Carnet 3: le caractère de Stricker, la perspective de Wawrinka, Tsitsipas le mal-aimé et le souvenir de 2001

LA QUESTION DU JOUR... Depuis quand Wimbledon n'a-t-il pas connu une édition aussi pourrie en termes de météo? Vingt-deux ans peut-être et l'édition 2001, terminée en apothéose le... lundi avec une finale dantesque entre Goran Ivanisevic et Patrick Rafter. Si la météo de 2023 peut nous permettre de vivre un dernier "round" du genre dans 10 jours, on prend volontiers, mais ce n'est pas la tendance. En réalité, les nuages qui planent sur Church Road et qui ont encore pleurniché mercredi matin menacent l'équité sportive, puisqu'au moment où des athlètes étaient déjà qualifiés pour le 3e tour, d'autres n'avaient pas encore entamé leur tournoi...

CHAPEAU "DOMI"! Commençons pas le très jolie petite nouvelle de mercredi, à savoir la qualification pour le 2e tour que Dominic Stricker a arrachée de haute lutte devant l'Australien Alexei Popyrin (3-6 6-3 6-2 4-6 7-5). Apparu tellement friable et si loin de faire les bons choix à Roland-Garros, le Bernois a heureusement montré tout autre chose sur le gazon britannique, dont une vraie force de caractère et beaucoup de détermination - les qualités qu'on lui connaît d'ordinaire. N'a-t-il pas été mené 1-4 dans l'ultime manche? Oui, ce qu'il a réalisé pour enlever son premier match en Grand Chelem est à mettre en exergue, même si la suite s'annonce plus compliquée mais mine de rien fort intéressante avec un 32e de finale contre un certain Frances Tiafoe (ATP 10 et récent lauréat à Stuttgart); une bien jolie petite rencontre à vivre!

WAWRINKA VERS DJOKOVIC? On n'en est pas encore là, mais ce serait très chouette de voir Stan Wawrinka atteindre le 3e tour de Wimbledon. Non seulement car le Vaudois - qui doit affronter Tomas Etcheverry ce jeudi - a tout à fait les moyens de s'y hisser, mais aussi car l'attendrait alors un choc contre Novak Djokovic. Lui qui a affronté (et battu) le Serbe dans tous les tournois du Grand Chelem n'a encore jamais eu l'honneur de le croiser à Wimbledon. Cette potentielle première serait ma foi très intéressante. Surtout, elle permettrait partiellement d'oublier le rendez-vous manqué de 2015, lorsqu'au sortir de son fabuleux titre à Roland-Garros, "Stanimal" était passé à côté d'une possible demie contre "Nole" après avoir été battu à l'arraché par Richard Gasquet en quarts de finale. Il nous semble qu'aujourd'hui encore, le fait de ne pas avoir pu en découdre avec Djokovic à Church Road à cette époque-là reste l'un des plus gros regrets de la carrière du triple lauréat en "Majeurs".

MEDVEDEV CONVAINC… Daniil Medvedev ne s'est pas laissé surprendre par la pépite locale Arthur Féry. Mieux encore, le Russe a convaincu face au Britannique, battu en trois petites manches (7-5 6-4 6-3), qui a pu mesurer le chemin qui le sépare encore du très haut niveau. Pour le reste, on se réjouit de voir ce que peut (ou pas) offrir Medvedev dans cette quinzaine.

KORDA DÉRAILLE… On avait lu, avant le tournoi, certains commentaires disant que Sebastian Korda aurait une superbe carte à jouer à Londres. Nous n'avions pas très bien compris sur quoi tout cela était basé, sa demi-finale au Queen's n'étant pas une valeur sûre si on se base sur l'entier de ses productions 2023. La chute de l'Américain en quatre manches devant Jiri Vesely nous donne raison. Le fils de Petr, qui s'était même autoproclamé capable de battre tout le monde à Wimbledon (oui oui!!!), traverse cette saison comme un fantôme.

TSITSIPAS SURVIT ET ATTEND LE POP-CORN... Placé dans ses petits souliers et même poussé dans ses derniers retranchements par un très bon Dominic Thiem (ça fait plaisir de voir l'Autrichien évoluer ainsi!), Stefanos Tsitsipas a tout de même tenu bon pour franchir le cap en 5 manches (3-6 7-6 6-2 6-7 7-6), non sans avoir beaucoup tremblé. "A un moment, j'ai cru que nous étions partis pour un remake d'Isner-Mahut", a souri le Grec, qui s'offre un 2e tour "pop-corn" contre un certain Andy Murray, pas franchement connu pour apprécier son futur adversaire. En même temps, qui, sur le circuit, apprécie l'Athénien? Telle est la vraie question à se poser...

FRITZ ET SHAPOVALOV FINISSENT PAR PASSER… Après avoir vu leurs rencontres respectives interrompues lundi soir, Taylor Fritz et Denis Shapovalov (devant Radu Albot) ont fini par s'en sortir. Mais l'Américain a senti passer le vent du boulet, sérieusement bousculé qu'il s'est trouvé par Yannick Hanfmann. Le quart de finaliste de l'an dernier a conclu 6-3 au 5e set. Il aura ainsi encore quelque chose à défendre dans cette quinzaine. C'était peut-être ce qui lui fallait pour prendre ses responsabilités en "Majeur". A l'inverse, le vétéran Roberto Bautista Agut, pourtant encore tête de série No 20, a pris la tangente, victime en 5 sets de Roman Safiullin.

VICTOIRE INTÉRESSANTE POUR FUCSOVICS... L'empoignade opposant Marton Fucsovics à Tallon Griekspoor n'avait pas grand-chose d'un 1er tour, tant elle s'annonçait intéressante sur le papier et même sur le terrain, sachant que les deux hommes apprécient le gazon et encore davantage Wimbledon. Le Batave partait favori après son titre à Bois-le-Duc et son quart à Halle? Le Hongrois, vainqueur chez les juniors en 2010 à Church Road, n'en a eu cure. Il a été sans pitié avec son adversaire, laminé 6-4 6-2 6-4. "Fucso" a été impressionnant.

ACTIVISTES ACTE I… Des activistes climatiques ont encore perturbé un grand événement. Cette fois-ci, c'est un énergumène pas très à son affaire qui est allé déverser un puzzle du tournoi sur le court de Grigor Dimitrov, mais en ratant son coup. No comment…

LE "OUF" DE KVITOVA... Double lauréate de Wimbledon par le passé et encore récente vainqueur à Berlin, Petra Kvitova a joué avec les nerfs de ses fans et même les siens, tard hier soir. La Tchèque a eu besoin de trois manches pour écarter de son chemin la modeste Jasmine Paolini (6-4 6-7 6-1), dont les références sur gazon sont quasi inexistantes. L'avertissement a été sans frais pour Kvitova, qui se trouve au moins ainsi lancée dans le tournoi. Et si cela la rendait plus dangereuse encore?

MARIA BLOQUÉE… Surprise de l'édition 2022 avec son accession aux demi-finales, Tatjana Maria ne vivra pas de bis repetita. L'Allemande a en effet été dominée 6-1 2-6 6-3 par Sorana Cirstea. C'est une lourde chute au classement WTA qui attend maintenant la joueuse de bientôt 36 ans. Les années se suivent mais ne se ressemblent pas…

BOULTER ASSUME... Depuis son succès au Nottingham Open voici trois semaines, Katie Boulter est suivie avec une passion qui ne se dément jamais par les médias britanniques. Classée 89e à la WTA, la joueuse née en 1996 a assumé les nouvelles attentes en matant Daria Saville (ex-Daria Gavrilova) 7-6 6-2, sans sourciller. De quoi multiplier les ventes de Pimm's dans les travées.

LA PATROUILLE EN BRANLE... Rattrapé par la patrouille, Jenson Brooksby! Accusé d'avoir manqué trois tests antidopage de rang, l'Américain de 22 ans - encore 33e ATP l'an dernier - a accepté une suspension provisoire de 12 mois. Mais il se défend de toute tricherie! "Je n'ai jamais pris de produit interdit, s'est-il exclamé à travers un communiqué. Accepter la suspension provisoire ne signifie d'ailleurs pas que j'admets avoir fait quelque chose de faux." Brooksby entend désormais saisir la justice. Affaire à suivre, comme le reste de ce Wimbledon 2023.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti