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Carnet 10: Medvedev y a mis du coeur, "Alcarage" a tout maîtrisé, une lauréate inédite, puis un trône et un titre dans le viseur

Daniil Medvedev a dû sortir un grand match pour rallier le dernier carré, mais le Russe a le triomphe modeste. Il sait que l'attend vendredi une belle empoignade avec Carlos Alcaraz. Chez les dames, Aryna Sabalenka et Ons Jabeur s'affronteront ce jeudi pour une demie qui sent le soufre. [AP / EPA]
Daniil Medvedev a dû sortir un grand match pour rallier le dernier carré, mais le Russe a le triomphe modeste. Il sait que l'attend vendredi une belle empoignade avec Carlos Alcaraz. Chez les dames, Aryna Sabalenka et Ons Jabeur s'affronteront ce jeudi pour une demie qui sent le soufre. - [AP / EPA]
Pour se défaire de l'excellent Christopher Eubanks, Daniil Medvedev a dû se mettre minable au long d'un match assez exceptionnel. Ce que n'a en revanche pas été le pourtant très attendu choc entre Carlos Alcaraz et Holger Rune. Dans le tableau féminin, la glissade d'Elena Rybakina signifie que Wimbledon aura cette année une lauréate inédite, qu'espère bien incarner Aryna Sabalena, la Biélorusse courant deux lièvres à la fois: le titre et le trône mondial. Mais gare à Ons Jabeur!

LE CHOC FAIT PSCHITT... A croire que les chocs les plus attendus du tennis d'aujourd'hui sont comme les finales de Ligue des champions; ils promettent beaucoup mais une fois qu'ils ont débuté, on s'ennuie. Oui, on imaginait un quart de finale grand luxe entre Carlos Alcaraz et Holger Rune (victoire en 3 sets de l'Espagnol) et on est clairement resté sur notre faim, comme tout le public du Centre Court de Wimbledon. La faute à qui, à quoi? Difficile de répondre précisément, mais il n'y a pas eu les échanges attendus, pas eu de bagarre, pas vraiment eu de spectacle non plus entre les deux gamins de 20 ans. On soulignera juste le fait que l'actuel no1 mondial semble avoir tout de même encore une sacrée marge sur le Danois. Ce qui peut sembler inquiétant pour Rune.

ALCARAZ AU RÉVÉLATEUR... Les choses très sérieuses vont débuter maintenant pour Alcaraz, qui n'aura sans doute pas la partie facile face à Daniil Medvedev mais s'élancera en favori, car leur rencontre londonienne d'il y a 2 ans, archidominée par le Russe, ressemble à un très très vieux souvenir vu tout ce qui s'est passé depuis 2021. Après son échec total en demie de Roland-Garros contre Novak Djokovic, l'Espagnol doit montrer tout autre chose. Non, ce n'est pas que l'on doute de son potentiel ou de son talent, mais il doit envoyer un autre signal que celui du 9 juin, lorsque son mental l'avait lâché et, partant, son physique. Le no1 mondial doit passer l'obstacle russe pour s'offrir une finale face au Serbe (favori lui aussi de sa demi-finale contre Jannik Sinner) et rendre celle-ci totalement différente de leur dernière rencontre. Ce serait tout bénéf' pour le tennis.

MEDVEDEV A SU APPUYER AU BON MOMENT... On salivait devant l'affiche Alcaraz-Rune, mais c'est en réalité sur le Court 1 qu'il fallait être, puisque le combat entre Daniil Medvedev et la révélation Christopher Eubanks a été assez exceptionnel (6-4 1-6 4-6 7-6 6-1). Le Russe et l'Américain ont offert le spectacle que l'on pensait voir sur le Centre Court, mais en mieux, encore. Honnêtement, le tennis présenté a par moments atteint de vrais sommets, avec un ancien no1 mondial qui ne commettait pas de faute et un lauréat de Majorque qui envoyait des parpaings aux quatre coins du terrain avec une réussite déconcertante. "Après le 1er set (ndlr: qui avait été parfait pour lui, avec 16 coups gagnants et 1 seule faute directe). j'ai commencé à me noyer tellement Chris jouait bien", a admis Medvedev, visiblement soulagé de s'être finalement sorti du piège. C'est mentalement et tactiquement que le Russe a forcé la décision, grâce à la régularité de son jeu, épatant par moments (52 coups gagnants, 13 fautes directes seulement), mais aussi à la qualité de son service, qui pourrait être l'un des éléments clés de son empoignade de vendredi avec Alcaraz. "Ce sera intéressant de le défier, car c'est un joueur extraordinaire", a-t-il dit au sujet de son cadet.

EUBANKS LAISSE UNE TRACE... Chris Eubanks s'en est allé sur une standing ovation offerte par le Centre Court. Cela a dû lui faire une belle jambe, sur le moment, puisqu'il avait tout de même perdu. Mais dans quelques semaines, l'Américain aura le droit de se considérer comme l'un des grands gagnants de ce Wimbledon 2023, puisqu'il est sorti de l'ombre en pratiquant un merveilleux tennis, qui n'a pu que réjouir la foule. Les 74 coups gagnants frappés hier disent beaucoup de ce qu'il est capable de produire. Il en a d'ailleurs armé au total 321 sur l'ensemble du tournoi, établissant ainsi un nouveau record. Sauf que s'ajoute désormais pour lui la difficulté de la confirmation. Il ne faudrait en effet pas qu'après la trace qu'il a laissée à Church Road, il ne demeure qu'un "one shot".

TITRE ET TRÔNE DANS LE VISEUR! Tombeuse hier d'une bien tendre Madison Keys, Aryna Sabalenka voit double. Non pas qu'elle louche devant la balle, mais bien devant l'objectif. Arrivée à Wimbledon avec pour seule référence "herbeuse" un 2e tour à Berlin, la Biélorusse peut en effet désormais y viser le titre et la place de no1 WTA. Elle ne se trouve "plus qu'à" une victoire du trône toujours détenu par Iga Swiatek. Jamais la lauréate de l'Open d'Australie, âgée de 25 ans, ne s'est encore assise sur la chose et c'est peu dire qu'elle en rêve. Mais forcément qu'à ses yeux le plus beau serait de combiner cela avec la conquête du trophée londonien. "Wimbledon, pour moi, est un tournoi différent, c'est spécial, je rêvais de lui lorsque j'étais gamine", a-t-elle dit, les yeux brillants. Deux derniers coups de collier dans cette quinzaine et la réalité la rattrapera dans le bon sens du terme.

UN ALIGNEMENT DE PATRONNE... Lauréate de son premier titre du Grand Chelem au mois de janvier en Australie, Sabalenka ne craint plus rien depuis qu'elle a débloqué son compteur. Elle se sait capable de triompher samedi après-midi. Ses adversaires savent aussi ce dont elle est capable, avec son tennis de cogneuse et son côté imprévisible. Un brin naïve, Madison Keys s'est fait proprement piéger hier au milieu du 2e set. Alors qu'elle menait 4-2 40/0, l'Américaine a relâché la pression et subi le retour de bâton, une sorte de ressac de Minsk, Sabalenka alignant 11 points de suite pour être à 4-4 40/0 et faire un nouveau break deux échanges plus tard. En patronne.

JABEUR PEUT AUSSI Y CROIRE... Rien ne sera toutefois simple pour la Biélorusse, qui va devoir se coltiner ce jeudi une certaine Ons Jabeur, finaliste l'an dernier et qui a pris avec la manière sa revanche sur Elena Rybakina (6-7 6-4 6-1). On peut le dire: la Tunisienne a peut-être produit son tout meilleur tennis pour renverser la tenante du titre. Les deux dernières manches ont parfois viré au récital, la gagnante armant pas moins de 35 coups gagnants sur l'ensemble de la rencontre. "J'ai su être calme, concentrée, et j'ai su gérer mes émotions, ce qui n'était pas simple", a concédé la joueuse de bientôt 29 ans, qui sera - pour quelques jours - l'aînée des quatre demi-finalistes. Si elle avoue ne pas se réjouir de devoir faire face aux grosses frappes de Sabalenka tout à l'heure, Jabeur se veut positive, insistant notamment sur le fait qu'elle est plus solide qu'en 2022: "L'an dernier, je n'étais peut-être pas prête à jouer une finale, mais j'ai progressé depuis." Reste qu'avant de penser à samedi, il faudra gérer en fin d'après-midi.

LAURÉATE INÉDITE... La sortie de route de Rybakina assure Wimbledon d'avoir à son palmarès 2023 une lauréate inédite, puisque ni Elina Svitolina ni Marketa Vondrousova ni Aryna Sabalenka ni Ons Jabeur n'ont un jour remporté le tournoi. Ce qui ne fait ni chaud ni froid à la gagnante 2022, qui s'en va tête basse. "Vu que je n'étais pas au top physiquement, j'ai par moments pris de mauvaises décisions, a relevé la Kazakhe. Il va me falloir retourner au boulot avant la tournée nord-américaine." Donc pas devant la TV à épier celle qui lui succédera.

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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