Carnet 7: l'année des sensations, un Medvedev serein, une Swiatek éjectée, un tableau qui s'ouvre et des cogneurs très attendus
L'HISTOIRE EN MARCHE… Une nouvelle page d'histoire du tennis portugais s'écrit en Australie. Et pas n'importe laquelle. Né un 19 février, un beau jour donc, Nuno Borges a créé une grosse sensation en dominant Grigor Dimitrov (6-7 6-2 6-4 7-6), que d'aucuns voyaient comme un sérieux client pour la victoire finale. Alors que le Bulgare menait 5-2 dans le 4e set et a même eu dans sa raquette une balle pour recoller à deux manches partout, le joueur de bientôt 27 ans a poursuivi sur la lancée qui est la sienne depuis son arrivée à Melbourne Park, ne paniquant pas et parvenant à resserrer sa garde pour enlever le tie-break et signer la plus belle perf de sa carrière. Auteur de 21 aces et très solide derrière sa 1re balle, Borges deviendra dans 8 jours le 2e joueur lusitanien à intégrer le top-50 après Joao Sousa. Et peut-être que dans 48 heures, lui qui est un sacré bosseur jouera un mauvais tour à Daniil Medvedev. Il n'y a pas de miracle secret avec Borges.
CAZAUX EN VIEUX BRISCARD… C'est fou comme quelques jours peuvent tout changer. Une prise de conscience, une prise de confiance surtout, et voilà qu'Arthur Cazaux (ATP 122, 21 ans) gagne maintenant ses matches en Grand Chelem tel un vieux briscard, en gérant tout de A à Z. Impressionnant, sûr de lui, de ses choix, de son tennis, le Français a maîtrisé sans trembler le grand Tallon Griekspoor (6-3 6-3 6-1; 35 coups gagnants, 14 fautes directes, 85% de points gagnés derrière sa 1re balle) en moins de 1h46, alors qu'au sortir de sa performance du 2e tour face à Holger Rune, les attentes et les regards s'étaient encore amplifiés. Oui, ce solide Cazaux mérite pleinement sa prochaine entrée dans le top-100 et sa place en 8es de finale. Et puisque rien ne doit le pousser à trembler contre Hubert Hurkacz…
MEDVEDEV RÉCUPÈRE… Il avait passé des heures sur le court jeudi et même fini à 3h du mat son pensum en 5 sets contre Ruusuvuori. Daniil Medvedev a réussi le tour de force de… récupérer des forces en jouant! Parce que oui, son duel face à Félix Auger-Aliassime a tourné court, le Russe n'ayant pas eu besoin de forcer devant le décevant Canadien (6-3 6-4 6-3). Cela ne dit toutefois pas grand-chose du véritable niveau de Medvedev dans cette quinzaine. A voir si Borges peut le mettre à l'épreuve.
KECMANOVIC NE LÂCHE RIEN… Celui que l'on n'avait pas vu venir en deuxième semaine, en plus d'Arthur Cazaux et de Nuno Borges, c'est Miomir Kecmanovic. Mais le Serbe, certes moins surprenant que le Français et le Portugais, fait bien mieux que se défendre pour sa 6e apparition à Melbourne Park. C'est au courage, et en sauvant deux balles de match, qu'il s'est défait de Tommy Paul, étonnant demi-finaliste en 2023 (6-4 3-6 2-6 7-6 6-0). Alors qu'il sortait d’un gros match deux jours plus tôt contre Struff, face auquel il avait dû écarter… deux balles de match, le matricule 60 ATP a littéralement torpillé l'Américain une fois la 4e manche en poche. Paul avait pris un trop gros coup sur la tête. Kecmanovic, déjà 8e de finaliste en 2022 (alors battu par Gaël Monfils) va donc défier Carlos Alcaraz lundi.
ÇA VA COGNER! Parmi les 8es de finale masculins qui se disputeront ce dimanche, deux s'annoncent très épicés: Jannik Sinner-Karen Khachanov et Andrey Rublev-Alex De Minaur. Relativement passés sous les radars en première semaine, les deux derniers cités ont été solides sur leurs deux ultimes sorties. Surtout, bien que l'on n'ait pas trop envie de s'enflammer parce qu'un joueur a brillé à la veille d’un tournoi majeur, force est de reconnaître que l'Australien (ATP 10), récemment vainqueur de Djokovic et Zverev à la United Cup, joue le meilleur tennis de sa carrière. Contre un Rublev qui cogne, ça promet!
LA STAT... Appelé à défier Novak Djokovic la nuit prochaine, Adrian Mannarino a passé 11h46 sur le court en 3 matches. En 2017, Roger Federer avait mis 11h37 pour gagner Wimbledon. Le Français va-t-il le payer cher face au tenant du titre?
PAS UNE SURPRISE! La sortie d'Iga Swiatek dès le 3e tour n'a rien d'une surprise, dans le fond. On avait en effet senti dès le début du tournoi que la Polonaise n'était pas en jambes, pas dans les dispositions pouvant lui permettre de viser quelque chose. La talentueuse Linda Noskova, à peine 19 ans et lauréate de Roland-Garros juniors 2021, les nerfs en acier, a su en profiter. Voilà la no 1 WTA passée par la fenêtre, une jeune pousse en train de se révéler et le tableau qui, lui, s'entrouvre encore un peu plus. Croustillant.
MARCHE TROP HAUTE... Pas de nouveau yodle pour Viktorija Golubic. Après avoir franchi 2 tours, la Zurichoise a buté sur une marche trop haute pour elle devant Elina Svitolina (6-2 6-3). Sa défaite logique lui ferme les portes d'un 8e de finale qui aurait été intéressant contre Noskova.
ZHENG BIEN INSPIRÉE… Encore en course après avoir maté sa compatriote Yafan Wang, la Chinoise Qinwen Zheng (WTA 15, 21 ans) a vu son destin de joueuse se dessiner depuis son canapé. "Je me souviens avoir suivi du début jusqu'à la fin la victoire de Li Na ici (ndlr: finaliste en 2011 et 2013, victorieuse en 2014). Je me la suis ensuite repassée des dizaines de fois." Elle y a puisé l'inspiration pour tracer son propre chemin. Pas sûr toutefois que cette semaine le reste du tableau féminin veuille la laisser emprunter jusqu'au bout les traces de sa glorieuse aînée. Une glorieuse aînée qui n'a pas manqué de féliciter Zheng avec une immense… claque sur les fesses alors que celle-ci donnait une interview!
VENT NOUVEAU… Maintenant que tous les 8es de finale sont connus, quiconque jette un regard sur le tableau féminin peut se rendre compte que rarement ces derniers temps un tournoi majeur n'avait été pareillement dépoussiéré de grands noms sur le front de la WTA. Si Gauff, Sabalenka ou Svitolina peuvent encore faire coucou depuis Melbourne, bien d'autres ont volé en éclats, laissant la place à des joueuses inattendues: Océane Dodin, Magdalena Frech, Anna Kalinskaya, Linda Noskova, Jasmine Paolini, Maria Timofeeva ou encore Dayana Yastremska. Non, ce n’est pas le metaverse, mais bien un vent nouveau plus que bienvenu.
Arnaud Cerutti
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