Carnet 9: une grande première pour Sinner, une habitude pour Djokovic, un grand rêve pour Svitolina et un gros match attendu sur le Centre Court
FIDÈLE AU POSTE! Face à un Andrey Rublev bien plus agressif et inspiré que prévu, Novak Djokovic a eu beau égarer une manche de plus dans son tournoi, il a tout de même plutôt géré son quart de finale (4-6 6-1 6-4 6-3). Avec, comme d'habitude, cette capacité à se remettre en selle sans broncher après une petite péripétie! En témoigne son entame de 2e set, juste parfaite. Si l'on excepte une première balle chancelante dans la manche initiale, le No 2 ATP n'a pas fait beaucoup de choses fausses sur le court. De quoi dégoûter le Russe, qui a sorti son match, mais même en se montrant convaincant, il n'a pas pu faire douter plus que cela le héros des lieux, qui rencontrera Jannik Sinner vendredi dans ce qui constituera sa 12e demie à Wimbledon. En revanche, pour la 8e fois de sa carrière en autant de tentatives, Rublev a lui plié aux portes d'un dernier carré. A force, il va commencer à se croire maudit.
DJOKO, LA 400E RUGISSANTE... Hier en quart de finale, Novak Djokovic a disputé son 400e match en Grand Chelem. Seul Roger Federer (429) et Serena Williams (423) ont fait mieux. Avouez que le Serbe semble parti pour battre cet autre record du tennis.
GRANDE PREMIÈRE POUR SINNER... Pas encore âgé de 22 ans mais dominateur contre Roman Safiullin (6-4 3-6 6-2 6-2), Jannik Sinner va découvrir ce à quoi ressemble une demi-finale de Grand Chelem. Et c'est peu dire qu'il savoure cette qualification historique, qui lui permet de devenir le plus jeune joueur à se hisser dans le dernier carré londonien depuis 16 ans! "Sauf que ce record va vite tomber, a-t-il ironisé sur le court, conscient que le vainqueur d'Alcaraz-Rune l'aura fait tomber moins de 24 heures après son établissement. Mais bon, je suis heureux et toujours jeune, donc laissez-moi au moins savourer ce sentiment pour encore une journée, pour une nuit..." Bonne humeur et bon humour de l'Italien.
UN PARCOURS "EASY"... Un coup d'oeil sur ce qui s'est passé dans cette quinzaine permet de mesurer combien Sinner n'a pas eu à se mettre minable ni à faire beaucoup de bruit pour passer les obstacles qui se sont dressés sur sa route. L'ancien prodige du ski a en effet successivement battu le 111e mondial, le 98e mondial, le 79e mondial, le 85e mondial et le 92e mondial. On a connu plus compliqué comme chemin pour s'installer dans le dernier carré. A noter que Sinner a perdu autant de sets que Djokovic: 2.
RETROUVAILLES ET MAUVAIS SOUVENIR... Un duel contre le Serbe sur le Centre Court rappelle forcément des choses à Jannik Sinner, qui ne peut occulter de sa mémoire leur rencontre de l'an dernier en quart de finale, lorsqu'il avait complètement déraillé au fil du duel. Alors qu'il faisait face à "Djoko" pour la deuxième fois de sa carrière, l'Italien avait en effet démarré pied au plancher pour mener deux manches à rien, avant de "choker" en voyant l'exploit s'approcher. Ce n'était plus Sinner d'acier, mais Sinner en pelote. Ainsi, à partir du 3e set, il ne fut plus le même joueur et s'écroula (7-5 6-2 3-6 2-6 2-6) pour laisser son adversaire fondre sur le titre quelques jours plus tard. Sans doute est-ce là l'un des plus gros regrets de sa jeune carrière. Pourra-t-il l'effacer déjà vendredi? Honnêtement, cela paraît compliqué.
SVITOLINA L'A FAIT! Elina Svitolina avait déjà esquissé davantage que les contours d'un retour au meilleur de sa forme en gagnant à Strasbourg puis en se hissant en quart de finale de Roland-Garros, où Aryna Sabalenka avait stoppé son aventure. A Wimbledon, l'Ukrainienne fait encore mieux puisqu'elle a renversé la No 1 WTA Iga Swiatek (7-5 6-7 6-2) au bout d'un match qu'elle aurait même pu conclure en deux petites manches. Habile au service et très à l'aise dans ses déplacements, la résidente helvétique distille peut-être son meilleur tennis, moins d'une année après avoir accouché d'une fille. Elle apparaît presque touchée par la grâce dans cette quinzaine et n'a jamais été aussi proche de disputer une finale en Grand Chelem, sachant qu'elle partira favorite, jeudi dans sa demie contre Marketa Vondrousova. "Eli" disputera sa troisième demie, après ses deux défaites, à Wimbledon 2019 (Halep) et à l'US Open la même année (Serena Williams). Jamais deux (revers) sans trois ou une première finale?
VENT DANS LE DOS... Svitolina traverse ce tournoi avec le vent dans le dos et une réussite incroyable. Mais elle la force, aussi, cette réussite, puisque pour rallier le dernier carré, elle a battu quatre lauréates de Grand Chelem (Venus Williams au 1er tour, Sofia Kenin au 3e, Victoria Azarenka en 8e de finale et donc Swiatek hier). Seule Elise Mertens, défaite au 2e tour, n'a jamais gagné de "Majeur" en simple. Mais pour l'anecdote, sachez que la Belge n'avait jamais perdu au 2e tour d'un Grand Chelem en 20 essais! Svitolina devient donc la 3e joueuse de l'histoire à battre 4 anciennes lauréates de "Majeurs" en un seul tournoi après Serena Williams (US Open 1999) et Justine Henin (Roland-Garros 2005). Toutes deux étaient alors allées... au bout. Qui peut dire que ce Wimbledon n'est pas promis à l'Ukrainienne?
SWIATEK TIQUE... Hormis au moment de serrer le jeu pour éviter de se noyer devant les deux balles de match de la Saint-Galloise, on ne l'avait déjà pas trouvée exceptionnelle au tour précédent contre Belinda Bencic, et voilà qu'Iga Swiatek a donc été éjectée du tournoi. Même avec un quart de finale à inscrire à sa carte de visite, la Polonaise est bien obligée d'admettre avoir encore un peu de peine sur gazon au plus haut niveau; elle n'y déroule pas son tennis comme elle parvient à magnifiquement le faire sur terre battue, avec déjà 3 Roland-Garros dans sa besace. Pis, elle rate par moments des coups qu'elle n'a pas l'habitude de "gaufrer". Mais nul doute qu'elle, ancienne lauréate du tournoi juniors (2018), saura un jour forcer la porte.
LE RETOUR DE VONDROUSOVA… Pas grand monde ne se souvient de l'avoir vue en finale de Roland-Garros. Pourtant, Marketa Vondrousova y était bien apparue. C'était en 2019 et même si elle y avait été balayée par Ashleigh Barty (6-1 6-3), la Tchèque alors âgée de 19 ans et 11 mois avait su marquer la quinzaine de son empreinte, en profitant il est vrai d'un tableau incroyablement ouvert. Depuis, sa carrière s'était en revanche enlisée. Seul fait notable: sa finale olympique, perdue contre Belinda Bencic aux JO 2020. Mais cet été, Wimbledon - où elle n'avait jusqu'ici remporté qu'un seul match en quatre participations - signe sa renaissance, puisqu'elle est hier parvenue à mater Jessica Pegula en se permettant d'inscrire les cinq derniers jeux du match (6-4 2-6 6-4)! Plus rien, désormais, ne lui semble impossible, encore moins après avoir dominé 4 têtes de série pour se "pointer" dans le dernier carré, où elle n'est, à Church Road, que la 5e gauchère de l'histoire à se rendre, après Martina Navratilova, Petra Kvitova, Lucie Safarova et Angelique Kerber.
AFFRONTEMENT D'AMIS ET REVANCHE AU PROGRAMME... Place au reste des quarts de finale ce mercredi, avec Alcaraz-Rune et Medvedev-Eubanks chez les hommes, ainsi que Jabeur-Rybakina et Keys-Sabalenka chez les dames. Le bras de fer entre l'Espagnol et le Danois promet beaucoup et permet un regard dans le rétro. Oui, ce devrait être une grosse bataille! Eux qui se sont connus à l'âge de 12 ans ont grandi ensemble et même disputé des doubles côte à côté. Ce fut notamment le cas lors du fameux tournoi des Petits As, avec une défaite en demi-finale. Dans le tableau féminin se jouera la revanche de la finale 2022. Jabeur pourra-t-elle effacer sa défaite de 2022 contre Rybakina? "Je voulais avoir droit à cette revanche, il n'y aura pas de pitié avec elle, qui est une joueuse extraordinaire", a averti la Tunisienne.
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti