Carnet 12: Alcaraz peut sauver le record de Federer, Djokovic veut s'installer encore un peu plus dans l'histoire et deux femmes rêvent d'une grande première
DJOKO C'EST FOU! On pourra nous dire que oui, à quelques rares exceptions, la concurrence aujourd'hui est globalement molle et n'a pas de plan B, mais personne, non personne, ne peut pour autant minimiser ce que réalise Novak Djokovic. Songez en effet qu'en dominant son sujet hier contre Jannik Sinner, le Serbe a atteint sa 35e finale en Grand Chelem en 71 tournois majeurs disputés. Quasiment du 50%! Hallucinant. Ahurissant. Totalement fou; choisissez le terme qui vous convient. "A partir d'un moment, ça ne veut plus rien dire", a d’ailleurs lancé à juste titre un Marc Rosset abasourdi au micro de la RTS, aux côtés de Pascal Droz.
LE FAUX PLAN DE SINNER… Pour tout dire, on n'imaginait pas Jannik Sinner en mesure de battre Novak Djokovic hier, mais on s'était dit que peut-être il le bousculerait un peu. Mais non! S'il a bien obtenu deux balles de 3e manche, l'Italien - dominé en 3 sets - a tout de même déçu, tant il a été incapable de proposer autre chose que son tennis classique, qui consiste grosso modo à envoyer des patates en espérant que ça entre dans le court. Comme si, contrairement à ses dires, il avait régressé depuis une année et ses 5 sets contre ce même "Nole" sur ce même Centre Court. Pas de variété, pas de slice, pas de plan B, une précipitation maximale… Il nous avait semblé avoir connu Sinner plus fin, plus malin, plus patient. Alors bien sûr, il jouait contre l'ogre, qui ne relâche jamais sa proie, mais sur sa prestation d'hier, il suffit de voir comment il a joué ses quelques balles de break ou les trois derniers points du match pour se rendre compte qu'il est encore loin du compte.
TROP FORT, ALCARAZ! Il en est un qui a montré plusieurs fois être parfaitement à niveau, c'est Carlos Alcaraz, No 1 mondial et déjà détenteur d'un "Majeur" (US Open 2022). Même s'il a explosé de manière déroutante en demi-finales de Roland-Garros contre Novak Djokovic, l'Espagnol a prouvé pas mal de choses en quinze mois et la leçon de justesse et de réalisme qu'il a donnée hier à Daniil Medvedev dans l'autre demi-finale (6-3 6-3 6-3) a estomaqué les observateurs. Deux crans au-dessus de celui qui l'avait précédé au palmarès new-yorkais, le gamin de 20 ans était simplement "en feu" sur le Centre Court et juste injouable durant deux manches. Le Russe, dont on savait que le service serait l'une des clefs du match, a notamment été breaké à six reprises en 13 engagements! Il n'y avait pas grand-chose à faire contre un Alcaraz de cet acabit. Et comme le demandait notre confrère Mathieu Aeschmann sur Twitter, avions-nous déjà vu une telle démonstration pour une première demie à Wimbledon depuis celle de Roger Federer contre Andy Roddick voici 20 ans? Bonne question!
ET MAINTENANT? Carlos Alcaraz a-t-il flambé deux jours trop tôt ou sera-t-il capable de reproduire le même genre de performance dimanche en finale contre Novak Djokovic? C'est forcément LA question qui se pose à "Wimb", et ce avec encore davantage de poids sachant que l'Espagnol a craqué mentalement, nerveusement puis physiquement contre le Serbe voici cinq semaines à Paris. Le gazon britannique peut espérer une finale grandiose, uniquement si le jeune homme a retenu la leçon de la Porte d'Auteuil."C'est justement le moment de continuer à rêver", a joliment souligné le Murcian, comme si le souvenir de Roland était pour de bon derrière lui. De sa capacité à se comporter comme vendredi, voire à augmenter encore d'un cran son tennis, dépendra en grande partie l'issue de la finale messieurs (à suivre dimanche sur RTS 2 dès 15h00). Même si, on le sait, Novak Djokovic est capable de tout. Sauf du pire.
PUNAISE, 15 ANS! Très exactement 15 ans et 349 jours séparent Novak Djokovic de Carlos Alcaraz, soit l'écart le plus large entre deux participants à une finale de Wimbledon après les finalistes de 1974 Jimmy Connors et Ken Rosewall (17 ans et 304 jours pour leur part). "Je suis ton père", pourrait presque lancer le Serbe durant cette guerre des étoiles.
TROIS PARTOUT, BALLE AU CENTRE! En lice cet après-midi en finale dames, Ons Jabeur et Marketa Vondrousova se sont déjà affrontées à 6 reprises sur le circuit WTA et chacune a enlevé trois rencontres. La Tunisienne a empoché leur seul face-à-face sur herbe, voici deux ans à Eastbourne, mais la Tchèque a remporté leurs deux derniers matches, dont le seul en Grand Chelem, cette année à Melbourne. On aurait envie de dire trois partout balle au centre, mais il nous est impossible de nous débarrasser de ce sentiment que Jabeur part largement favorite du rendez-vous de tout à l'heure.
"C'ÉTAIT TROP POUR MOI…" Appelée en conférence de presse a évoquer sa première finale du Grand Chelem, perdue sèchement en 2019 à Paris contre Ashleigh Barty, Marketa Vondrousova (23 ans) n'a pas caché que l'expérience pourrait l'aider dans son approche du match du jour. "Cela peut effectivement me servir dans les moments compliqués, car je l'ai déjà vécu, a-t-elle dit. La première fois, j'étais très jeune et c'était trop pour moi. Maintenant, je connais mieux le chemin, je sais quoi faire…" Pas dit cependant que cela suffise.
"PRENDRE MA REVANCHE"… Ons Jabeur a quant à elle sous-entendu n'avoir aucun doute sur l'issue de la finale. "Après avoir perdu contre Marketa à l'Open d’Australie, je vais prendre ma revanche, a lancé la finaliste 2022. Vondrousova a une bonne main, elle joue très bien, mais je vais me concentrer sur moi-même. Celle qui gérera le mieux ses émotions gagnera certainement ce tournoi." Sur ce plan-là, Jabeur apparaît mieux outillée que son adversaire. Mais la Tchèque ne se présentera pas en victime expiatoire. A suivre, donc.
Bonnes finales tout le monde!!!
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti