Jil Teichmann compte sur Paris pour sortir du tunnel

Mais où en est donc Jil Teichmann à l'heure d’attaquer Roland-Garros - sa troisième apparition seulement dans le tableau principal du tournoi parisien - dimanche face à Sara Errani? Poser la question pousse inévitablement à jeter un œil dans le rétroviseur, soit il n'y a pas si longtemps, lorsque la Biennoise était parvenue à se hisser jusqu'en 8es de finale de l'épreuve. C'était il y a seulement une année, le 27 mai 2022, au moment où, enfin, son jeu taillé pour la terre battue s'exprimait au mieux du côté de la Porte d’Auteuil.

Une chute de plus de 50 places

La Suissesse avait notamment laminé Bernarda Pera et Olga Dalinovic avant de sortir vainqueur d'un combat homérique avec l'ancienne No 1 mondiale Victoria Azarenka (4-6 7-5 7-6), ceci en livrant une performance assez exceptionnelle qu'elle n'avait toutefois pas pu rééditer en 8es de finale devant Sloane Stephens. Douze mois plus tard, tout le monde - et elle la première! - aimerait bien voir "Jily" rééditer le même parcours, mais il faut le dire tout de suite: les augures ne sont pas bons.

Et pour cause, depuis Roland-Garros 2022, l'intéressée n'a plus remporté trois matches de rang sur le circuit WTA. Pis, elle a dégringolé à la 77e place mondiale, loin de la 21e qu'elle occupait au début du mois de juillet dernier. Il suffit d'observer sa feuille de résultats pour comprendre que la joueuse formée en Catalogne a "déraillé" après Paris. Éliminée aux 1ers tours à Wimbledon et à l'US Open, puis au 2e à l'Open d'Australie, elle ne trouve plus la clé, ni en Grand Chelem ni lors des autres épreuves.

Passée par un Challenger

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si début mai elle est passée par un tournoi Challenger à Reus, près de Barcelone (éliminée en quarts de finale), pour tenter de renouer avec la confiance et, partant, de se relancer. Mais la tactique n'a pas porté ses fruits. On l'a constaté très vite, à Rome déjà, où Teichmann (bientôt 26 ans) a mordu la poussière d'emblée, puis à Strasbourg, où elle a été dominée par l'inconnue Emma Navarro.

Plus en mesure de battre des joueuses moins bien classées qu'elle, la Biennoise erre hélas comme une âme en peine sur le court, sans que l'on y comprenne grand-chose. Dans la foulée du prometteur Roland-Garros 2022, où elle avait signé son meilleur parcours dans un "Majeur", d'aucuns avaient parlé d'un possible déclic pour elle. Nous aussi, d'ailleurs. Un jugement hâtif et erroné, puisque la tournée sur gazon a viré à la catastrophe, avant que le passage par Toronto ne soit qu'un trompe-l'œil, ses victoires sur Venus Williams et Anett Kontaveit (alors No 2 mondiale) n'ayant finalement pas servi de tremplin pour la fin de l'exercice.

La BJK Cup, une éclaircie magique

C'est bien simple: entre le 12 août 2022 et le terme de cette même saison, Jil Teichmann n'a remporté… qu'un seul match sur le circuit principal! Terrible pour une joueuse alors membre du Top-30 WTA. Surtout, ses défaites ont été concédées contre des adversaires qui n'avaient rien d'impressionnant. Sa seule éclaircie - et non des moindres cela dit... - aura été la Fed Cup (désormais appelé BJK Cup), où après avoir dû partager la place de No 2 suisse avec Viktorija Golubic, elle a apporté le premier point de la finale face à l'Australie en luttant pour battre Storm Sanders (237e mondiale), Belinda Bencic réglant ensuite les affaires courantes.

Alors oui, Jil Teichmann peut se targuer d'avoir remporté la plus belle des compétitions par équipes, ceci pour la première fois de l'histoire du tennis suisse, ce que personne ne pourra lui enlever. Mais malgré cela, à l'heure de chercher à savoir où elle en est au moment d'attaquer Roland-Garros 2023, la réponse tient en quelques mots: au coeur d'un tunnel. L'air de Paris lui permettra-t-il enfin d'en sortir?

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti