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Carnet 13 - Les souffrances d'Alcaraz, la nouvelle chance de Zverev, le rêve de Paolini et l'ogresse Swiatek qui ne veut rien lâcher

Iga Swiatek, Jasmine Paolini, Carlos Alcaraz et Alexander Zverev. Quatre athlètes pour deux titres. Mais à qui le susucre? Réponses samedi pour les dames et dimanche pour les messieurs.
Iga Swiatek, Jasmine Paolini, Carlos Alcaraz et Alexander Zverev. Quatre athlètes pour deux titres. Mais à qui le susucre? Réponses samedi pour les dames et dimanche pour les messieurs.
Week-end de finales à Roland-Garros, avec un ultime duel masculin qui opposera Carlos Alcaraz à Alexander Zverev, deux ans après un quart de finale de haut vol. Chez les dames, l'outsider Jasmine Paolini pourra-t-elle pousser son conte de fées jusqu'au titre? Face à Iga Swiatek, ses chances sont infimes, mais l'Italienne jouera crânement sa chance.

LE FORT ALCARAZ Il n’avait pas spécialement été mis à contribution dans ce tournoi jusque-là et il était dès lors difficile de poser un véritable regard sur son tennis et particulièrement sur sa forme. Carlos Alcaraz a répondu de la meilleure des manières en s'offrant le scalp de Jannik Sinner (2-6 6-3 3-6 6-4 6-3) au terme d’un match qui n’a franchement pas atteint les sommets escomptés, mais qui a au moins permis à l’Espagnol de montrer qu’il reste un défenseur de premier plan. Après une entame compliquée, il a su attendre son heure et le coup de mou du futur no1 mondial pour entrer dans sa bulle, qui n’a éclaté que pour lui permettre de jouer avec le public, de transmettre ses émotions et d’accueillir celle de la foule. Quelques passings bien sentis, notamment en revers, l'ont aidé à atteindre sa 3e finale en Grand Chelem, la première à Paris. Mauvais signe pour Alexander Zverev: Alcaraz a, à chaque fois, transformé l’essai.

LA PHRASE "Tu dois prendre du plaisir à souffrir". Voilà comment Carlos Alcaraz explique l’attitude qu’il a dû adopter pour rallier sa première finale Porte d’Auteuil.

SINNER, JAMBES COUPÉES Jannik Sinner avait lui démarré pied au plancher, menant 6-2 2-0. Puis une première panne s’est produite dans ses jambes et son jeu, puis, comme son opposant, il s’est retrouvé tendu comme une arbalète. Abandonné par son service dans la 2e manche, l’Italien n’était ensuite plus le même joueur que durant les trois premiers quarts d’heure, n’armant même plus de coups gagnants, comme si ses grands compas ne lui permettaient plus d’entrer pareillement dans le court et de pousser sur les gambettes pour déborder Alcaraz. Un sursaut au 3e set de ce match assez illisible a laissé croire que la qualification pour la finale était possible. C’était compter sans la caisse physique de l’Ibère.

ET ÇA A FAIT PSCHITT! Alors que le match Alcaraz-Sinner n’avait déjà pas tenu toutes ses promesses, l’affiche Alexander Zverev-Casper Ruud a elle aussi été tronquée (succès 2-6 6-2 6-4 6-2 du grand blond). Comme l’Italien, le Norvégien avait démarré de la plus belle des manières, surprenant l’Allemand, sur la lancée de leur demie de l’an dernier maîtrisée en patron. Mais cette fois-ci, le triple lauréat du Geneva Open a calé. D’une part car Zverev a pris ses responsabilités en jouant 1 mètre plus en avant, en frappant plus juste et plus fort, en servant mieux également (quelle solidité après la manche initiale!), mais aussi parce que l’estomac de Ruud n’était plus droit. 

RUUD COURAGEUX Se plaignant de maux de ventre et fébrile à partir du 2e set, le finaliste des éditions 2022 et 2023 n’était plus le tacticien de la manche initiale, plus le joueur imprenable, sûr de son fait et de ses choix. Pâlot et diminué, le bon Casper n’était pas totalement un fantôme non plus, mais n’était plus pareillement impliqué dans son match, n’y était même plus par moments. "Mais je ne veux pas chercher d'excuses", a-t-il déclaré. On peut toutefois se demander si, en d’autres circonstances, le Norvégien n’aurait pas mis la flèche…

FINALE TRÈS PROMETTEUSE Carlos Alcaraz aime la terre battue, le soleil et la chaleur, qui devraient être présents dimanche pour la finale. Mais contre Alexander Zverev, l’Espagnol ne sera pas aussi largement favori qu’on pourrait le penser. Parce que tout le monde se souvient de l’excellent quart de finale qui avait opposé les deux hommes en 2022 sur le même Philippe-Chatrier. En feu, l’Allemand avait alors dominé l’Espagnol au bout de l’un des plus beaux matches du tournoi (6-4 6-4 4-6 7-6). Depuis, le duo s’est parfois retrouvé pour des combats inégaux. Tout le monde serait gagnant si la finale de dimanche pouvait être du même acabit que leur bras de fer d’il y a deux ans.

ZVEREV DEVANT Au jeu des confrontations directes avec l’Espagnol, Alexander Zverev mène le bal 5-4. Avantage à Alcaraz sur terre battue (2-1), mais avantage à l’Allemand en Grand Chelem (2-1). A noter qu’en début d’année à l’Open d’Australie, c’est le grand blond qui avait fait la loi, s’imposant 6-1 6-3 6-7 6-4 en quarts de finale.

NOUVELLE OCCAS' Alexander Zverev, le garçon qu'on nous présentait - presque logiquement - à son arrivée sur le circuit comme le prochain vainqueur de Grand Chelem a toujours un palmarès vierge dans le domaine, malgré tout son immense potentiel. Désormais âgé de 27 ans, l'Allemand va bénéficier d'une deuxième occasion d'enlever un "Majeur" après celle galvaudée à l'US Open 2020 contre Dominic Thiem. Il y a 3 ans et demi, "Sascha" avait plié après avoir mené deux manches à rien et également servi pour le titre (6-2 6-4 4-6 3-6 6-7). A New York, son mental l'avait complètement lâché. "A l'époque, je n'étais pas assez mûr pour gagner un Grand Chelem", a-t-il lancé hier soir. Depuis, il est devenu un tout autre homme. Que se passera-t-il dans sa "tronche", dimanche à Paris?

PAOLINI, LA MISSION IMPOSSIBLE? Jasmine Paolini a incontestablement été le rayon de soleil de ce Roland-Garros féminin. Après une première semaine détrempée, l’Italienne a fait briller son sourire et surtout son jeu sur la terre battue parisienne, dessinant un beau conte de fées, de ceux dont elle n’aurait même jamais osé rêver, comme elle l’a reconnu. Cette aventure peut-elle avoir un point final digne de ce nom, tout à l’heure sur le Philippe-Chatrier (dès 15h00 sur RTS 2)? Face à l’ogresse de l’ocre Iga Swiatek, qui visera un 4e titre à Roland, les augures ne sont pas bons. Mais après tout, qui, voici 15 jours, aurait pu imaginer la Toscane bondir sur une place en finale?

LE ROULEAU COMPRESSEUR DE VARSOVIE Une grosse (grosse) alerte au 2e tour Naomi Osaka (7-6 1-6 7-5), puis une promenade de santé. Ainsi a été le tournoi d’Iga Swiatek, le rouleau compresseur de Varsovie, qui étouffe ses adversaires puis finit par leur rouler dessus. Sur ses quatre derniers matches, la no1 WTA a collé 6-4 6-2, 6-0 6-0, 6-0 6-2, 6-2 6-4. Elle évolue deux étages au-dessus du reste du la meute, seule sur son art perché. Paolini, qui a déjà pris par deux fois la foudre polonaise (6-2 6-1 à Prague en 2018, puis 6-3 6-0 à l’US Open 2022), a tout à craindre. Mais paradoxalement rien à perdre au bout de cette finale aux teintes polonaises – la mère de l’Italienne est à moitié polonaise et la joueuse maîtrise parfaitement la langue.

DEUXIÈME CHANCE Si par malheur Jasmine Paolini venait à manquer le titre samedi en simple, elle bénéficierait d’une deuxième chance dimanche en double dames. L’Italienne est en effet qualifiée pour cet ultime rendez-vous avec sa compatriote Sara Errani (face à la paire Coco Gauff/Katerina Siniakova). Finaliste en simple en 2012, la Bolonaise a triomphé en double à Paris, la même année, aux côtés d’une autre Transalpine, Roberta Vinci. Mauvais présage en individuel pour Paolini?

Arnaud Cerutti

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