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Carnet 7: Bencic aura vendu du rêve, Djokovic s'est fait peur, Rublev vainqueur d'un match incroyable et la jeunesse rigole

Malgré la défaite, c'est le sourire qui prévaut chez Belinda Bencic, alors qu'Andrey Rublev exprime sa rage et que Novak Djokovic a dû encaisser les coups devant Hubert Hurkacz. [EPA / AP]
Malgré la défaite, c'est le sourire qui prévaut chez Belinda Bencic, alors qu'Andrey Rublev exprime sa rage et que Novak Djokovic a dû encaisser les coups devant Hubert Hurkacz. - [EPA / AP]
Belinda Bencic a failli culbuter la No 1 WTA Iga Swiatek après avoir livré son meilleur match depuis deux ans, dans un Wimbledon qui a vu Novak Djokovic souffrir, Andrey Rublev et Alexander Bublik sortir des coups fous et une Mirra Andreeva arriver pied au plancher sur le devant de la scène.

BENCIC, SI PROCHE... Belinda Bencic a longtemps vendu du rêve et touché l'exploit de battre Iga Swiatek, No 1 WTA, en 8es de finale. Il s'en est fallu d'un rien, d'un point seulement, pour que la championne olympique mette ses pieds en quarts de finale de Wimbledon, dix ans après avoir enlevé le tournoi chez les juniors. Il était 19h26 à Londres, 20h26 en Suisse, lorsqu'elle a disposé de ses deux occasions de conclure. Sauf qu'il faut croire que pour un athlète au passeport rouge à croix blanche, il ne fait pas bon obtenir deux balles de match à cette heure-ci sur le Centre Court contre un No 1 mondial. Mais qu'aurait pu faire d'autre Bencic face à une Polonaise remarquable dans sa capacité à serrer le jeu? Swiatek n'est pas reine de la WTA pour rien...

UNE PROMESSE, MALGRÉ TOUT... Certes, c'est une défaite au final, mais depuis combien de temps n'avions-nous pas vu Belinda Bencic évoluer à ce niveau? Hormis quelques fulgurances en Fed Cup (BJK Cup), la Saint-Galloise n'avait à notre sens pas affiché un tel tennis et un tel caractère au moins depuis son titre olympique. Bien dans son "truc", pleinement concentrée sur son sujet, elle ne s'est jamais dissipée avec des colères ou des regards qui s'en vont au-delà du court. Elle a livré un match quasi plein et celui-ci doit clairement lui servir pour la suite. Même si comparaison n'est pas raison, Stan Wawrinka n'avait-il pas puisé, voici dix ans, dans un revers au bout d'un match incroyable les sensations et la confiance qui ont fait ce qu'il est devenu? Alors non, on ne dit pas que "Beli" va tout fracasser à l'avenir, mais ce 8e de finale peut servir de socle à sa (re)construction.

DJOKOVIC SUR LES BONS RAILS... Même s'il n'a pas pu terminer son 8e de finale contre Hubert Hurkacz en raison du couvre-feu, Novak Djokovic est sur les rails pour disputer un énième quart de finale à Wimbledon. Reste que le Serbe a eu très chaud, puisqu'il a enlevé les deux premiers sets au tie-break, au bout de deux jeux décisifs que le Polonais devait clairement gagner. Une fois de plus, c'est la force du Serbe de pouvoir entrer dans la tête de son adversaire, qui aurait évidemment conclu contre n'importe quel autre opposant.

MATCH FOU, COUPS DE DINGUES… Andrey Rublev et Alexander Bublik ont offert un spectacle de haut niveau sur le Centre Court, se rendant coup pour coup, et surtout de beaux coups, au long d'un bras de fer long de cinq manches et de 3h20 de très bon tennis, conclu par un succès du Moscovite (7-5 6-3 6-7 6-7 6-4). Oui, les deux hommes ont composé ce qui reste jusque-là la plus belle rencontre de cette quinzaine, marquée notamment par cette fin d'échange irréelle dont le Kazakh ne semble pas pouvoir se remettre. "Mais c'était le coup le plus chanceux de l'histoire", a tempéré Rublev, qui rallie enfin les quarts de finale, ce qu'il avait réalisé dans chaque Grand Chelem, mais jamais encore à Wimbledon.

SHAPO, ENCORE DEHORS… Le prodige du tennis que l'on nous avait présenté il y a quelques années n'est certes pas un manche, mais il n'arrive toujours pas à franchir un pas de plus dans sa carrière. On parle ici de Denis Shapovalov, qui stagne, stagne, stagne. Opposé à Roman Safiullin, 25 ans et 92e mondial, le Canadien (24 ans seulement, rappelons-le tout de même) avait entre les mains une occasion dorée de s'inviter dans le "grand 8" et il l'a piétinée! Malgré le gain de la manche initiale, "Shapo" s'est liquéfié devant le Russe, qui dispute son premier Wimbledon et devient ainsi le 12e joueur a se qualifier pour les quarts de finale pour son baptême du feu. Dans cette liste, on trouve notamment Borg, McEnroe ou encore Nalbandian.

DIMITROV, ENCORE JEUNE… Solide vainqueur de Frances Tiafoe dans un 16e de finale qui n'avait pas pu se terminer samedi soir, Grigor Dimitrov affrontera Holger Rune tout à l'heure pour ce qui s'annonce comme une jolie petite partie. Interrogé sur le Danois, le Bulgare a répondu avec humour: "Eh bien, il est jeune, talentueux et très dangereux… comme je le suis moi, en réalité, la jeunesse en moins".

"SWEET SIXTEEN"… Mirra Andreeva, 16 ans, renverse la table de la WTA. Sortie des qualifications, la Russe s'est glissée en deuxième semaine grâce à son succès sur sa compatriote Anastasia Potapova et est devenue la deuxième plus jeune joueuse à rallier les 8es de finale de Wimbledon. Seule Cori Gauff, qui avait établi un record il y a seulement 4 ans (à 15 ans et 2 mois), reste devant. Et Andreeva s'est arrachée sur chaque balle pour décrocher cette qualification et rejoindre Madison Keys. "Je suffoquais après quasiment chaque point", a-t-elle d'ailleurs reconnu. Malgré la souffrance, c'est un véritable rêve que la Russe vit à Londres, ceci alors qu'issue des juniors, elle pointait hors du Top-300 début avril. Quelle histoire!

L'ANNONCE DU JOUR... C'est celle de l'arbitre australien John Blom, qui a rappelé aux spectateurs que s'ils devaient ouvrir une bouteille de champagne en bord de court, ils ne devaient pas le faire lorsque les joueuses étaient au service...

FRUSTRATION BRITANNIQUE… Les Britanniques ne sont pas en deuxième semaine, presque comme leurs voisins français ont pris l'habitude d’être absents des débats à Roland-Garros. Et c'est peu dire que cette situation ne plaît à personne à Wimbledon. Mick Dickson, spécialiste tennis du Daily Mail, a ainsi exprimé sa frustration de voir ses compatriotes incapables de rivaliser avec les autres nations, malgré le fric brassé par la Fédération de tennis (LTA) qui touche le pactole avec ce tournoi. En gros, le journaliste reconnu s'interroge sur les capacités et compétences générales les 64 employés à plein-temps de la LTA à porter des athlètes vers les sommets. Même si Jack Draper et Emma Raducanu sont actuellement absents des courts, l'inquiétude de voir le tennis "british" rester à quai ces prochaines années s'agrandit.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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