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Carnet 9: un solide Holger du Nord, une surprise argentine, un match interminable, des nouvelles de Federer et une belle tête de vainqueur

La détermination immense de Holger Rune pourrait l'emmener encore plus loin dans ce tournoi, où Beatriz Haddad Maia et Thomas Etcheverry surprennent "en bien". De loin, Roger Federer, présent à Genève pour une inauguration, doit observer tout ça. [Keystone / EPA / AP]
La détermination immense de Holger Rune pourrait l'emmener encore plus loin dans ce tournoi, où Beatriz Haddad Maia et Thomas Etcheverry surprennent "en bien". De loin, Roger Federer, présent à Genève pour une inauguration, doit observer tout ça. - [Keystone / EPA / AP]
Vainqueur d'un match superbe contre Francisco Cerundolo, Holger Rune a marqué les esprits hier, après un match féminin interminable et historique remporté par Beatriz Haddad Maia. Loin de Paris, où Iga Swiatek a une belle tête de vainqueur, où Alexander Zverev devient de plus en plus solide et où Thomas Etcheverry vit un conte de fées, Roger Federer a fait une apparition.

UN BRAS DE FER BIENVENU… Rien de tel, pour lancer la dernière ligne droite du tournoi, qu'un gros bras de fer. Holger Rune et Francisco Cerundolo nous l'ont offert dans des proportions inimaginables avant le match, finalement gagné au super tie-break par le Danois et son mental d'acier (7-6 3-6 6-4 1-6 7-6). Solide, Holger du Nord! Si tout ne fut bien entendu pas parfait dans les deux camps, il y a eu quelques coups venus d'ailleurs, des rallyes exceptionnels et surtout une débauche d'énergie dingue pour faire lever la Porte d'Auteuil. C’est rare de voir Roland-Garros s'emballer pareillement un lundi, sans joueur français sur le court, mais la détermination des deux hommes méritait l'enthousiasme ambiant et la standing-ovation d'après-match. Il faut aussi comprendre qu'il est compliqué, à Paris, de trouver plus beau cadre que le Suzanne-Lenglen pour vivre ce genre d'empoignade. Magnifique.

CERUNDOLO A PRIS RENDEZ-VOUS… Cœur vaillant, Francisco Cerundolo a perdu le genre de match dont on peut dire qu'il aurait mérité d'avoir deux vainqueurs. L'Argentin a en effet livré de l'excellent tennis non seulement hier, mais également durant le reste de la quinzaine et a certainement pris date avec Roland-Garros. Alors qu'il n’a pas encore célébré ses 25 ans, il a fait un réel bond ces derniers mois (il était encore 127e mondial en janvier 2022) et, avec une confiance désormais solide et de grosses certitudes sur son jeu, il ne devrait pas se muer en "one-shot". Lui qui n'avait encore jamais passé le moindre tour en Grand Chelem avant cette saison et son 16e de finale à l'Open d’Australie est devenu un autre joueur. Rafraîchissant.

ÉPOUSTOUFLANT ZVEREV… On avait remarqué depuis quelques jours - et on l'avait écrit ici - qu'Alexander Zverev se rapprochait de son meilleur niveau. Le démonstration offerte hier soir contre Grigor Dimitrov le confirme encore davantage. 6-1 6-4 6-3; le tarif a été sec pour le Bulgare, et l'Allemand impitoyable avec son adversaire. Que c'est beau, un léger poil une année après sa terrible blessure à une cheville! Avec une seule manche perdue dans ce tournoi et une forme ascendante, Zverev partira très largement avec les faveurs de la cote mercredi contre l'étonnant Tomas Etcheverry.

LA SURPRISE ARGENTINE… Cerundolo a failli le faire, Etcheverry, finaliste du Challenger de Bordeaux il y a trois semaines, ne s'est lui pas posé de question pour rallier les quarts de finale. Inattendu en deuxième semaine, l'Argentin - qui n'a pas perdu une manche de la quinzaine - a prolongé encore un peu plus son conte de fées, grâce à une performance de très haut niveau contre Yoshihito Nishioka (7-6 6-0 6-1). Le gain d'un 1er set accroché et très enthousiasmant a bien sûr été la clé de cette rencontre. Éreinté et dégoûté, le Japonais n'a plus rien fait ensuite. Il avait pris un immense coup sur le casque. Et Thomas Etcheverry (ATP 49) savoure plus que jamais. "C'est le plus beau jour de ma vie", s'est-il emballé. Puis à l'évocation de son quart de finale: "Je me sens vraiment bien à l'idée de jouer contre Zverev." Voilà qui est dit!

L'ANECDOTE... Lorsqu'il avait 10 ans, Thomas Etcheverry avait accueilli un nouveau chien à la maison. Lorsque ses parents lui demandèrent quel nom donner à l'animal, le jeune tennisman en herbe avait répondu: "Roland-Garros", du nom de son tournoi préféré. Treize ans plus tard, Roland-Garros peut scruter à la TV les exploits de son "proprio" à "son" tournoi...

JARRY A SCIÉ SA BRANCHE… Nicolas Jarry avait battu Casper Ruud en quarts de finale du Geneva Open, mais tout le monde était bien conscient qu'onze jours plus tard, l’affrontement entre les deux hommes au cœur de Roland-Garros ne tournerait pas forcément de la même façon. De là à voir le Chilien imploser ainsi… S'il n'a globalement pas mal joué du tout, Jarry a cependant été totalement à l'ouest sur les points importants de cette rencontre, remportée en trois manches par le Norvégien (7-6 7-5 7-5). On pourrait même dire qu'il a scié sa propre branche par tant de mauvais choix, notamment lorsqu'il mena 4-1 dans le 2e set, puis à 4-2 en sa faveur dans le 3e. Lorsqu'il se rendra compte qu'il n'a converti que 3 balles de break sur 17, il n'aura pas à chercher bien loin une partie des raisons de sa défaite.

RUUD EST LÀ, MALGRÉ TOUT… Son tennis n’est jamais vraiment flamboyant, et il ne l'est donc pas spécialement dans cette quinzaine, mais on aurait tort de minimiser ce que fait Casper Ruud. Parce que si le finaliste de Roland-Garros et de l'US Open 2022 a bien connu des derniers mois compliqués, il a prouvé à Paris être tout à fait capable d'élever à nouveau son niveau de jeu et de viser plus haut qu'au début du printemps. Oui, il peut s'améliorer dans plusieurs secteurs, mais sa régularité dans l'échange est un plus, qui pourrait faire péter les plombs à plusieurs joueurs. Holger Rune, son adversaire en quart de finale, sera-t-il de ceux-là? L'an dernier en quart de finale, le Norvégien avait donné une leçon au Danois, comme lors de leurs trois précédents affrontements, à chaque fois sur terre battue. Mais voici trois semaines à Rome, c'est Rune qui avait dérouté son presque voisin. Le momentum entre les deux hommes a-t-il tourné?

ET ROGER? Pendant ce temps-là, après avoir pas mal bourlingué à l'étranger ces derniers temps, Roger Federer s'est offert une escapade genevoise. Le Bâlois a inauguré hier la Maison de l'enfance et de l'adolescence des Hôpitaux Universitaires de Genève, un lieu qui encourage la mobilité et le sport chez les jeunes.

INTERMINABLE RENCONTRE.. Pour certains, c'est une sorte d’enfer sur terre. Pour d'autres, le paradis. Bref, un match à la meilleure des trois sets qui s'étend sur près de 4h avec des breaks partout, des cadeaux faits à l'adversaire et deux joueuses qui donnent au bout d'un moment l'impression de ne pas vouloir gagner divise forcément. De toute évidence, celles et ceux qui aiment ça ont néanmoins pris leur pied devant le 8e de finale Beatriz Haddad Maia (BRE)-Sara Sorribes Tormo (ESP). En passant 3h51 sur le court pour un succès 6-7 6-3 7-5 de la Brésilienne, toutes deux ont en tout cas composé le 10e match féminin le plus long de l’histoire. Et Haddad Maia, qui était menée 6-7 0-3, a puisé dans ses derniers retranchements pour passer le "cut". L'attend désormais, au prochain tour, une certaine Ons Jabeur.

JABEUR A FAIT SES CALCULS… Facile tombeuse de Bernarda Pera (6-3 6-1), la Tunisienne se retrouve à trois succès de son premier titre en Grand Chelem et a donc fait ses petits calculs pour la fin de la quinzaine, comme elle l'a expliqué à France 2. "J'ai perdu deux fois sur le Chatrier et j'ai gagné la troisième fois que j'y ai joué. J'ai perdu deux fois en 8es de finale et j'ai gagné la troisième fois que j'en ai joué un à Roland-Garros… Et comme j'ai perdu deux fois en finale de Grand Chelem, je me dis que ma troisième participation sera la bonne…" Simple, non? Reste pour Ons Jabeur à se hisser au dernier rendez-vous de samedi pour convertir l'essai.

LA FOI DE COCO… On n'a pas beaucoup parlé d'elle dans cette quinzaine et Cori Gauff apprécie cette discrétion. Nous aurions toutefois tort de ne pas relever le fait qu'elle se dépatouille fort bien sur cette terre battue qu'elle adore. L'Américaine a eu beau lâcher une manche d'emblée contre l'ex-Suissesse Rebeka Masarova puis une autre en 16es de finale devant la prodige Mirra Andreeva, elle sent bien son tennis et l'a confirmé hier contre Anna Karolina Schmiedlova (7-5 6-2). Seulement, un petit "os" se pointe: mercredi, "Coco" devra en effet encore élever (très haut) le niveau et tout le reste au moment de défier Iga Swiatek, la terreur qui l'avait battue en… finale l'an dernier (6-1 6-3) et à laquelle elle n'a d'ailleurs jamais chipé de set en six affrontements. Consciente du casse-tête polonais, la jeune femme a tenté de s'assurer le soutien du public, ceci en glissant quelques mots dans la langue de Molière hier. C'est toujours ça de pris, dirait l'autre.

SWIATEK, UN JEU LÂCHÉ... Puisqu'on parle du loup (du circuit WTA), venons-en donc au résultat d'Iga Swiatek, qui a… lâché un petit jeu hier devant Lesia Tsurenko (5-1, abandon de l'Ukrainienne). Nul doute que la No 1 WTA n'en aurait pas lâché bien davantage, même si son adversaire avait pu poursuivre le match. Bref, vous l'aurez compris: Swiatek joue bien, fait peur à tout le monde et ne dilapide pas d'énergie. N'aurait-elle pas une belle tête de vainqueur? A suivre…

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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La RTS diffuse plusieurs rencontres par jour. Tous les autres matches sont à suivre sur l'application Eurosport.



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