Carnet 6: Djoko s'ouvre un boulevard, Rafael Nadal sur le billard, Rublev déraille et une Supermaman à Paris

DJOKO SOLIDE… On en a entendu, par là autour, estimer que Novak Djokovic n'a pas pleinement convaincu, hier contre Alejandro Davidovich Fokina. Bizarre. Le Serbe n'est-il pas passé en trois sets contre un adepte de la terre battue, joueur coriace qui plus est? Effectivement, "Nole" a été bousculé, mais c'est exactement ce que l'on attendait de la part de l'Espagnol. Reste qu'en dépit de tous ses efforts, ce dernier n'est pas parvenu à prendre la moindre manche à l'ogre serbe. Qui, s'il a souffert physiquement, usé par les amorties délicieuses lâchées par "ADF", a fait ce qu'il fallait, avec cette détermination légendaire et cette intelligence tactique qui le caractérisent. Djokovic s'est sorti du match-piège et s'ouvre un dimanche de promenade. A moins que le Serbe ne soit victime d'un pépin physique, qui peut en effet imaginer que Juan Pablo Varillas - qui sort de sa troisième victoire de suite en 5 sets (contre Hurkacz) - le bouscule en 8es de finale?

NADAL SUR LE BILLARD... Pendant que Djokovic se rapproche chaque jour un peu plus d'un 23e titre du Grand Chelem, Rafael Nadal est lui passé sur le billard, à Barcelone, pour y subir une arthroscopie. Les résultats sont attendus sous peu. L'Espagnol espère toujours pouvoir un jour retrouver la compétition.

RUBLEV, COMME SOUVENT… A chaque Grand Chelem, il nous apparaît compliqué de glisser le nom d'Andrey Rublev parmi les prétendants à quelque chose, tant le scénario est souvent le même avec lui. Cette année encore, à la veille de ce Roland-Garros, certains nous disaient "Oui, mais Rublev…". Eh bien non, justement. Preuve de plus: alors qu'il menait deux manches à rien hier contre Lorenzo Sonego (7-5 6-0), le Russe a complètement volé en éclats, avec des fautes directes assez indignes de son rang mais presque classiques chez lui qui manque tant de constance et des sautes de concentration. Sonego n'en demandait pas tant. Il a su se jeter sur l'aubaine pour finalement s'imposer (5-7 0-6 6-3 7-6 6-3). L'Italien de 28 ans - dont la joie était belle à voir - vivra ainsi son deuxième 8e de finale à la Porte d’Auteuil après celui de… l'automne 2020 (perdu contre Diego Schwartzman). Cette fois-ci, il en découdra avec Karen Khachanov. Pour l'anecdote, ce dernier est… le meilleur ami de Rublev.

MUSETTI EN PLEINE BOURRE... On soulignera aussi, rayon italien, la réussite de Lorenzo Musetti, en pleine bourre (aucun set égaré, 22 jeux perdus seulement en 3 matches). On vous dirait bien de le surveiller de près, mais le Toscan de 21 ans aura le malheur de devoir croiser Carlos Alcaraz dimanche...

OFNER D'ACIER… On le tient, le fameux qualifié qui de temps à autre fait des ravages à Roland-Garros. Cette année, celui-ci s'appelle Sebastian Ofner. L'Autrichien de 27 ans, dont le meilleur classement est la 118e place ATP qu'il occupe actuellement, a pour coach un certain Wolfgang Thiem, père de qui vous savez, et semble très inspiré en ce moment. En témoignent ses trois succès en qualifs, ses deux premiers tours passés sans laisser de manche, contre Maxime Cressy et Sebastian Korda, et son match fou hier contre Fabio Fognini. Devant l'expérience du roublard Italien, le joueur de Styrie – qui a récemment enlevé le Challenger de Prague devant Dominic Stricker - n'a pas flanché. Emmené dans un cinquième set de tous les dangers, il a en effet répondu avec tact et avec classe (5-7 6-3 7-5 1-6 6-4). Au prochain tour, Ofner croisera le fer avec Stefanos Tsitsipas.

SVITOLINA, SUPERMAMAN… De retour au jeu depuis trois mois, Elina Svitolina a gentiment, et quasiment en toute discrétion, assuré sa montée en puissance pour se donner les moyens de débouler à "fond" à Roland-Garros. Devenue maman l'an dernier, l'Ukrainienne a signé une grosse "perf" hier afin de s'offrir Anna Blinkova dans un match très accroché (2-6 6-2 7-5), histoire de filer en deuxième semaine. Pour ce qui sera son cinquième 8e de finale à Roland, la résidente helvétique a rendez-vous avec Daria Kasatkina. Bonne nouvelle pour elle: la femme de Gaël Monfils n'a jamais perdu contre sa voisine en six confrontations.

KASATKINA, 9 ANS APRÈS… Daria Kasatkina, parlons-en! La Russe a toujours été une joueuse talentueuse, comme l'avait notamment démontré sa victoire à Roland-Garros juniors en 2014. Sauf qu'elle a autant de fulgurances que de moments d'errance et n'a pas toujours été en mesure d'exploiter l'entier de son potentiel. Mais le printemps passé a peut-être été un point de bascule, puisqu'elle avait clairement "mis le nez à la fenêtre" avec une demi-finale à la Porte d'Auteuil. Si Iga Swiatek l'avait alors dévorée, la fille de Togliatti ne désespère pas, neuf ans après avoir gagné chez les jeunes, d'aller un jour au bout. Sa victoire expéditive hier sur Peyton Stears est chargée de promesses. A condition simplement qu'aux fulgurances de vendredi ne succèdent pas, dimanche, les errances, surtout devant sa bête noire Svitolina.

SAINTE MERTENS… Élise Mertens est cette joueuse que l'on voit souvent un peu partout, mais rarement dans les instants décisifs des Grands Chelems, en simple. Preuve en est qu'à 27 ans, la Belge n'a qu'une demi-finale (Australie 2018) à faire valoir sur le plan individuel. Elle reste toutefois une menace constante et une solide droitière, qui peut se targuer d'avoir enlevé 7 titres WTA (et pour l'anecdote 3 "Majeurs" en double!). Jessica Pegula n'en avait-elle pas conscience? L'Américaine a en tout cas été sèchement dominée (6-1 6-3) hier, alors qu'elle restait sur un quart de finale à Paris et que son statut de tête de série 3 pouvait lui donner l'espoir d’aller plus loin. Mais c'est Mertens qui pointera son nez en 8es de finale contre Anastasia Pavlyuchenkova. Pour aller voir les quarts de finale de Roland-Garros, une fois? A suivre...

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti