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Carnet 11 - Deux tornades inattendues, un curieux bal des éclopés, Zverev le démineur et un Djokovic sur le billard

La Russe Mirra Andreeva a fait tomber la no2 WTA Aryna Sabalenka en se montrant audacieuse. Elle a rendez-vous jeudi avec son premier dernier carré en Grand Chelem.
La Russe Mirra Andreeva a fait tomber la no2 WTA Aryna Sabalenka en se montrant audacieuse. Elle a rendez-vous jeudi avec son premier dernier carré en Grand Chelem.
Les femmes ont marqué la journée d'hier à Roland-Garros, Mirra Andreeva et Jasmine Paolini ayant joliment déjoué les pronostics. Malmené lors de ses deux derniers tours, Alexander Zverev a pour sa part corrigé la mire pour sortir Alex De Minaur. Enfin, se tiendra vendredi un "bal des éclopés" tandis que Novak Djokovic a déjà eu rendez-vous avec le bistouri.

PARIS PERDUS Ils étaient nombreux, les parieurs, à se ruer sur une potentielle demi-finale entre Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, qui n’avaient jusqu’ici pas égaré la moindre manche dans ce Roland-Garros 2024. On espère juste qu’ils n’ont pas déposé leur 2e et 3e piliers sur cette affiche, car ni la Kazakhe ni la Biélorusse ne figureront dans le dernier carré parisien! La défaite de l’une contre Jasmine Paolini et le revers de l’autre devant Mirra Andreeva ont mine de rien constitué de grosses sensations. Mais plutôt que de se concentrer sur ces éliminations, saluons leurs bourrelles, qui ont crânement joué leur chance.

PAOLINI, SACRÉ TEMPÉRAMENT! Commençons donc par Paolini, la petite Italienne qui bouscule les pronostics. Contre Rybakina, la protégée de Renzo Furlan a été étonnante d’abnégation, de volonté, avec cette envie de coller à sa ligne, de ne jamais reculer, de ne pas céder le moindre espace à la lauréate de Wimbledon 2022 (victoire 6-2 4-6 6-4). Ses variations ont fait tourner la tête d’une Kazakhe qui ne semblait pas dans son assiette – Rybakina a parlé de soucis d’allergie et de sommeil. Sans un esprit qui divague en fin de 2e manche ("J’ai été trop émotive, à ce moment", a dit la Transalpine), l’addition aurait pu être beaucoup plus nette. Car en voyant arriver à ses pieds son premier dernier carré en Grand Chelem, Jasmine Paolini - qui a également des origines ghanéenne et polonaise - a eu de la peine à enfoncer le clou et a de fait relancé par deux fois son adversaire. Avant d’accélérer à nouveau dans le 3e set. L’attend désormais une entrée magique dans le Top-10. Et peut-être bien d’autres choses encore. Qui sait?

AH, CETTE CONFIANCE... Il est intéressant d'écouter la brave Jasmine évoquer sa mue, qui est davantage mentale que tennistique. Evidemment qu'elle a progressé tactiquement et techniquement, mais c'est dans sa tête que bien des éléments se sont déverrouillés. "J'ai bien sûr travaillé dans tous les domaines, mais le fait de gagner aide, a-t-elle relevé après son quart de finale. J'ai joué pas mal de grands matches l'an dernier et ceux-ci m'ont donné confiance. Je me suis rendu compte que oui, je suis en mesure de jouer contre les grands noms du circuit. Match après match, j'ai appris à croire en moi, à entrer sur le court en me disant que oui c'est dur, mais qu'il y a la possibilité de faire quelque chose, que j'ai une chance. Auparavant, je me disais 'non, c'est impossible de gagner, ou alors il me faudrait un miracle...' Maintenant, je sais que si je joue mon jeu, je peux gagner."

ÉPOUSTOUFLANTE ANDREEVA Non, les demi-finales ne sont pas un mirage pour Andreeva. Petit nez en trompette, sourire radieux, la Russe d’à peine 17 ans ne craint ni les géantes ni les cogneuses. Elle offre un tennis audacieux, chouette à voir, et ne s'est donc pas écrasée devant Aryna Sabalenka. Mieux, elle lui est entrée dedans pour finir par l’achever par un délicieux lob (6-7 6-4 6-4). La Biélorusse, comme Rybakina quelques heures plus tôt, n’était peut-être pas forcément dans les meilleures dispositions (gastro?), mais il n’y a rien à enlever aux mérites de Mirra Andreeva, auteur d’une très grande prestation (43 coups gagnants, seulement 26 fautes directes). Au point de dégoûter pour de bon Sabalenka, qui ne s'est même pas présentée en conférence de presse "pour raisons médicales", a indiqué la WTA.

DJO... K.-O. Le journal L’Equipe l’a annoncé hier en début de journée: Novak Djokovic est déjà passé sur le billard, à Paris, pour réparer ce ménisque esquinté ces derniers jours et qui l’avait poussé au forfait avant son quart de finale contre Casper Ruud. Résultat: le futur ex-no1 mondial devrait manquer Wimbledon, qui commence le 1er juillet. Une mauvaise nouvelle pour lui qui aurait aimé récupérer la couronne perdue l’an dernier au bout d’une finale d'exception contre Carlos Alcaraz. Mais une bonne nouvelle pour le circuit, qui devrait voir la lutte pour le titre à Church Road s’emballer encore davantage.

DE MINAUR, SOUTENU JUSQU'AU BOUT Après avoir découvert Paul, un petit Parisien fan de lui lors de son 3e tour, Alex De Minaur s'est pris d'affection pour le gamin - qu'il a réussi à revoir grâce à un appel sur les réseaux sociaux -, au point de l'inviter dans quasiment chacun de ses déplacements Porte d'Auteuil. L'histoire est aussi incroyable que belle, l'enfant ayant carrément été convié par deux fois tout près du "box" du no11 mondial, qui a même fait l'effort de parler en français avec lui. Pas suffisant toutefois pour faire trébucher Alexander Zverev.

ZVEREV, RÉALISTE Parce que oui, Alexander Zverev sait de nouveau gagner sans friser la correctionnelle. Alex De Minaur avait jusqu'ici mis le boxon dans le tableau masculin, renversant notamment Jan-Lennard Struff et Daniil Medvedev, mais il a cette fois-ci trouvé avec l'Allemand plus réaliste que lui (6-4 7-6 6-4). L'Australien a bien voulu tenter d'éviter les longs rallyes, de perturber le grand blond, rien n'y a fait. Le match n'a pas été beau, non (101 fautes directes en 3 sets!), mais pour le finaliste de l'US Open 2020, seule la victoire compte. Prochain rendez-vous: Casper Ruud, contre lequel il reste sur une défaite, violente (6-3 6-4 6-0), en... demi-finales de Roland-Garros 2023.

LE BAL DES ÉCLOPÉS Vendredi, soit dans un peu plus de 24 heures, se tiendront les demi-finales messieurs, dont un très intéressant Jannik Sinner-Carlos Alcaraz, que l'on pourrait baptiser "Le bal des éclopés". Une semaine avant le tournoi, personne ne savait où les deux hommes en étaient et le doute planait encore quant à leur participation à cette édition 2024. Désormais, l'Italien s'apprête à devenir no1 mondial et l'Espagnol n'a lâché qu'une manche en 5 sorties et reste sur une performance très convaincante devant Stefanos Tsitsipas. Les éclopés vous saluent bien!

Arnaud Cerutti

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