A qui la succession de Djokovic? Dans le tableau masculin, entrez c'est (très) ouvert!
Le Geneva Open placé dans la malle aux (bons) souvenirs de cette saison 2024, voilà que Roland-Garros est sur le pas-de-porte. On a connu pire invité dans cette bouillante actualité, surtout qu’il s’accompagne cette année d’un doute, d’un questionnement, qui tendent à penser qu’une page est à tourner, à Paris. L’ère de la domination du "Big Three" et de son complice au revers ravageur nommé Stan Wawrinka touche en effet peut-être à sa fin. Voilà 20 ans que ces mecs-là (et un en particulier) hantent le palmarès et semble venu le moment pour la concurrence de faire davantage que susciter des promesses (qui rendent la presse joyeuse). Il faut bander les muscles et aller chercher cette Coupe des Mousquetaires.
En garde, ils sont 5 ou 6 à pouvoir sérieusement nourrir l’ambition, cette fois-ci, d’aller au bout, de se débarrasser, sur l’ocre, de cette étiquette de prodiges aux pieds d’argile. Pêle-mêle, on va citer Alexander Zverev, Casper Ruud, Stefanos Tsitsipas, Carlos Alcaraz ou encore Jannik Sinner. "Selon moi, ce sont eux qu’il faut mettre en avant, relève Novak Djokovic. On pourrait également parler d’Andrey Rublev. En tout cas, je n’ai pas le souvenir d’un French Open aussi ouvert."
On peut dire ce que l’on voudra sur l’état de forme de Rafa, lorsque l'on parle de gagner Roland, on est obligé de parler de lui
Alors qu’on était sur le point de s’étonner qu’il ne parle pas de lui-même, le Serbe a reconnu, mardi dernier, être également à placer parmi les prétendants. "Même si je cherche encore mes sensations, je reste évidemment de ceux qui peuvent gagner", relevait-il au Geneva Open. Avant de déchanter 72 heures plus tard en quittant les Eaux-Vives l'estomac en vrac: "Bien sûr que je suis inquiet pour Paris! Je ne peux désormais plus du tout me sentir favori pour Roland-Garros", fit-il remarquer. Reste qu'un détenteur de 24 titres majeurs demeure un poil-à-gratter. L'accompagne dans cette catégorie un autre ancien, Rafael Nadal. "On peut dire ce que l’on voudra sur l’état de forme de Rafa, relever qu’il n’est peut-être plus le même qu’avant, mais lorsque l'on parle de gagner Roland, on est obligé de parler de lui, reprend "Nole". Roland-Garros, c’est Nadal. Point."
Remettre sur le tapis (rouge) la relation particulière qu’entretient l’Espagnol avec la Porte d’Auteuil change l’approche du 1er tour incroyable qui l'opposera lundi soir à Zverev. Car même s’il paraît proche du précipice, l’ancien no1 mondial semble capable, sur le Philippe-Chatrier, de trouver en lui un "truc" en plus pour renverser l’Allemand, deux ans après leur demie d’exception à Paris. "Ce sera un moment de "show", un match excitant à suivre, a relevé Djokovic. Bien que je pense que Zverev est le joueur en forme du moment, je n’enterrerais pas Rafa…"
Zverev vient de gagner le tournoi de Rome. Il est gonflé à bloc, avec une confiance à son maximum
Il n’en demeure toutefois pas moins que Nadal n’a, a priori, pas la "caisse" pour tenir une telle quinzaine. Casper Ruud, lui, apparaît armé. Double finaliste à Paris, récent finaliste à Monte-Carlo, vainqueur à Barcelone et titré hier au Geneva Open, le Norvégien n’est jamais éreinté. Ses soucis de cervicales derrière lui, il est d’attaque pour ce tournoi qu’il chérit. "Mon tennis est meilleur que les années précédentes et, après mon raté à l’Open d’Australie, je me réjouis d’aborder ce Roland", dit-il. Mais lui aussi voit Alexander Zverev comme une sorte d’homme à battre. "Il vient de gagner le tournoi de Rome, il est gonflé à bloc, avec une confiance à son maximum, ajoute Ruud. Quant à moi, je ne peux pas me considérer comme favori. Ce statut revient plutôt à Djokovic et Nadal."
A côté des deux monstres sacrés, posons donc Alexander Zverev. Le grand blond de Hambourg a le vent dans le dos, au contraire de Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, qui relèvent à peine de problèmes de santé. L’Espagnol et l’Italien ont bien sûr des armes qui peuvent faire mal sur terre battue (et partout ailleurs, bien entendu), mais les inconnues liées à leur état physique ne plaident pas en leur faveur. Finaliste en 2021, Stefanos Tsitsipas a lui un titre à Monte-Carlo dans les jambes et un vrai mieux dans son jeu. Sauf que le Grec a souvent eu le mental qui flanchait au moment où les attentes autour de lui avaient augmenté. Il a qui plus est hérité d’un 1er tour piège contre Marton Fucsovics.
A moins que cette ouverture face au Hongrois ne soit un tremplin vers ce sommet où les vieux sages du passé se savent en position de devoir passer le témoin à une nouvelle génération qui a longtemps été aux abonnées absentes? Alcaraz, Ruud, Sinner, Tsitsipas et Zverev se disent prêts. Chiche?
Arnaud Cerutti
Trois outsiders
Ouvert à tous les vents, Roland devrait revenir à l’un des noms susmentionnés (Alcaraz, Djokovic, Nadal, Ruud, Sinner, Tsitsipas ou Zverev). Vingt ans après le triomphe inattendu de Gaston Gaudio, on ne s’attend en effet pas à une surprise considérable à la Porte d’Auteuil. Parmi les éventuels outsiders, on pourrait cependant citer Andrey Rublev (brillant vainqueur à Madrid, mais auteur d’une saison difficile en dehors), Nicolas Jarry (finaliste à Rome mais pas transcendant le reste du temps cette année), voire Hubert Hurkacz (vainqueur à Estoril, quart-de-finaliste à Rome). Mais de là à imaginer l’un de ces trois porter la Coupe des Mousquetaires le dimanche 9 juin, il y a un pas que l’on ne franchira pas...
Qui d'autre qu'Iga Swiatek?
Pas d’ouverture chez les dames! Iga Swiatek a apparemment verrouillé le tableau. Triple vainqueure à Paris, la Polonaise est magistrale sur terre battue. Elle peut devenir en quelque sorte la Nadal au féminin du côté de la Porte d’Auteuil. Avec ses succès à Madrid et à Rome (elle a écœuré la concurrence en Italie), la tenante du titre déboule avec une confiance à son paroxysme. Seule Aryna Sabalenka et, dans une moindre mesure, Elena Rybakina ont l’air de pouvoir l’enquiquiner. Danielle Collins et Coco Gauff resteront tout de même à surveiller.
Si faible contingent suisse
Deux Helvètes seulement figurent dans le tableau parisien (peau de chagrin…): Stan Wawrinka et Viktorija Golubic, qui joueront tous deux ce soir. En mal de sensations, le Vaudois, qui joue peut-être son ultime Roland, a été servi par le sort en héritant d’Andy Murray au 1er tour. L’Ecossais semble vraiment en bout de course au vu de ce qu’il a démontré à Genève. C’est une aubaine pour le vainqueur 2015. Pour Golubic, les affaires ne sont en revanche pas encourageantes. Non seulement la Zurichoise ne brille pas spécialement à Roland-Garros, mais en plus Barbora Krejcikova, lauréate 2021, est une adversaire qui peut se montrer redoutable.
La RTS diffuse plusieurs rencontres par jour. D'autres matches sont à suivre sur l'application Eurosport.