Carnet 5 - Vikings bousculés, Djoko monte en puissance, Paquet surprise et stupide blessure
VIKINGS BOUSCULÉS Casper Ruud et Holger Rune ont senti passer le vent du boulet. Mais le Norvégien et le Danois ont fini par trouver leur salut, tard hier soir, au bout de 5 sets. Ruud, qui reste l'un des trois favoris pour le titre, a été poussé dans les cordes par un Davidovich Fokina en feu (63 coups gagnants), mais il a su tenir jusqu'au bout, signe de son mental remarquable et de ce caractère qui lui permet de ne jamais baisser les bras (7-6 1-6 6-3 4-6 6-3). La rage, après avoir laissé passer l'orage. Et surtout la fierté d'avoir pu prendre sa revanche sur leur bras de fer d'il y a 3 ans (gagné 7-6 2-6 7-6 0-6 7-5), dont il disait encore voici 72 heures "avoir du mal à se remettre". Holger Rune est, lui aussi, passé par tous les états d'âme. Après une entame tambour battant contre Flavio Cobolli, il a vu l'Italien mener 5/0 puis 6/2 dans le super tie-break. Le manque de lucidité du demi-finaliste du Geneva Open et l'expérience de la tête de série no13 ont fait le reste (6-4 6-3 3-6 3-6 7-6). Comment dit-on "ouf" en danois?
DJOKOVIC FACON MARIUS Il aurait fallu des conditions caniculaires pour que Roberto Carballes Baena (31 ans, ATP 63) puisse espérer un tantinet chatouiller les mollets de Novak Djokovic. La pluie, le vent et forcément le toit ont décidé de faire du 2e tour du toujours no1 mondial une espèce de promenade de santé. Sous ses faux airs de Bernardo Silva, l’Espagnol n’était pas taillé pour faire mieux que prendre trois petits sets (6-4 6-1 6-2). Un break concédé d’entrée a laissé apparaître l’illusion d’une ouverture, mais "Nole" a réagi, puis comme Marius dans "Les Bronzés font du ski", a lancé "J’m’arrête pas, j’suis lancé". Il a ainsi enchaîné 6-4 4-0 avant de concéder une nouvelle fois son service. Mais sans que cela aille plus loin. Le demi-finaliste du Geneva Open fonce sur Lorenzo Musetti, évidemment facile vainqueur de Gaël Monfils. Un Musetti qui, voici 3 ans, avait mené 2 manches à rien contre Djokovic en 8es de finale. Sauf que depuis lors, l'Italien n'a pas donné le sentiment d'avoir progressé...
ARNALDI, UNE DENT CONTRE LES BLEUS Dans ce Roland-Garros au public hostile, Matteo Arnaldi n’a pas peur de se mettre du monde à dos. Non-content d’avoir dominé Arthur Fils au 1er tour, l’Italien a sorti un autre Français hier, Alexandre Müller, 6-4 6-1 6-3. En roue libre, le gamin de San Remo atteint ainsi pour la première fois de sa (jeune) carrière un 16e de finale en Grand Chelem. Malheureusement pour lui, plus de "Bleu" à l’horizon, mais Andrey Rublev, le cogneur de Moscou, qui se souvient avoir été éliminé par… un Transalpin, l’an dernier au 3e tour (Sonego).
LE CALVAIRE DE MÜLLER Alexandre Müller a une excuse. Le joueur de 23 ans souffre en effet de la terrible maladie de Crohn, qui affecte le système digestif. Lui qui a déjà le mérite de jongler avec cette pathologie pour mener à bien sa carrière s’est trouvé désarmé face à l’interruption de son affrontement avec Arnaldi. "Sur la deuxième reprise, il a mis 3 aces et je me suis retrouvé en hypoglycémie complet derrière, a-t-il dit devant la presse. Ce sont des choses difficiles à gérer avec ma maladie. Tu commences le match à 11h00, tu as pris le petit déj’ à 07h00, on t’arrête 30 minutes et forcément tu ne peux pas manger. Et moi, si je mange un truc, je dégueule direct…"
SHAPOVALOV À TERRE MAIS QUALIFIÉ Denis Shapovalov a eu beau se faire bombarder par Frances Tiafoe, il a trouvé comment s’en sortir (6-7 6-4 6-2 6-4) afin de rallier le 3e tour pour la deuxième fois seulement de sa carrière après sa défaite de l’an dernier contre Carlos Alcaraz. Le Canadien peut espérer aller plus loin encore, puisqu’il croisera le fer avec Hubert Hurkacz, un autre joueur dont la brique pilée n’est pas forcément la tasse de thé malgré son titre à Estoril en avril.
DIMITROV ENCHAÎNE Les années passant, Grigor Dimitrov (33 ans) n’a plus vraiment de quoi passer pour un outsider, mais le Bulgare peut toujours, çà et là, endosser le costume de "poil-à-gratter". Sera-t-il celui qui dérange dans cette édition 2024? Pour le moment en tout cas, lui qui n’a jamais fait mieux que les 8es de finale Porte d’Auteuil déroule: 6-4 6-3 6-4 dimanche contre Kovacevic, puis 6-0 6-3 6-4 hier devant Maroszan. Costaud. A suivre: le Belge Zizou Bergs, issu des qualifications.
STUPIDE BLESSURE On pourrait écrire un bouquin sur les blessures les plus stupides des athlètes de haut niveau. Et il est malheureusement clair qu'Arthur Rinderknech y trouverait une place! Parce qu'hier, après une entame de match parfaite devant Tomas Etcheverry (6-3 7-6), le Français s'est embrouillé, a lâché une manche puis a surtout vu rouge en constatant que son tennis lui échappait. Résultat: un coup de pied de frustration dans un panneau publicitaire et patatras, une blessure! Qui l'a empêché de poursuivre son pensum. Le Varois de 28 ans a été contraint de mettre la flèche (6-3 7-6 1-6 0-5, abandon).
PAQUET SURPRISE Au cours d’une journée encore largement saucissonnée par la pluie, il y a eu une éclaircie pour la France: Chloé Paquet. Bientôt âgée de 30 ans, la joueuse de Versailles, classée 136e à la WTA, a maté Katerina Siniakova (WTA 33, 3-6 7-6 7-6). Un très gros exploit pour elle qui n’avait, avant cette édition 2024, gagné qu’un seul match dans le tableau principal de Roland-Garros en six tentatives. Sans vouloir jouer le rabat-joie, sa belle histoire devrait tout de même s’arrêter là, puisqu’au prochain tour l’attend une Marketa Vondrousova qui sera sûrement moins magnanime si Paquet aligne à nouveau 67 fautes directes.
COLLINS, SANS PATATE Dans son habit de lumière depuis le début de l’année, avec des titres à Miami et Charleston, une finale à Strasbourg, une demie à Rome, la no10 WTA Danielle Collins avait jusque-là une "bonne tête d’outsider". Sans énergie ni patate, elle a pourtant explosé hier contre Olga Danilovic (WTA 125). Et c’est forcément une grosse surprise pour l’Américaine, qui disputait son dernier Roland-Garros, Battue 6-7 7-5 6-4, Collins a pourtant servi pour le match dans la 2e manche…
EN ABSURDIE Ainsi donc, devant les tribunes calamiteuses de son tournoi, Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros, a-t-elle décidé d’interdire l’alcool dans les rangs. Oui, cela peut être une idée. Sauf qu’au lieu de prendre une mesure qui ne changera certainement rien, l’ancienne no1 WTA aurait mieux fait d’y instaurer le savoir-vivre et l’éducation… Trop tard hélas.
Arnaud Cerutti