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Carnet 4: Wawrinka est revenu pour ça, pour cette affiche vintage, Bencic reprend du poil de la bête, la chute de Murray et le couvre-feu s'en mêle

Stan Wawrinka part à l'assaut de Novak Djokovic. Que pourra donc faire le Vaudois devant le cador serbe? Belinda Bencic, elle, a enfin gagné deux matches de suite à Wimbledon et espère à enchaîner, alors qu'Andy Murray, bien que tombé sur le Centre Court, a le vent dans le dos face à Stefanos Tsitsipas.
Stan Wawrinka part à l'assaut de Novak Djokovic. Que pourra donc faire le Vaudois devant le cador serbe? Belinda Bencic, elle, a enfin gagné deux matches de suite à Wimbledon et espère enchaîner, alors qu'Andy Murray, bien que tombé sur le Centre Court, a le vent dans le dos face à Stefanos Tsitsipas.
Le 3e tour du jour entre Stan Wawrinka et Novak Djokovic charrie de belles promesses et sonne comme une superbe affiche pour le Vaudois, qui a tant bataillé pour s'offrir le droit de revivre de pareils moments. Le tennis suisse sourit aussi grâce à Viktorija Golubic et Belinda Bencic, alors que la soirée de jeudi a laissé Wimbledon sur sa faim et renvoyé un gros choc au vestiaire.

STAN, REVENU POUR ÇA… Ainsi donc, Stan Wawrinka a fait le travail pour décrocher ce 3e tour très enthousiasmant qui l'opposera tout à l’heure à Novak Djokovic! Malgré un coup de mou dans sa 2e manche contre Tomas Etcheverry, le Vaudois a su se montrer tranchant dans les moments importants, ceux qui ne lui posaient aucun problème à sa grande époque, avant les blessures et le temps qui passe. Mais qu'il doit être heureux, Stan, de pouvoir s'offrir cette affiche royale face à "Nole"! Parce que oui, si elle ne constitue pas une fin en soi pour un joueur ayant une telle carrière derrière lui, elle l'est en revanche pour un gaillard qui a tant bataillé afin de renouer avec des sensations et un niveau décents. Oui, Stan est revenu (ou resté) pour cela. Qu'il en profite tout à l'heure!

PREMIÈRE SUR GAZON… "Ne me rappelez surtout pas le score de nos confrontations directes", a souri Stan devant l'intervieweuse "on court", lorsque celle-ci évoquait le 27e duel à venir entre les deux hommes. Alors pour faire simple, Djokovic mène 20-6 contre le Vaudois. Mais ce dernier a enlevé 4 de leurs 5 ultimes oppositions en Grand Chelem, dont trois avec la manière (quel régal ce fut!). A noter que les deux hommes ne se sont jamais affrontés sur gazon.

HÜSLER, CA NE S'ARRANGE PAS... Si Stan Wawrinka a distribué des sourires, Marc-Andrea Hüsler a en revanche convoqué les grimaces à Wimbledon. Pourtant bien parti la veille devant le Japonais Yosuke Watanuki avant l'interruption par la nuit, le Zurichois - qui menait deux manches à rien - est retombé dans ses travers en finissant par s'incliner malgré deux balles de match obtenues dans la 4e manche (7-6 7-5 6-7 6-7 3-6). Son manque d'allant et son manque de conviction dans ce qu'il fait sont actuellement assez déroutants.

STRICKER ENGRANGE DE L'EXPÉRIENCE... Dominic Stricker a lui aussi perdu, mais il s'en est tiré avec les honneurs après notamment une bonne première manche contre un Frances Tiafoe qui est d'un tout autre calibre que Watanuki. Défait 7-6 6-4 6-2 malgré trois occasions de boucler le set initial, le Bernois sort grandi de ce Wimbledon, au cours duquel il a remporté son premier match en Grand Chelem et surtout pu se frotter à l'un des meilleurs joueurs actuels, qui pourrait d'ailleurs encore jouer un beau rôle dans cette quinzaine.

LE COUP DE MUSETTI… 6-4 6-3 6-1; voici le tarif infligé par Lorenzo Musetti à Jaume Munar. Il est clair que l'Espagnol n'est pas un candidat à quoi que ce soit sur gazon (même ralenti), mais cela dit aussi beaucoup de la forme de l'Italien, capable de réaliser des prodiges, comme ici…

BERRETTINI RESPIRE ENCORE... Une traversée du désert d'une année, de celles qui vous enfoncent bien profond, c'est ce qu'a vécu Matteo Berrettini. Bien qu'il pointe encore à la 38e place mondiale, l'Italien n'était plus qu'une ombre ces derniers mois. Il avait même confessé ne plus savoir où il en était ni si le tennis était encore sa passion. Depuis qu'il avait été éjecté du tableau de Wimbledon l'an dernier pour… un contrôle positif au Covid, le finaliste 2021 errait comme une âme en peine. Alors non, on ne dit pas que son errance est terminée, mais son succès d'hier devant son compatriote Lorenzo Sonego (6-7 6-3 7-6 6-3) pourrait être le socle de sa reconstruction. A moins qu'Alex De Minaur, en pleine fine sur gazon, ne le renvoie dans son mal-être…

RUUD BATTU, MAIS BIENTÔT EN FINALE DE L'US OPEN...? Finaliste des deux derniers Roland-Garros et de l'US Open 2022, Casper Ruud a subi la loi d'un courageux et audacieux Liam Broady (6-4 3-6 4-6 6-3 6-0), porté par le public. Le Norvégien aurait pu bouder et en vouloir à la terre entière (et surtout à lui), mais cette défaite pourrait potentiellement le rassurer. Si l'on se fie à son parcours sur les dernières épreuves du Grand Chelem, Ruud a en effet pris l'habitude d'enchaîner un 2e tour puis une finale depuis plusieurs mois. De fait, s'il conserve cette régularité, il sera au dernier "round" du prochain US Open.

FRITZ N'AVANCE PAS... On le disait lors du Geneva Open: Taylor Fritz a beau être escorté par pas mal de louanges, il y a un "truc" qui ne nous convainc pas dans son tennis et dans son attitude. Mikael Ymer s'en est aussi aperçu et a su en profiter hier. Même mené deux manches à rien par le quart de finaliste 2022, le Suédois a cru en sa bonne étoile et a renversé un Fritz qui n'avançait plus, comme s'il avait été lâché par ses sensations, l'esprit ailleurs (3-6 2-6 6-3 6-4 6-2). Opposé au prochain tour à Galan, l'ancien élève de l'Académie de Magnus Norman a une occasion en or d'enfin rallier les 8es de finale d'un tournoi majeur.

LE COUVRE-FEU S'EN MÊLE... Le choc passionnant entre Andy Murray et Stefanos Tsitsipas a jusqu'ici dépassé toutes les attentes. Connus pour ne pas être les meilleurs amis du monde, l'ancien No 1 mondial et le Grec ne veulent surtout pas perdre cet affrontement. Alors, pas de politesses sur le court, mais de gros échanges qui font mal. Tsitsipas avait pris le meilleur départ en enlevant la manche initiale au tie-break, mais le vétéran de Dunblane lui a répondu en empochant la suivante de la même manière, puis en prenant l'avantage avec un 6-4 dans le 3e set, ceci en dépit d'une lourde chute sur le tapis vert. Le public, bouillant, était prêt à en redemander; sauf que voilà, le couvre-feu de 23h00 - décrété pour permettre aux habitants de Wimbledon de vivre leur vie (et leur nuit) - a renvoyé tout ce beau petit monde au vestiaire. On reviendra vendredi, pas avant 15h00. Mais dans quel état?

BENCIC S'ACCROCHE... Belle performance de Belinda Bencic, vainqueur en trois sets de Danielle Collins (3-6 6-4 7-6), et qui donne elle aussi de belles couleurs au clan suisse. Surtout, la Saint-Galloise a fait preuve d'une belle attitude devant la teigneuse Américaine, au fil d'un match qu'elle n'aurait pas remporté tous les jours. Parfois victime de ses sautes d'humeur, la championne olympique ne s'est cette fois-ci pas laissée abattre lorsqu'elle s'est retrouvée dos au mur. Mieux, elle s'est ressaisie et a ensuite su tenir sa ligne pour dominer le super tie-break. C'est bien, mais il va lui falloir en ajouter une couche tout à l'heure devant Magda Linette.

GOLUBIC REPREND DU POIL DE LA BÊTE... Viktorija Golubic a mangé pas mal de pain noir ces deux dernières années, soit depuis son étonnant quart de finale de Wimbledon 2021. Mais la Zurichoise, qui n'est pas du genre à baisser les bras, a toujours cru que les jours meilleurs allaient arriver. C'est peut-être bien le cas depuis son retour sur gazon, puisque non contente d'avoir brillé en qualifications, elle a, hier, réussi une entrée en matière plutôt bonne devant Schmiedlova, battue 6-3 7-6. La suite, pour "Vika", s'appelle Madison Keys, que... la Suisse avait dominée voici deux ans en 8e de finale. Elle reste même sur trois succès de rang devant l'Américaine. Prête pour le 4 à la suite? Oui, oui, oui!

KONTAVEIT, CA Y EST C'EST FINI... Anett Kontaveit, pas encore 28 ans, a tiré sa révérence hier. Encore 2e mondiale il y a une année, l'Estonienne, enquiquinée par des blessures, avait surpris en annonçant que ce Wimbledon serait son ultime tour de bal(les). Après une première victoire mercredi, elle n'a cette fois-ci pas pu prolonger son plaisir devant Marie Bouzkova (6-1 6-2). Les larmes ont coulé pour celle qui déserte le circuit avec 6 titres dans sa besace et 11 finales, dont celles de Bienne et de Gstaad. Elle fut aussi finaliste de l'US Open junior en 2012.

VEKIC, AU MENTAL! Très inspirée par le gazon, qu'elle désigne volontiers comme la surface sur laquelle elle prend le plus de plaisir, Donna Vekic n'entendait surtout pas quitter Wimbledon en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Alors, la Croate s'est mise minable pour culbuter Sloane Stephens (4-6 7-5 6-4), ceci après avoir pourtant été menée 6-4 5-2. Elle qui a été finaliste à Berlin il y a 15 jours espère pouvoir enchaîner devant Marketa Vondrousova afin de retrouver les 8es de finale à Church Road, comme en 2018.

MUCHOVA, GAZON MAUDIT… On avait tellement apprécié son jeu à Roland-Garros qu'on s'était dit qu'elle pourrait faire quelque chose de "bonnard" à Wimbledon; apparemment, Karolina Muchova a préféré nous faire passer pour des rêveurs. La Tchèque s'est en effet encoublée dès son 1er tour, devant l'Allemande Jule Niemeier, étonnante quart de finaliste l'an dernier et qui n'a rien volé jeudi (6-4 5-7 6-1). Pour un exploit de Muchova à Church Road, il faudra repasser... Pour la suite de ce Wimbledon aussi.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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