Carnet 12: l'espoir Sinner face au défi ultime, une demie entre meilleurs ennemis, Sabalenka qui fonce et une ancienne qui fait de la résistance

EXCITANTE, MAIS… D'un côté, Jannik Sinner, qui depuis 6 mois joue son meilleur tennis. De l'autre, Novak Djokovic, meilleur joueur de la planète, imbattable (ou presque) à Melbourne Park. C'est peu dire que la première demi-finale de vendredi (dès 4h30 sur RTS 2) apparaît très excitante. Vu d'ici, le combat s'annonce âpre, long et passionnant. Le risque pourtant est que l'ensemble fasse pschitt, comme bien de grandes affiches annoncées. Ce serait "ballot" pour cette édition 2024, qui a notamment livré une première semaine de haut vol.

LE DÉFI ULTIME... Vainqueur de Djokovic deux fois sur leurs trois derniers affrontements (le Serbe mène 4-2 dans l’ensemble), Sinner a semble-t-il un vrai coup à jouer demain. D'une part car il joue mieux que jamais et d'autre part car il n'a pas dépensé beaucoup d'énergie dans cette quinzaine (aucun set perdu). Mais la barre n’est-elle pas encore trop haute pour l'ancien skieur? Parce que oui, battre Nole en 2 sets gagnants est une chose. Mais le vaincre au meilleur des 5 manches, qui plus est dans une demi-finale de l’Open d'Australie, en est clairement une autre. "Je vais me donner à 100%, avoir la bonne attitude, et me battre, dit-il. C'est un plaisir d'affronter Novak." Reste à faire en sorte que cette demie n'en soit pas un pour le no1 mondial.

EN CONTRÔLE… Djoko, lui, n'a pas besoin d'évoquer un plaisir, une fierté ou autre. Le Serbe est habitué à évoluer à pareille altitude. Ce n'est pas la demie qui l'intéresse. Ni la finale. Mais le titre. Et même s'il n'a pas entamé le tournoi pied au plancher, il a petit à petit dépoussiéré son jeu et est monté en puissance. Le Serbe est en contrôle, comme souvent. Il sait qu'au meilleur des 5 sets, sa marge est encore plus grande. S'il est conscient d'avoir une fois été bousculé par Sinner en Grand Chelem (il fut mené deux sets à rien à Wimbledon 2022), il sait aussi qu'il peut lui administrer une danse, comme l'été passé sur le même gazon anglais.

MEILLEURS ENNEMIS… L'autre bras de fer, entre Daniil Medvedev et Alexander Zverev (qui ne se sont encore jamais affrontés en Grand Chelem!), s'annonce aussi corsé. Forcément, vu l'enjeu (à suivre dès 9h30 sur RTS 2), mais également car les deux hommes ne s'apprécient pas. L'un vise une troisième finale australienne, l'autre espère pouvoir explorer un territoire encore inconnu, puisque sa seule finale en Grand Chelem, il l'avait jouée (et perdue) à New York en 2020. Près de 4 ans plus tard (!), l’Allemand n'en a toujours pas disputé d'autre, vient à peine de battre un top-5 pour la première fois de sa carrière dans une quinzaine et donne l'impression de systématiquement buter sur les mêmes marches. La victoire contre Alcaraz peut-elle le libérer? "En tout cas, celle-ci me prouve que je suis redevenu un candidat à la victoire en Grand Chelem", répond-il. Pas sûr que "Meddy", qui mène 11-7 dans les confrontations directes, l'entende de cette oreille! "Il m'a souvent botté le c...", a reconnu l'Allemand.

MEDVEDEV, SOUVENT OUBLIÉ… De par son style dégingandé, Daniil Medvedev ne paie toujours pas de mine. Mais quel joueur! Le sympathique escogriffe russe ne lâche rien. Ou si peu. C'est un vrai bagarreur qui, on peut en être certain, ne rendra pas les armes devant son meilleur ennemi. S'il a été un peu éclipsé par l'arrivée en trombe d'Alcaraz et Sinner, et peut-être aussi par les bonnes performances de Rune ou Ruud, Medvedev reste l'un des meilleurs joueurs de ces 5 dernières années, double finaliste à Melbourne, double finaliste à l'US Open (avec un titre en 2021) et surtout ex-no1 mondial. D'aucuns ont tendance à l'oublier. Cette fin de tournoi peut lui permettre de taper du poing sur la table et de rappeler à tout un chacun ses faits d’armes.

SABALENKA AU FORCEPS... Le tennis est un sport qui peut rendre zinzin et Aryna Sabalenka ne dira pas le contraire. Déjà lâchée plusieurs fois par ses nerfs par le passé, la Biélorusse, surpuissante, a bien failli voir à nouveau les émotions emporter ses rêves. Supérieure à Coco Gauff dans tous les domaines, la tenante du titre a ainsi mis des plombes à plier une demi-finale qu'elle aurait dû bâcher en une heure et quelques. Détachée en 1re manche (5-2) puis bénéficiaire d'une balle de set, la costaude de Minsk s'est montrée fébrile et n'a trouvé son salut au tie-break. Reste qu'elle a fini par enlever cette rencontre et se rapprocher encore plus d'un titre qui lui tend les bras. Le tout sans perdre de manche! Pas mal quand même, non?

ZHENG RÊVE EN GRAND... Qinwen Zheng a elle tenu ses nerfs et frappé très fort pour dégoûter une Dayana Yastremska auteur notamment de 4 doubles fautes dans son 2e jeu de service et enquiquinée en début de match par ses abdos. Le succès de la Chinoise, pourtant très fragile au service, ne souffre aucune discussion. Dix ans après Li Na, la jeune femme - qui n'a affronté aucune membre du top-50 dans cette quinzaine! - rêve en grand d'imiter son idole, qui a embrassé la couronne d'Australie. Encore une victoire cette année à Melbourne et on pourra l'appeler "Queenwen" Zheng. Mais Aryna Sabalenka n'a rien à voir avec les joueuses vaincues jusqu'ici!

CA VA, HSIEH? Quart de finaliste à Melbourne en 2021, Su-wei Hsieh a bouclé sa carrière en simple en s'inclinant au 1er tour cette année. La Taïwanaise de 38 ans fait tout de même de la résistance sur d'autres tableaux, et avec la manière. Elle disputera ainsi les finales du double dames aux côtés d'Elise Mertens et du double mixte avec le Polonais de Jan Zielinski. Fort!

>> A lire aussi : Carnet 11: un match fou, une grande première pour Zverev, un Medvedev usé mais présent et un rêve vieux de 10 ans

Arnaud Cerutti