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Carnet 2: Church Road n'a eu d'yeux que pour Federer, la jalousie d'Alcaraz, les rugissements de Murray et la frayeur de Rybakina

Roger Federer, la légende, aux côtés de sa femme Mirka. Le Bâlois a été regardé avec respect et admiration par Elena Rybakina, Carlos Alcaraz et Andy Murray. [AP]
Roger Federer, la légende, aux côtés de sa femme Mirka. Le Bâlois a été regardé avec respect et admiration par Elena Rybakina, Carlos Alcaraz et Andy Murray. - [AP]
Même si la cérémonie en son honneur n'a duré que deux minutes, Roger Federer a été le héros du jour dans un Wimbledon pluvieux, où les gens ont eu des étoiles dans les yeux en revoyant le Bâlois. Cette présence a toutefois rendu Carlos Alcaraz envieux, permis à Andy Murray de liquider les affaires courantes et mis un peu de pression à la tenante du titre Elena Rybakina.

FEDERER, "POUTZÉ" EN DEUX MINUTES… Deux minutes chrono; telle a été la durée de la mini-cérémonie en l'honneur de Roger Federer. Celle-ci consistait simplement à accueillir le "Maître" dans la fameuse "Royal Box". Mais ce n'était évidemment pas un événement comme les autres, preuve en est que Severin Lüthi s'y est présenté en costume (fort élégant ainsi). Et ces 120 secondes, qui ont en réalité précédé une journée durant laquelle on n'a vu que "RF", ont suffi à convoquer l'émotion sur le Centre Court et même bien au-delà, puisque sur les réseaux sociaux, les fans (et peut-être même moins fans) du Bâlois n'ont pas caché avoir eu "les poils". Maman Lynette a elle eu les yeux embués. Papa Robert est lui resté de marbre, mais sous la carapace ça devait "brasser". L'ovation qui a accueilli leur fils a été assez incroyable. Puisque personne ne mesure vraiment ce qu'est devenu Roger Federer, il faut peut-être rappeler que ce "petit" Suisse se trouve accueilli comme un héros dans chaque pays où il se rend. Dingue. Oui, dingue. Son aura est intacte, la légende bien vivante. "Unique et inégalable", a commenté Juan Martin Del Potro.

ASSEYEZ-VOUS DONC… Comme le relève un "twitto" fan de Roger Federer, heureusement que Kate Middleton lui a demandé de s'asseoir, sinon quoi l'ovation qui lui a été réservée aurait continué jusqu'à ce matin. C'est peut-être vrai, en plus.

LA PHRASE (QUI TUE)… "Lorsque j'ai dit l'an dernier, lors de la cérémonie à laquelle j'avais déjà été convié, que j'espérais revenir un jour sur le court de Wimbledon en tant que joueur, je pensais vraiment que j'y arriverai", a avoué Roger Federer à CNN. Hélas, deux mois et demi plus tard, le Bâlois a dû actionner le clap de fin, la faute à ce maudit genou.

CHARDY, C'EST FINI… "Nous n'irons plus jamais, Où tu as joué, Jérém', Nous n'irons plus jamais, Tu viens de décider…" Eh oui, agé de 36 ans, Jérémy Chardy a disputé hier le dernier match de sa carrière, en s'inclinant 6-0 6-2 7-5 contre Carlos Alcaraz. Le Français avait annoncé avant ce Wimbledon qu'il s’agirait de son ultime tour de piste. Histoire de ne pas faire durer les adieux, le sort lui a opposé le No 1 mondial. Quart de finaliste à l'Open d’Australie 2013, le natif de Pau s'en va avec un titre ATP (Stuttgart 2009) et deux finales (Johannesburg 2009 et Bois-le-Duc 2018) sur sa carte de visite.

LA PHRASE BIS… "Je sais que Roger Federer est venu sur le Centre Court et franchement, je suis jaloux, car j'aimerais vraiment qu'un jour il assiste à l'un de mes matches". C'est signé Carlos Alcaraz, exilé sur le court No 1, à quelques encablures seulement du "Maître".

MURRAY, A SUIVRE! Heureux de pouvoir passer entre les gouttes grâce au toit du Centre Court, Andy Murray a évité de se faire retrousser par Ryan Peniston, battu 6-3 6-0 6-1. L'Écossais a profité de ce tour de chauffe pour prendre ses marques avec un gazon dont il avait été une première fois roi il y a pile 10 ans (douze mois après son titre olympique), puis une deuxième fois trois ans plus tard. Aujourd'hui, l'ancien No 1 mondial – qui en est à 199 victoires en "Majeurs" - affirme même être dans sa meilleure forme depuis 5 ans. Et quand on voit son tableau, on se dit qu'un quart de finale pourrait être le strict minimum.

ETCHEVERRY FILE SUR STAN... Bien que gênée par la pluie, la programmation a réussi à permettre à Tomas Etcheverry et Barnabé Zapata Miralles de terminer leur 1er tour entamé lundi. Tard mardi soir, c'est donc l'Argentin qui a décroché le sésame pour affronter Stan Wawrinka au 2e tour. Il s'est imposé 6-7 5-7 6-3 6-4 7-5.

PETITE ALERTE POUR LA "TENANTE"… De retour sur le court du plus bel exploit de sa carrière, Elena Rybakina s'est fait des frayeurs. La tenante du titre a en effet été bien bousculée par Shelby Rogers, qui a eu l'outrecuidance de lui chiper la manche initiale de leur 1er tour. Peut-être un peu perturbée par la présence dans son dos de Roger Federer, la Kazakhe a toutefois su réagir pour finir pied au plancher (4-6 6-1 6-2). Elle doit maintenant patienter pour connaître l'identité de sa future adversaire.

UN CARACTÈRE AFFIRMÉ L'an dernier au moment de fêter son titre, Elena Rybakina n'avait justement… pas fêté. Rien. Pas un sourire ne s'était affiché sur son visage après sa balle de match gagnée en finale contre Ons Jabeur. Pourtant, Dieu sait que la Kazakhe avait été brillante durant l'entier du tournoi! Mais sans doute qu'elle qui est née Russe ne voulait pas trop jubiler dans les conditions qui avaient poussé les Britanniques à refuser les citoyens russes et biélorusses pour l'édition 2022. Reste que Rybakina cache bien son jeu, comme l'a confirmé le président de la Fédération kazakhe de tennis à L'Équipe: "J'aime le fait qu'il est impossible de savoir si Elena est en train de gagner ou de perdre en fonction de la façon dont elle se comporte sur le terrain, a relevé Bulat Utemuratov. Elle ne montre pas ses émotions, ce qui complique la tâche de ses adversaires. Je me souviens que lorsque nous avons commencé à parler avec elle au nom de la Fédération, elle devait avoir environ 18 ans et malgré son jeune âge, elle était très confiante. Elle vous regardait dans les yeux, restait très calme, allait droit au but lorsqu'elle vous parlait. Il était impossible de ne pas remarquer qu'elle était très dévouée, ambitieuse et travailleuse."

GARE AU GAVAGE! Le ciel ayant versé ses larmes sur Wimbledon - parce qu'il a enfin compris qu'il n'y reverra plus Roger? - et créé le chaos dans le programme, la journée de mercredi sera remplie de matches aux quatre coins de l'enceinte. Un remue-méninges pour les organisateurs et une véritable orgie de plus de 80 rencontres pour tout le monde, entre celles qui devaient se jouer mercredi, celles qui n'ont pas pu se finir lundi ou mardi et celles qui n'ont même pas pu commencer hier... Gare au gavage de tennis (mais en même temps, ne sommes-nous pas là pour ça?).

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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