Quatre hommes pour un coup fin aux Eaux-Vives

Il s'en est fallu d'un rien pour que la cuvée 2023 du Geneva Open soit littéralement exceptionnelle en proposant ses quatre premières têtes de série en demi-finales. Ce qui n'est plus arrivé sur l'ATP Tour depuis des lustres a volé en éclats à la suite de la défaite jeudi soir de Casper Ruud, double tenant du titre. La "désaffection" - bien involontaire - du Norvégien ne permet certes pas à l'épreuve des Eaux-Vives de s'enorgueillir d'avoir la crème de la crème au rendez-vous de l'avant-dernier jour, mais le plateau reste royal, à la hauteur du splendide écrin du Parc des Eaux-Vives.

Songez donc que restent en lice un ancien lauréat (Alexander Zverev), un ancien finaliste (Nicolas Jarry), un ancien vainqueur du... Challenger de Genève (Grigor Dimitrov, en 2010) et un autre membre du Top-10 mondial (Taylor Fritz, 9e). On a connu programme moins excitant avant de plonger dans le week-end...

"Je n'aurai pas le contrôle de la partie"

Même sans son chouchou Casper, le public local peut donc s'en pourlécher les babines. Parce que le tennis proposé par les quatre hommes vaut le détour. Et parce que, même s'il a commis un crime de lèse-majesté, Jarry n'a pas en aucun cas volé sa place pour ce qui sera le remake de la finale 2019 contre Zverev. Un duel qui ne réjouit pas spécialement l'Allemand. "J'aurais préféré devoir affronter Ruud, qui est l'un de meilleurs joueurs du monde sur terre battue, reconnaît-il. Un match contre lui aurait typiquement été le genre de défi qu'il me faut actuellement. Là, avec Nicolas comme adversaire, je n'aurai pas le contrôle de la partie. Parce qu'il attaque beaucoup et qu'il est très agressif..."

Ainsi donc, "Sascha" aurait paradoxalement préféré en découdre avec le No 4 mondial plutôt qu'avec celui qui n'a jamais pointé son nez plus haut que le 38e rang. Il faut dire que le Chilien a plutôt été solide jeudi soir contre Ruud. Ses lourdes frappes pouvant faire mal des deux côtés, on comprend mieux l'appréhension du lauréat d'il y a quatre ans, qui sait que son futur adversaire a une revanche à prendre. C'est dans cet état d'esprit que Jarry déboulera sur le court central aux alentours de 16h00. Cette bataille annoncée trépidante clôturera la journée. Auparavant, c'est une autre affiche pas piquée des hannetons qui sera servie comme digestif aux VIP qui auront eu l'honneur de dîner au château des Eaux-Vives: Grigor Dimitrov contre Taylor Fritz.

"C'est pour ça que je bosse et me pousse chaque jour"

L'un est certainement l'un des plus beaux joueurs à voir sur le Circuit ATP, l'autre est devenu un candidat sérieux partout où il passe et mon tout promet des étincelles. "Je sors d'une bataille ardue et longue contre O'Connell, mais au fil de celle-ci j'ai obtenu la confirmation que je suis parfaitement en jambes et que je pratique du bon tennis, relève le Bulgare. J'aime ce genre de combats, je reste un "fighter". Une demi-finale? C'est pour vivre ce genre de choses que je continue chaque jour de me pousser, de bosser. Donc ce n'est que du bonheur."

Dimitrov, qui n'a plus disputé de finale depuis le 18 février 2018(!), n'est plus qu'à une étape de l'objectif fixé pour ce premier semestre par son coach Daniel Vallverdu. Parviendra-t-il à en mettre encore un peu plus pour surprendre un Fritz qui, lui, est davantage rompu aux derniers "rounds" ces dernières années (5 titres et 4 finales depuis 2019)? La réponse réside peut-être dans son entame de match, qui se devra d'être plus tranchante que jeudi en quart de finale. "J'étais un peu hésitant sur mes frappes, j'ai mis du temps à me mettre dans le bon sens, admet le lauréat du Masters 2017. Lorsque je "vais" sur un coup, il faut que j'y aille vraiment."

Fritz monterait-il en puissance?

L'esthète devra contrer les lourdes frappes expédiées par le bras droit d'un Américain qui a eu le mérite, hier, de proposer une autre limonade qu'au 1er tour. "C'est vrai que c'était autre chose que contre Marcos Giron, sourit Fritz. J'ai eu aussi davantage de temps pour armer mes coups." Doit-on y dénicher le signe d'une montée en puissance, après avoir dû s'adapter à la terre battue genevoise? Le quart de finaliste de Wimbledon 2022 tempère l'enthousiasme: "Disons qu'avec moi, ça dépend des jours. Lorsque je me sens bien, je peux lâcher des "winners" en coup droit, faire beaucoup de dégâts avec cette arme. Mais à d'autres moments, je peux être à contretemps, pas dans le rythme."

Qu'en sera-t-il sur le coup de 14h00, à l'heure du digestif?

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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