Carnet 3: Kyrgios épie Wawrinka, phénomène "do Brasil", dégoût de la terre battue et le coeur de Monfils

ESTOURBI PAR UN PHÉNOMÈNE… L'exploit de Rome, où il a enlevé son premier titre sur terre battue, est resté sans suite cette saison pour Daniil Medvedev, "terrien" (?) en détresse, car dégoûté par Thiago Seyboth Wild (non, ça ne se prononce pas comme ça s'écrit) au long d'une partie assez fantastique, le Brésilien usant de toutes les armes et jouant surtout le "feu" pour culbuter l'ancien No 1 mondial. Sur le Chatrier, le Russe – victime de la crasse hostilité du public - n’a pas fait tout juste évidemment, mais ce qu'a livré son adversaire, ATP 172 et issu des qualifications (où il avait battu le Genevois Antoine Bellier au 1er tour), a été tout à fait remarquable. Reste à savoir si cette grosse victoire aura une suite.

LE CHIFFRE… Ce "diable" de Seyboth Wild est le premier joueur depuis 23 ans à battre la tête de série No 2 au 1er tour de Roland-Garros. En l'an 2000, Mark Philippoussis avait fait chuter Pete Sampras. Et sur Eurosport, l'ex No 1 mondial Mats Wilander a comparé le Brésilien à un autre Brésilien célèbre: "Je vois des signes de Gustavo Kuerten en Thiago". Ne nous enflammons pas tout de même…

LA PHRASE: "Aujourd'hui, à cause du vent, je me suis trouvé avec de la terre battue plein la bouche dès le troisième jeu du match. Et franchement, je n'aime pas ça. J'ignore si les gens aiment manger de la terre, s'ils aiment en avoir dans leur sac, dans leurs chaussures, dans leurs chaussettes… Peut-être que certains apprécient. Moi pas. Peu importent les résultats que j’ai eus cette saison, je suis heureux que cette tournée soit terminée." C’est signé Daniil Medvedev, toujours drôle. Et fair-play, aussi, puisqu'il a rendu hommage à son tombeur: "Je n'ai pas l'impression d'avoir fait beaucoup de choses fausses. Je crois surtout que Thiago a super bien joué. S'il continue comme ça, ce que je lui souhaite, il sera Top-30 à la fin de l’année. Et s'il ne continue pas à jouer comme ça, alors je me demanderais pourquoi il l'a aussi bien fait aujourd'hui."

KYRGIOS EN A L'EAU À LA BOUCHE… Parce qu'il a certainement besoin de faire parler de lui vu qu'il n’a pas touché une raquette depuis 6 mois, Nick Kyrgios n'a pas manqué de se réjouir haut et fort, pop-corn à la clé, du match Wawrinka-Kokkinakis de tout à l'heure. "C'est pour cela qu'on vit… Stan ne voudra pas le perdre, celui-ci", a tweeté l'Australien. Allusion à une sale histoire, lorsqu'il avait mis le feu aux poudres en 2015 en lançant en plein match au Vaudois que son pote Kokkinakis avait couché avec sa copine d'alors (la joueuse Donna Vekic). "Tomber si bas est inacceptable", avait répondu Stan qui, huit ans plus tard, doit déplorer que Kyrgios en soit encore là…

FORZA ITALIA! L'Italie a beau avoir perdu Lucia Bronzetti hier (défaite par Ons Jabeur), ce "martedi" a permis à deux de ses représentants de faire trembler la terre, et avec la manière, chacun au bout de marathon; Giulio Zeppieri s'est ainsi offert Alexander Bublik (6-0 4-6 4-6 6-3 7-5), puis Andrea Vavassori a fait encore plus fort devant Miomir Kecmanovic (5-7 2-6 7-6 7-6 7-6). Le Turinois a sauvé 6 balles de match avant de pouvoir s'écrouler sur la terre au bout de 5h10 passées sur le court. "C'est la plus grande victoire de sa carrière", s'est émerveillé le papa. Avec 106 coups gagnants, le fiston (28 ans, aucun match gagné en Grand Chelem jusque-là) a effectivement livré la marchandise.

PRODIGE A SUIVRE… Vous ne connaissez pas encore Mirra Andreeva? Eh bien vous ne devriez pas tarder à entendre souvent parler de cette pépite Russe de 16 ans qui a étripé hier Alison Riske (6-2 6-1). Sortie des qualifications, la jeune femme - qui n'avait encore jamais foulé un court en Grand Chelem, mais a déjà noué une amitié avec Andy Murray - en a littéralement fait voir de toutes les couleurs à l'expérimentée Américaine, qui n'aurait pas voulu passer une seconde de plus sur le terrain. Cela faisait 18 ans – elle n'était pas encore née – qu'une joueuse aussi jeune n'avait pas gagné un match à Roland.

STRICKER A TERRE… Lui non plus n'avait encore jamais disputé une rencontre de grand tableau en "Majeur", mais miracle il n'y a pas eu pour lui. Dominic Stricker a pris la tangente contre Tommy Paul (3-6 2-6 4-6). Difficile de reprocher au Bernois de perdre contre la tête de série 16, mais son manque d’allant a surpris. Trop léger au service (quelle timide 2e balle!), trop mou en revers et surtout trop approximatif dans ses choix (avait-il un plan B?), il a manqué sa journée. Dommage, car on le répète, "Domi" a une jolie main et du potentiel. Seulement, il doit aller davantage de l'avant sur le court. Ca ira mieux sur gazon.

LE "MONFILSHOW"... Tard mardi soir, Gaël Monfils a fini par sortir Sebastian Baez (3-6 6-3 7-5 1-6 7-5), non sans avoir dû effacer une balle de 0-5 dans le 5e set. Poussé par la foule, "Monsieur Svitolina" a mis ses tripes et son coeur afin de renverser la situation sous les yeux de sa fille. "Au milieu du 5e set, je me suis dit qu'elle était là et que je devais au moins gagner une fois un match sur le circuit principal maintenant qu'elle est née", a relevé "La Monf". Alors, devant un Argentin qui a totalement "mouillé", le résident helvétique a mis ses dernières énergies pour passer l'épaule. Au bord des crampes, Monfils a gagné sa bataille dans une folle atmosphère. Prochain tour: Holger Rune; une autre limonade.

GASTON, Y A L'ÉLIMINATION QUI "SON"… Toujours pas Top-10, malgré ce que pensaient certains en octobre 2020, Hugo Gaston a été éjecté manu militari du tableau par Alex Molcan (1-6 6-7 4-6). On l'a vu faire tout et surtout n’importe quoi sur le court. Avant de l'entendre évoquer l'amende (sévère certes) qu'il a récemment reçue pour comportement antisportif: "Je ne suis pas un tricheur, c'était un geste de frustration". Ce n'est pas franchement ce que montrent les images.

LES "GENEVOIS" ASSURENT… Finalistes du Geneva Open samedi, Nicolas Jarry (vainqueur 6-4 6-2 6-2 de Hugo Dellien) et Grigor Dimitrov (tomber 6-0 6-3 6-2 de Timofey Skatov) ont assuré leur entrée en lice. Une preuve de plus que de jouer aux Eaux-Vives ne fout pas en l'air tout un programme. A suivre…

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti