Publié

Quinquagénaire et dynamique, le tournoi bâlois cherche toujours à séduire, même sans Federer

Dominic Stricker pénètre dans le somptueux décor de Saint-Jacques. Un pélerinage pour certains des meilleurs joueurs de la planète. [Keystone - Georgios Kefala]
Dominic Stricker pénètre dans le somptueux décor de Saint-Jacques. Un pélerinage pour certains des meilleurs joueurs de la planète. - [Keystone - Georgios Kefala]
Créé en 1970 par Roger Brennwald, le tournoi de Bâle a attiré les meilleurs joueurs de la planète et séduit l'ATP au fil des années. Récemment, il a survécu à quelques tempêtes, ce qui lui a permis de démontrer sa solidité. Mais il ne peut se reposer sur ses lauriers s'il entend demeurer incontournable dans le calendrier sportif helvétique, dont il est l'événement majeur.

Roger Federer n'est plus là, Carlos Alcaraz est forfait, mais les Swiss Indoors de Bâle tiennent encore le coup, bien implantés dans le calendrier de l'ATP, toujours présents pour attirer quelques-uns des meilleurs joueurs de la planète. Même bringuebalés par le Covid ou placés devant des défis particuliers (perte de leur sponsor titre – un cigarettier – en 2009, Halle Saint-Jacques très chère), voire hésitants quant à leur avenir (un changement de lieu a été évoqué voici 12 mois), ils continuent malgré tout de former l'une de plus importantes manifestations sportives de Suisse.

Le plateau de l'édition qui se déroule cette semaine souligne la qualité du tournoi et de son organisation, toujours entre les mains du grand manitou Roger Brennwald. L'homme a, de toutes pièces, créé les Swiss Indoors voici 53 ans et, entouré par des gens qui sont à ses côtés depuis des lustres, il gère son bébé comme personne.

Roger Brennwald, grand manitou et créateur des Swiss Indoors, avec un autre Roger célèbre à Bâle. [Keystone - Georgios Kefalas]
Roger Brennwald, grand manitou et créateur des Swiss Indoors, avec un autre Roger célèbre à Bâle. [Keystone - Georgios Kefalas]

"L'autre Roger" - comme certains l'appellent - a su faire du rendez-vous rhénan l'un des plus prisés du calendrier, souvent considéré comme le meilleur tournoi du monde derrière les Grand Chelem et les Masters 1000. "C'est un joli compliment, mais aussi une forme de pression, car il nous faut fournir un travail énorme pour, chaque année, être reconnus et continuer à progresser", nous confiait-il il y a quelque temps. Avant d'ajouter: "L'objectif est d’être encore meilleur à chaque édition." Tel est, aujourd'hui plus que jamais, le réel défi des organisateurs bâlois, qui ne peuvent plus se reposer sur leur star locale, qui a écrit de si belles pages, sur les bords du Rhin et ailleurs, mais n'est plus là, ni sur le court ni en dehors, pour faire lever les foules.

Reste qu'au coeur de la Halle Saint-Jacques, le spectateur peut toujours en prendre plein les mirettes. Dans la ville de Federer, l'organisation demeure "tip-top", la qualité du tennis incroyable. Ces dernières années, les magnifiques empoignades entre le "Maître" et Juan Martin Del Potro (trois superbes finales en 2012, 2013 et 2017) ou Rafael Nadal ont enchanté les lieux. L'an dernier, c'est un Stan Wawrinka revigoré qui avait enflammé le public helvétique.

Stan Wawrinka avait signé une belle semaine jusqu'en quarts de finale l'an passé. [Keystone - Georgios Kefalas]
Stan Wawrinka avait signé une belle semaine jusqu'en quarts de finale l'an passé. [Keystone - Georgios Kefalas]

Le Vaudois aurait aimé remettre le couvert cette semaine, mais il a trébuché hier soir. Ce sera à d'autres de briller afin de consolider la réputation des Swiss Indoors; Ruud, Rune (avec son nouvel entraîneur Boris Becker) ou encore Hurkacz tenteront de faire oublier l'absence de dernière minute d'Alcaraz, dont le forfait a enlevé un peu de lustre à l'affiche.

Et si les Swiss Indoors ont perdu un peu de sel depuis la retraite de Federer (10 titres en 14 finales), ils ont tout de même gardé une saveur suave qui met en extase. La même qu'avant l'apparition de l'ancien ramasseur de balles, lorsque Björn Borg, Ivan Lendl, Stefan Edberg, Jim Courier, John McEnroe, Boris Becker ou Pete Sampras venaient greffer leur nom au palmarès de l'épreuve.

Dis-moi qui t'a remporté, je te dirai quel tournoi tu es…

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

Publié

Un aimant à nos 1 mondiaux

C’est en 1970 que Roger Brennwald, alors âgé de 23 ans, a eu fin nez en profitant d’un crédit de 40'000 francs pour construire la première halle gonflable du pays et lancer les Swiss Indoors, dont les premières éditions étaient réservées aux amateurs. Le vainqueur y gagnait d’ailleurs une montre d’une valeur de 200 francs. C’est la présence de Björn Borg, en 1977, qui a donné un véritable élan au tournoi bâlois. Depuis lors, tous les nos 1 mondiaux - sans exception - sont au moins passés une fois par la cité rhénane.

Un superbe palmarès

Parce qu’il a aimanté les nos 1 mondiaux, le tournoi bâlois dispose d’un palmarès en or massif. On l’a écrit, Borg, Lendl, Edberg, Courier, McEnroe, Becker, Sampras et Federer ont notamment embrassé le trophée. Et si Andre Agassi (1998, après avoir battu un certain Roger F. au 1er tour) et Rafael Nadal (2015) ont échoué en finale, Novak Djokovic a lui décroché la timbale en 2009. Des joueurs cotés mais n'ayant pas figuré sur le trône de l’ATP ont aussi enlevé les Swiss Indoors, notamment Guillermo Vilas, Michael Stich, Tim Henman, Juan Martin Del Potro ou Marin Cilic.

Jakob Hlasek a montré la voie

Michel Burgener a été le premier Suisse à s’imposer à Bâle, mais c’était en 1972, lorsque le tournoi n’en était qu’à ses premiers balbutiements. On peut donc dire qu’en triomphant devant John McEnroe en 1991 à l’issue d’une finale inoubliable (7-6 6-0 6-3), le Zurichois Jakob Hlasek a montré la voie à suivre à Roger Federer, qui lui a emboîté le pas quinze ans plus tard. Aucun autre Helvète n’est parvenu à les imiter, mais Marc Rosset (1992, 1993 et 1998), Marco Chiudinelli (2009) et Stan Wawrinka (2006 et 2011) ont rallié le dernier carré. Enfin, en double, Hlasek a triomphé à deux reprises (1988 et 1991), tandis que Rosset s’est imposé en 2001 aux côtés de Tim Henman.