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Jouer ou non à la veille d'un Grand Chelem? Comment le Geneva Open a bousculé la tradition et changé les regards

Casper Ruud en action dans le décor genevois. Comme celui de Stan Wawrinka, le parcours du Norvégien a lui aussi contribué à changer les regards autour de l'enchaînement avec Roland-Garros. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Casper Ruud en action dans le décor genevois. Comme celui de Stan Wawrinka, le parcours du Norvégien a lui aussi contribué à changer les regards autour de l'enchaînement avec Roland-Garros. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Longtemps, les meilleurs joueurs se sont refusés à s'aligner dans une épreuve à la veille d'un tournoi du Grand Chelem. Mais le Geneva Open et les succès de Stan Wawrinka et de Casper Ruud sont de ceux qui ont contribué à une réflexion autour de cette tradition. Explications.

"Quelle curieuse idée! Ca va le mettre dans le pétrin avec son programme, voire il ne jouera finalement même pas le tournoi…" Combien de fois n'avons-nous pas entendu cette phrase, dans les milieux concernés, lorsque début 2015, Stan Wawrinka officialisa son contrat sur 3 ans avec le Geneva Open, nouvellement inscrit au calendrier de l'ATP et placé à la veille de Roland-Garros? Les augures n'étaient apparemment pas bons. Parce que depuis quelques saisons, cela "ne se faisait pas" de disputer un tournoi dans la semaine qui précédait un tournoi du Grand Chelem. Cette coutume, effleurée par Pete Sampras, avait été complètement adoptée par Roger Federer, qui s'interdisait de s’aligner avant une quinzaine. Les autres vedettes lui avaient ensuite emboîté le pas, ceci dans le but de conserver une certaine fraîcheur, focalisées qu'elles se trouvaient sur l'objectif "Slam".

Mais depuis lors, le tournoi genevois est de ceux qui sont venus bousculer les traditions et remettre en question les bienfaits de cette planification. Parce que la réussite de Stan Wawrinka dans son enchaînement Genève-Paris entre 2015 et 2017, imité qu'il s'est récemment trouvé par Casper Ruud, vainqueur du Geneva Open l'an dernier avant d’être finaliste à Roland-Garros, en a épaté plus d'un. "Pour moi, venir aux Eaux-Vives s'était finalement avéré être la combinaison idéale, qui me permettait de débarquer dans les meilleures dispositions Porte d’Auteuil", nous avait un jour confié le Vaudois, qui avait triomphé sur l'ocre parisien en 2015 (quart de finale à Genève), fait demi-finale en 2016 (après son 1er titre à Genève) et finale en 2017 (après un 2e titre à Genève).

Je ne vois aucun inconvénient à venir ici, une semaine avant Roland-Garros. Au contraire, il n'y a que des avantages.

Casper Ruud, double tenant du titre du Geneva Open.

Des mots peu ou prou repris par Ruud, qui visait la passe de trois sur les bords du Léman pour "lancer" son voyage vers "Roland". "Être ici me permet d’être en mode compétition, nous disait en début de semaine le Norvégien. Je peux jouer des matches de qualité, m'étalonner par rapport à la concurrence ou, si je perds tôt, je peux rester pour m'entraîner dans les conditions parfaites qu'offre le Tennis Club de Genève. En plus, Paris n’est qu'à une heure d'avion, trois de train, donc je ne vois aucun inconvénient à venir ici. Au contraire, il n'y a que des avantages."

Si bien que la réflexion fait son chemin bien au-delà du Parc des Eaux-Vives. La preuve est tombée qu'il n'y a aucun problème à jouer à la veille d’un "Majeur". Même les plus grands l'ont compris, comme le confirme Thierry Grin, directeur du Geneva Open. "Cette année au moment de distribuer nos trois invitations, nous avons pu parler avec tout le monde: Djokovic a été approché, Nadal a été approché, Murray a été approché. A une époque, soit nous ne le faisions même pas, soit la réponse était directement non. Là, il y a eu de vraies discussions, de l'intérêt..." Même plusieurs autres excellents joueurs ont, ces deux dernières années, sollicité les organisateurs genevois. Parfois avec réussite, d'autres fois en vain.

Cette année au moment de distribuer nos trois invitations, nous avons pu parler avec les meilleurs. A une époque, soit nous ne le faisions même pas, soit la réponse était directement non. Là, il y a eu de vraies discussions, de l'intérêt...

Thierry Grin, directeur du Geneva Open.

Voici quatre ans, Grigor Dimitrov, alors 47e mondial, avait même demandé à la dernière minute un bristol pour… les qualifications du Geneva Open, car il ressentait le besoin de jouer encore un peu avant de rallier Paris. Cette semaine, il a saisi avec un bonheur incommensurable l'invitation pour le tableau principal. "C'est très bien pour moi, car cela me permet de voir si mon ressenti à l'entraînement peut se transposer en compétition, confiait mercredi le Bulgare. Il est clair que certains n'aiment pas jouer avant un Grand Chelem, mais en ce moment c'est important pour moi. Je crois que cela dépend vraiment de ce que le joueur veut faire plus tard et surtout de ce qu'il a fait avant. Personnellement, je me sens bien physiquement et mentalement, mais j'ai besoin d'avoir encore du rythme, de pouvoir évoluer dans un bon environnement avant la quinzaine parisienne."

Le lauréat du Masters 2017 ne le dit pas, mais le stress que génère Roland-Garros plaide aussi pour un passage par Genève, ce que mettait d'ailleurs en lumière Casper Ruud lui-même: "Cette semaine, il y avait les qualifs pour le "French Open", donc 128 joueurs et 128 joueuses qui tentaient d'entrer dans le tableau du tournoi, plus tous les autres qui sont déjà sur place... Cela fait du monde, trop de monde à mes yeux, trop de stress surtout. Et puis, j'aime le calme que l'on trouve ici, avec un public de connaisseurs." Evincé au 2e tour mercredi, Adrian Mannarino admettait, lui, avoir tout simplement besoin d’être en compétition avant de plonger dans une quinzaine. "Cela me permet d'avoir des repères", expliquait le Français cette semaine dans la gazette du tournoi, insistant aussi sur le fait qu'il préfère être à Genève qu'au tournoi de Lyon, pourtant dans son pays.

Personnellement, je me sens bien physiquement et mentalement, mais j'ai besoin d'avoir encore du rythme, de pouvoir évoluer dans un bon environnement avant la quinzaine parisienne.

Grigor Dimitrov, présent en demi-finales du Geneva Open 2023.

Casper Ruud, lui, était venu aux Eaux-Vives trouver les fameux repères en 2021 et en 2022 pour exprimer ensuite son meilleur tennis à Roland-Garros, surtout l'an dernier (finale). "Les deux fois, le passage par Genève m'a permis d’arriver à la Porte d'Auteuil avec de l'énergie positive, répète le tenant du titre du Geneva Open. En 2021 et 2022, je me suis prouvé et j'ai prouvé qu'il est possible de performer à Paris en ayant joué la semaine d'avant. Après, certains pensent peut-être qu'ils ne doivent pas jouer pour rester frais physiquement, mais cela n'est à mon sens pas non plus une garantie de l'être pleinement au niveau du tennis pur."

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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Programme du vendredi 26 mai

Court central:
12h00:
Arevalo/Rojer-Granollers/Zeballos. Pas avant 14h00: Dimitrov-Fritz, puis Jarry-Zverev.