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Carnet 8: un Alcaraz qui y prend goût, un phénomène appelé Eubanks, un Père Noël à Wimbledon et la revanche des exclus

Alors que Carlos Alcaraz fonce vite vers les quarts de finale, Holger Rune, Aryna Sabalenka et Christopher Eubanks épatent aussi leur monde. Ce qui est une découverte pour le Danois et l'Américain est une revanche pour la Biélorusse. [AP]
Alors que Carlos Alcaraz fonce vite vers les quarts de finale, Holger Rune, Aryna Sabalenka et Christopher Eubanks épatent aussi leur monde. Ce qui est une découverte pour le Danois et l'Américain est une revanche pour la Biélorusse. - [AP]
Carlos Alcaraz jouera pour la première fois de sa carrière en quarts de finale de Wimbledon après une victoire très convaincante sur Matteo Berrettini, alors que Christopher Eubanks est bien la sensation de cette quinzaine, où Holger Rune a profité du "sabordage" de Grigor Dimitrov et où quelques bannis de 2022, dont Aryna Sabalenka, jouent les premiers rôles.

ALCARAZ TOUJOURS PRÉSENT... Non, non, Carlos Alcaraz ne craque pas! L'Espagnol est bel et bien à l'aise partout et le gazon, dans sa conception des années 2020, n'est pas loin d'être une surface taillée pour lui. Le No 1 mondial l'a prouvé en se sortant plus aisément que prévu du potentiel piège tendu par Matteo Berrettini. En dépit de la perte de la première manche, le lauréat du dernier US Open n'a pas failli. Il lui a suffi de se montrer ensuite plus tranchant sur les points importants, notamment sur les nombreuses balles de break qui se sont présentées à lui, pour finir par déborder le finaliste 2021 (3-6 6-3 6-3 6-3). Dans cette quinzaine, Alcaraz ne donne lui non plus pas grand-chose. Son choc à venir face à Holger Rune promet beaucoup. Mais on ne présentera pas déjà le Murcian comme potentiel contradicteur de Novak Djokovic sur la voie du titre. "Pour moi, le seul qui aurait pu battre Novak, c'était Berrettini", a relevé Nick Kyrgios sur Twitter. Aux autres de donner tort à l'Australien.

LE CRÉDIT D'EUBANKS... L'escogriffe de 201 cm a du coffre, un joli bras et est drôlement beau à voir jouer! On parle ici de Christopher Eubanks (ATP 43), sans conteste la révélation de ces dernières semaines, qui explose au plus haut niveau à l'âge de 27 ans. Non content d'avoir déjà sorti Thiago Monteiro, Cameron Norrie et Christopher O'Connell, l'Américain au délicieux revers à une main a émietté Stefanos Tsitsipas hier au bout d'un beau match en 5 sets (3-6 7-6 3-6 6-4 6-4). Son coup droit gagnant sur la balle de match illustre autant sa prise de risque que la qualité de son jeu dans cette quinzaine. Il donne par moments l'impression d'être touché par la grâce!

MERCI QUI? MERCI KIM! La réussite connue par Eubanks, entré dans le Top-100 au début du printemps, est aussi dingue qu'improbable, puisque de son propre aveu, il abhorrait le gazon il y a encore... un mois. A l'issue d'une défaite au Challenger de Surbiton, il avait d'ailleurs envoyé un SMS à l'ancienne No 1 WTA Kim Clijsters, une copine, pour lui dire combien il détestait cette surface. La Belge lui avait répondu d'améliorer son jeu de jambes s'il entendait y réussir quelque chose. Un conseil miraculeux, semble-t-il, puisque le natif d'Atalanta bouge désormais comme s'il avait la main verte (ou plutôt le pied, en l'occurrence). N'a-t-il pas triomphé à Majorque avant de rallier Church Road? "J'ai le sentiment de vivre un rêve", a-t-il lâché avant de penser à son quart de finale contre Daniil Medvedev. De là à dire qu'il pourra faire sauter l'Eubanks (désolé)...

UNE PETITE STAT... Et celle-ci est assez folle pour être soulignée: Christopher Eubanks a frappé 247 coups gagnants sur le chemin menant aux quarts de finale. Il s'agit du 2e record dans l'ère open sur les quatre premiers tours depuis les 255 "winners" de Wayne Ferreira en 1992. Cela dit beaucoup de ce que présente l'Américain depuis quelque temps.

POUR DJOKO, LA VOIE EST LIBRE... Bien parti dimanche soir devant Hubert Hurkacz avant l'interruption due au couvre-feu, Novak Djokovic a certes égaré une manche hier, mais il a fait le plus difficile en dominant le Polonais en quatre sets (7-6 7-6 5-7 6-4), grâce notamment à la qualité de son service, qui l'a souvent sorti d'un mauvais pas tant il a peiné à retourner les missiles de "Hubi". La suite devrait ressembler à autre chose pour le tenant du titre, qui se frottera à un Andrey Rublev qui n'a, sur le papier, rien pour l'inquiéter. Dans son discours d'après-match, le Serbe s'est bien sûr montré très prudent, mais au fond de lui il doit bien savoir que les arguments du Russe, encore davantage sur gazon, sont faibles. Pour l'anecdote, leur unique quart de finale en Grand Chelem remonte à l'Open d'Australie et l'ogre de Belgrade n'avait fait qu'une bouchée de son adversaire (6-1 6-2 6-4)... sur une surface censée davantage lui convenir.

LE PÈRE NOËL S'APPELLE DIMITROV... Grigor Dimitrov peut avoir des regrets en quittant Londres. Parce que hier soir, le Bulgare tenait son match contre Holger Rune. Il dictait même le tempo, au-dessus du Danois, menant 6-3 4-2 et semblant en mesure de se diriger vers un nouveau quart de finale à Wimbledon. Puis la mécanique s'est bloquée. Il a d'abord relancé son adversaire en lui offrant son jeu de service, ainsi que le tie-break. Et au moment où il a commencé à souffrir physiquement, il lui a même fait cadeau du tie-break suivant. Avant de craquer pour de bon au 6e jeu de la 4e manche en dégainant... deux double-fautes de rang. L'expérience, pourtant, parlait pour le joueur de 32 ans. A croire que cela ne suffit pas.

RUNE VA VITE... Il n'est sans doute pas le joueur le plus appréciable de la génération montante, mais il est fort, Rune! A seulement 20 ans, il rallie déjà son 3e quart de finale en Grand Chelem alors qu'il ne dispute que son 8e tournoi "majeur". Très, très solide! A noter toutefois qu'il n'est jamais allé plus loin. Carlos Alcaraz lui fermera-t-il à son tour les portes du dernier carré? "Je n'ai pas peur, mais je suis excité", répond le gamin de Gentofte qui disputera à l'occasion le plus jeune quart de finale de l'histoire de l'ère open contre son contemporain.

LUNDI MAUDIT... En son temps, Wimbledon offrait le merveilleux "Manic Monday", ce lundi fou qui réunissait tous les 8es de finale. La tradition est hélas révolue et elle a apparemment laissé place, hier, au "Panic Monday", puisque Church Road a connu deux abandons et même... un malaise cardiaque dans les tribunes du Centre Court. C'est d'abord Beatriz Haddad Maia qui a mis la flèche. Blessée au dos, la Brésilienne a dû s'arrêter - en larmes - alors qu'elle était menée 4-1 par la tenante du titre Elena Rybakina, qui en profite pour faire des économies d'énergie. Ensuite, c'est Jiri Lehecka qui a dit "stop". Le Tchèque, victime de cloques à un pied, n'y arrivait pas contre Daniil Medvedev (4-6 2-6), qui accède pour la première fois de sa carrière aux quarts de finale sur le gazon britannique. Il faudra toutefois que le Russe se déplace mieux qu'il ne l'a fait hier pour espérer aller voir plus loin. A moins que son service ne suffise?

ANDREEVA, LES NERFS EN PELOTE... Mirra Andreeva avait un pied et quatre orteils (et non neuf, comme un confrère avait écrit il y a quelques années) en quarts de finale, puisqu'elle menait 6-1 4-1 40/30 face à Madison Keys. Puis tout à coup, l'ado qui avait joué en patronne toute la quinzaine est redevenue une jeune fille de 16 ans. Ses nerfs se sont crispés et le match a tourné, alors que l'Américaine n'avait jusqu'ici rien montré de transcendant. Elle avait même fini par se servir de sa main gauche pour gagner un point à 3-6 2-4! Mais était-ce en réalité l'autre tournant du match? Toujours est-il que Keys a déroulé par la suite (3-6 7-6 6-2) pour se donner le droit d'affronter Aryna Sabalenka.

KVITOVA ÉTAIT ABSENTE... Un 8e de finale a fait "pschitt"; celui opposant Petra Kvitova à Ons Jabeur (0-6 3-6). Parce que si la Tchèque était apparemment bien présente physiquement sur le court, elle ne l'était en revanche pas, ni mentalement ni tennistiquement, offrant ainsi à un boulevard à la Tunisienne, qui ne s'est pas fait prier pour saisir l'occasion de profiter d'une petite promenade de santé pour poursuivre sa route londonienne, après avoir dû batailler samedi contre Bianca Andreescu.

LA BELLE REVANCHE... Injustement bannis de Wimbledon l'an dernier, Daniil Medvedev, Andrey Rublev, Roman Safiullin et Aryna Sabalenka prennent une cinglante revanche cet été. Ils sont en effet tous les quatre présents en quarts de finale. Stop ou encore?

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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