Carnet 10: Alcaraz hausse encore le ton, Tsitsipas accablé, Sabalenka résiste à tout et... patrons, une demie!

PARIS TIENT SA DEMIE! Carlos Alcaraz contre Novak Djokovic; c'était la demi-finale rêvée du tableau masculin depuis le tirage au sort et, sans surprise, celle-ci aura lieu vendredi, parce que tous deux ont su passer cinq premiers tours sans trop lâcher de choses en route. Ce sera la demie des patrons. Et des deux hommes, c'est surtout l'Espagnol qui a impressionné. Déjà fort solide en 8e de finale contre Lorenzo Musetti, le no1 mondial a passé une partie de sa soirée d'hier à détruire le jeu et le revers de Stefanos Tsitsipas, que l'on n'avait pas pareillement vu aux abois depuis des lustres - peut-être même ne l'avions-nous jamais vu comme cela. Toujours en quête de confiance dans les gros matches depuis sa finale perdue à Roland-Garros le 13 juin 2021 contre Novak Djokovic, le Grec a volé en éclats à son premier défi de la quinzaine. Ce ne fut pas beau à voir pour lui. Même si sa réaction d'orgueil de la 3e manche atténue un peu la démolition dont il a été l’objet.

FÉROCE ALCARAZ! Impitoyable durant deux sets, Carlos Alcaraz est en train de ridiculiser tous ceux qui croisent sa route. Sa gestion de tout ce qui touche à cette quinzaine est bluffante. N'oublions en effet pas qu'il n'avait encore jamais rallié le dernier carré parisien. Les prestations de l'Espagnol et sa puissance sont assez hallucinantes. Le pire est non seulement qu'il dégage une réelle aisance, mais aussi qu'il fait ça avec le sourire. Pas sûr que Djokovic puisse y résister. En tout cas pas si vendredi on retrouve le Djokovic de mardi...

DJOKO SUR COURANT ALTERNATIF… Parce que oui, bien qu'il ait dominé Karen Khachanov après avoir égaré la première manche (sa première du tournoi, d'ailleurs), Novak Djokovic n'a cette fois-ci rien dégagé de très incroyable sur le court, sauf peut-être dans le tie-break. "C'est comme si mon esprit était resté aux vestiaires", a-t-il souligné. C’est effectivement ce qui nous a longtemps semblé dans ce quart de finale assez pauvre, qui a surtout vu le Russe ne pas saisir les occasions qui se sont présentées à lui. C'est dire, aussi, la marge que l'actuel no3 mondial possède sur ses adversaires. Cela n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le tennis, sachant que les concurrents solides sont rares et même s'il venait à tomber vendredi en demie, le Serbe pourrait quitter Paris avec le sourire. Il mesure en effet pleinement dans cette quinzaine qu'à part en cas de blessure, les possibilités de gagner encore pas mal de titres sont nombreuses, tant il reste au-dessus de joueurs très bien classés. Son tie-break l'a bien démontré. "J'ai effectivement signé un jeu décisif incroyable, car j'ai su garder mes nerfs, a-t-il lâché. A partir de là, j'ai gagné en confiance et j'ai commencé à frapper un peu plus fort." Ce sera la condition sine qua non s'il entend bousculer Alcaraz dans une demi-finale dont le vainqueur aura tout pour gagner le tournoi.

TU L'AS VUE, ARYNA? Elle marche seule, mais vite et bien. Aryna Sabalenka a maté Elina Svitolina et réglé les affaires courantes, avec un 6-4 6-4 qui suffit à montrer qu'elle était la patronne de ce deuxième quart de finale féminin. Dans un match qu'il fallait suivre en coupant le son, la Biélorusse a juste eu besoin d’être tranchante lorsqu'il le fallait pour mettre un terme au parcours de l'Ukrainienne. Couplée à sa puissance, sa longueur de balle a fait toute la différence. A force d'être contrainte de reculer, Mme Monfils n'en pouvait plus. Sabalenka, elle, a fait les points et les fautes - secteur qu'elle devra tenter d’améliorer si elle entend gagner le tournoi – pour rallier sa première demie à Roland-Garros, seul Grand Chelem où elle n'avait pas encore tâté du dernier carré.

MUCHOVA, TOUT VA… Elle avait entamé l'année au 151e rang mondial, pas vraiment au sommet de sa forme et de son meilleur niveau, car des blessures l'enquiquinaient, mais Karolina Muchova savait, au fond d'elle, que son retour à un classement et à un tennis plus en accord avec son potentiel n'était qu'une question de temps. Son accession aux demi-finales de ce Roland-Garros, grâce à sa victoire sur Anastasia Pavyluchenkova (7-5 6-2), démontre que parfois cela peut aller plus vite qu'imaginé à la base. Car même si pas grand monde ne l'attendait là, la Tchèque au slice dévastateur n'a pas volé sa place dans le dernier carré. Après avoir démarré son tournoi par une victoire étonnante mais convaincante sur l'outsider Maria Sakkari, elle n'a connu qu'un petit accroc (roue de vélo concédée au 2e tour contre Podoroska) avant de dérouler. Sa demi-finale face à Aryna Sabalenka sera encore autre chose que tout ce qu'elle a connu jusqu'ici. "Mais j'ai le jeu pour rivaliser avec n'importe qui, souligne celle qui pointe désormais au 43e rang WTA. Je peux poser des problèmes à tout le monde." L'expérience de sa demie de l'Open d’Australie 2021 (battue par Jennifer Brady) pourrait déjà lui servir sur le plan mental. A suivre…

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti