Carnet 5: un incroyable Cazaux, des matches complètement dingues, des têtes qui vacillent et une édition déjà folle

"VIKA" CONFIRME! En cette période de vaches maigres pour le tennis suisse, on ne va pas bouder notre plaisir, et donc nous allons yodler pour Viktorija Golubic, qui a assuré sa place au 3e tour au prix d'une jolie victoire sur Katerina Siniakova, qui la devance pourtant de près de 40 places au classement. En dépit d'un 2e set raté, la Zurichoise s'est parfaitement ressaisie, alors même qu'elle avait été breakée en entame de 3e manche. Pas mal pour une joueuse qui, hors qualifications, n'avait jamais gagné la moindre rencontre à Melbourne Park en 7 tentatives. Suivante: Elina Svitolina. Rien à perdre mais bien tout à gagner pour "Vika"! Ya lala hi hou!

LA FRAPPE DU JOUR... Poursuivons avec le plus joli coup du jour, signé Carlos Alcaraz, vainqueur en 4 sets d'un excellent Lorenzo Sonego. L'Espagnol et l'Italien ont dégainé une grosse performance pour composer l'un des plus beaux matches de cette première semaine.

L'EXPLOIT DU JOUR... Il a été réalisé par Arthur Cazaux, auteur d'une immense partie pour s'offrir en 4 sets Holger Rune, l'un des outsiders du tournoi. Vainqueur de son premier match ATP en 2021 à Genève, auteur de son plus bel exploit en Grand Chelem à Melbourne, le Français choisit plutôt bien ses villes pour poser des jalons dans sa carrière. Ce que réalise le joueur de 21 ans est littéralement remarquable. Sa manière de rester dans le match malgré une baisse de régime en 3e manche démontre qu'il est entré dans une autre dimension. Son 16e de finale contre Griekspoor, qui s'est offert Fils, vaudra le coup d'oeil.

ZVEREV ROUÉ DE COUPS… "Ce n'était franchement pas bon." Finaliste de l'Open d'Australie 2001, Arnaud Clément avait été sans pitié mardi à l'heure d’analyser sur Eurosport le 1er tour d'Alexander Zverev. Eh bien après avoir perdu une manche contre Koepfer, l'Allemand s'est cette fois-ci trouvé dans les cordes face à l'inconnu Lukas Klein, un Slovaque 163e joueur mondial qui est passé à 2 points de la victoire (7-5 3-6 4-6 7-6 7-6). Mais ce voyage au bord du précipice n'est peut-être pas synonyme de petite forme pour le no 6 mondial. Klein a en effet été grand. Le qualifié a notamment décoché 80 coups gagnants et est allé chercher 67 points au filet. "Ce qu'il a fait était incroyable, a souligné l'autre grand blond champion olympique. Lukas m'a rendu spectateur de ce match; il frappait de toutes ses forces des deux côtés et je ne savais franchement pas quoi faire… Oui, il méritait davantage que moi de gagner..."

RUUD SONNÉ… Casper Ruud n'a pas vécu une meilleure journée que Zverev. Lui aussi s'est laissé embarquer dans un 5e set de tous les dangers, avec qui plus est tout le public contre lui puisqu'il affrontait l’Australien Max Purcell dans un match assez extraordinaire. Mais le Norvégien a fini par trouver la faille au super tie-break après avoir manqué une balle de match à 5-4 (6-3 6-7 6-3 3-6 7-6). Inutile de dire qu'il a poussé un sacré ouf! Beau joueur, Ruud a surtout tenu à relever les mérites de Purcell. "Je connais Max depuis nos années chez les juniors et je suis heureux de voir qu'il évolue désormais à un tel niveau. C'est super." Classe!

DEVANT L'IDOLE… Mais comment donc se sentira Tomas Etcheverry à l'heure de défier Novak Djokovic, vendredi au 3e tour en pleine Rod-Laver Arena? L'Argentin risque fort d'être tétanisé puisque le Serbe n'est autre que son idole! Preuve en est que depuis qu'il a marqué son premier point ATP, Etcheverry a pris pour habitude de mesurer, photos à l'appui, son évolution par rapport au no 1 mondial, voyant l'écart se combler en termes d'unités ATP mais pas en termes de titres. Reste que, solide bourreau de Murray et Monfils aux tours précédents, le joueur de 24 ans rêve de culbuter un autre "vieux", mais il lui faudra non seulement sortir le match de sa vie mais aussi mettre de côté tout le respect qu'il a pour le tenant du titre. Rien de simple!

HÉRITAGE TRANSALPIN… On se souvient bien de Renzo Furlan, bon joueur italien des années nonante, quart de finaliste notamment à Roland-Garros. Près de 30 ans plus tard, le quinqua réalise de jolies choses en tant que coach, puisque sa protégée Jasmine Paolini (WTA 31) est en 16es de finale de cet Open d'Australie. Tombeuse de Tatjana Maria, l'Italienne n'avait, elle non plus, jamais gagné plus de 2 matches dans un même tournoi majeur.

SWIATEK OUI, MAIS… Collins a envoyé "cent patates" et même mené 4-2 dans la 3e manche, mais Iga Swiatek a tenu bon et renversé la vapeur. L'ogresse de Varsovie, qui a fait de la victoire à Melbourne son grand objectif de ce premier trimestre, avait déjà résisté au 1er tour à la furia d’une Kenin qui peut être incisive et voilà qu'elle a fait tomber une autre Américaine (6-4 3-6 6-4). La no 1 WTA a fini sur les rotules, au bout d'une bataille de près de 3 heures, mais son ambition se maintient dans cette quinzaine. Se dégage toutefois le sentiment qu'une fois de plus sur les bords de la Yarra, Swiatek est prenable. Même si son prochain tour contre Noskova devrait être plus aisé.

CLAP DE FIN! Au détour de sa conférence d'après-match, Danielle Collins a révélé que cette saison est la dernière de sa carrière. L'a-t-elle dit sous le coup de la frustration? Vraisemblablement pas! "Je sais que je vais m'arrêter cette année, j'ignore encore quand, mais je me réjouis que tout cela soit fini", a ajouté l'Américaine de seulement 30 ans, finaliste à Melbourne en 2022 et lauréate de 2 titres WTA.

MATCH FOU! Un (autre) match complètement dingue s'est disputé chez les dames, avec la surprise du bout de la nuit: sur sa 10e balle de rencontre, Anna Blinkova a sorti Elena Rybakina 22-20 dans le super tie-break du 3e set, non sans que la Kazakhe ait eu 6 balles de match dans sa raquette. La rencontre a été dingue, l'ambiance exceptionnelle, le tie-break a été le plus long de l'histoire de l'Open d'Australie féminin. Que c'est beau, le tennis!

DODIN BLUFFANT(E)… Comme un ouragan, Océane Dodin a collé deux petites manches à Martina Trevisan (6-4 6-4), armant notamment 27 coups gagnants. La Française de 27 ans (WTA 95), considérée à ses débuts sur le circuit comme une future grande, n'avait encore jamais remporté deux matches de rang en Grand Chelem. Ses sensations actuelles l'autorisent même à espérer voir plus loin, mais tout se jouera d’abord au mental contre sa compatriote Clara Burel, elle aussi épatante devant Jessica Pegula (6-4 6-2).

Arnaud Cerutti

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