grâce à tous ceux qui, une fois de plus (une fois de trop), ont commencé à paniquer pour l'Espagnol sous prétexte qu'il a perdu deux matches de rang. Lui-même a fini par s'énerver face à ces réactions. Cela devient plus que lassant qu'à chacun de ses rares revers, d'aucuns s'interrogent sur son avenir. Oui, il y a bien un jour où le recordman de titres en Grand Chelem (excusez du peu) sera sur la pente descendante, mais l'y réexpédier à chaque défaite est ridicule. D'autant que c'est aussi pareil à chaque printemps, lorsqu'il s’incline soit à Monte-Carlo soit à Barcelone soit à Rome avant de finir, comme d'hab, par "exploser" tout le monde à Roland-Garros. Alors, alerte rouge sur Rafa à la veille de cet Open d'Australie? Que nenni! Mais on n'en fait pas pour autant le favori. Reste qu'en tant que tenant du titre, l'ultime survivant du duo "Fedal" aura forcément son mot à dire.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti