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Carnet 9 - Djoko l'enchanteur, Ruud le père tranquille, Sabalenka la cogneuse et Zverev toujours debout

Novak Djokovic, homme-élastique, capable de tout remettre.
Novak Djokovic, homme-élastique, capable de tout remettre.
Novak Djokovic a fait du Novak Djokovic à Paris, pour renverser avec brio son 8e de finale et Francisco Cerundolo. Son tournoi devient fou. A l'inverse, Casper Ruud est discret mais très efficace. Malmené lui aussi, Alexander Zverev a encore survécu à 5 sets. Pendant ce temps-là, Aryna Sabalenka se promène.

DJOKOVIC SI FORT Même s'il faut reconnaître que Cerundolo a quelque peu "choké", on ne trouve plus les mots devant ce qu'offre Novak Djokovic. Oui, c'est un monstre. Il est le Real Madrid du tennis, le gars dont on connaît le scénario des matches à l'avance, alors même que son adversaire veut y croire. Y compris lorsqu'il est mené 2 manches à 1 et 4-2 dans le 4e set et qu'il semble accompagné par toute la misère du monde, on sait qu'il va gagner. Sauf qu'avec les années, le Serbe a appris à allier l'art et la manière, à mettre du panache dans ses victoires, ce qui avait tant manqué par le passé. La façon avec laquelle il a retourné sa rencontre face à Cerundolo - et l'Argentin par la même occasion - est bluffante. Il a sorti des coups stratosphériques, homme-élastique qu'il est, capable de frapper dans toutes les positions, de tout remettre, et même de délivrer des amorties exceptionnelles. Et ce après avoir eu la bataille de dimanche matin dans les pattes. Non, c'est clair, il n'est pas fait comme nous. C'est si fort, et franchement on ne voit toujours pas qui peut le battre à Paris. A moins que...?

L'IMPOSSIBLE FORFAIT? Il est clair que le genou qui couine de Djokovic n’a pas été guéri par miracle; une grosse dose d’antidouleurs a soulagé tout cela. Pour combien de temps? "Je ne suis pas sûr de jouer le prochain match", s’est exclamé le Serbe. On peut croire qu’un soupçon de bluff se niche dans ses paroles. Parce qu’on n’imagine pas une seule seconde le no1 mondial rendre les armes sans même combattre. Même à 37 ans. Même avec plusieurs heures de jeu dans les pattes. Cela ne fait pas partie de son ADN. 

RUUD, L'HISTOIRE D'UN MEC C'est l'histoire d'un mec qui est passé à une victoire de devenir no1 mondial et a déjà disputé 3 finales de Grand Chelem, dont 2 à Roland-Garros, mais que personne (à part à Genève, apparemment) ne semble vraiment prendre au sérieux. Telle est l'histoire de Casper Ruud - futur adversaire de Djokovic -, qui passe les tours sans mettre le public à ses pieds, sans faire la "une" non plus, mais avec jusqu'ici cette capacité à répondre à tout. Hier encore, j'avais 20 ans, le Norvégien a expédié Taylor Fritz en 4 sets (7-6 3-6 6-4 6-2) en répondant à un break en entame de 3e manche. Les petits soucis physiques de l'Américain (adducteurs) ont peut-être aidé le triple lauréat du Geneva Open à accélérer au moment opportun, mais ceux-ci n'expliquent pas tout. Lorsque Ruud envoie son coup droit, ça peut faire des dégâts. Après, reste à voir ce que sa tête dira devant Djokovic (qu'il n'a battu qu'une fois en 6 matches, il y a 2 mois à Monte-Carlo).

ZVEREV TOUJOURS DEBOUT Ses mèches blondes avaient frisé le code samedi devant Tallon Griekspoor, elles ont fait pareil hier soir face à Holger Rune, mais Alexander Zverev est là, et bien là, en quarts de finale de Roland-Garros (victoire 4-6 6-1 5-7 7-6 6-2). L’Allemand fait de la résistance et reste un prétendant à la couronne, même si ses batteries ne sont plus pleines. Jusque-là, sa capacité à encaisser et à se relever épate. Bien mal embarqué dans la 4e manche alors que le Danois menait 2 sets à 1, l’escogriffe de Hambourg a encore une fois su serrer le jeu, réduire au maximum sa marge d'erreurs et ainsi ne pas exploser, comme cela aurait encore pu être le cas il y a 3 ou 4 ans. Alors certes, à force de le voir évoluer sur un fil, on a souvent fini par le voir tomber. Mais jusqu’à preuve du contraire, dans ce Roland qui reste ouvert, Zverev est toujours debout, toujours vivant.

UNE AMPOULE, PLUS DE LUMIÈRE Daniil Medvedev avait enlevé sa première manche contre Alex De Minaur et semblait en mesure de pouvoir poursuivre dans la bonne direction face à l'Australien, joueur régulier mais très peu spectaculaire. Puis à 2-3 dans le 2e set, le Russe a fait appel au médecin pour soigner une ampoule sous son pied droit. Ensuite, plus de lumière! Jambes en coton, passivité manifeste, Medvedev a pris l'eau. Rideau! Et De Minaur, qui s'est découvert un tout jeune fan français dans cette quinzaine, a fait ce qu'il fallait (4-6 6-2 6-1 6-3) pour s'inviter à son 2e quart en Grand Chelem, le premier sur une terre battue où on ne l'attendait vraiment pas.

SABALENKA EN DÉMONSTRATION Le refrain est reparti: "Ca fait bim, bam, boum, ça fait pshht et ça fait vroum", direction les quarts de finale pour Aryna Sabalenka. Affronter la Biélorusse est visiblement l’assurance d’en prendre plein la poire et de finir par recevoir une leçon de tennis, en étant… payée pour. Après Erika Andreeva, Moyuka Uchijima et Paula Badosa (qui aura toutefois résisté une heure), c’est la brave Emma Navarro qui n’a rien pu faire devant les pains de la femme de Minsk. Battue 6-2 6-3, l’Américaine n’y a vu que du jeu. Et du feu, sorti de la raquette de la tête de série no2, en démonstration (7 aces et 36 coups gagnants en 1h11). Implacable. Intraitable. Et jusqu’où dans ce tournoi?

PAOLINI, BLEU AZUR Son rêve bleu, Jasmine Paolini (28 ans, WTA 15) le vit comme jamais en 2024. Déjà 8e de finaliste de l’Open d’Australie puis titrée à Dubaï, l’Italienne se trouve désormais en quarts, sa meilleure performance en "Majeurs", après s’être remise d’aplomb devant Elina Avanesyan, contre laquelle elle avait manqué son départ (4-6 6-0 6-1). La protégée de Renzo Furlan aurait pu liquider l’affaire en deux manches, mais elle a été surprise par la terre battue et par la météo. "J’ai été prise au dépourvu par des conditions de jeu qui n’avaient rien à voir avec celles que nous avions connues en première semaine, a-t-elle commenté. J’étais hors-sujet au début de mon match, puis j’ai lutté sur chaque point pour corriger le tir." Elle devra batailler encore, mercredi contre une Elena Rybakina qui ne fait pas de bruit mais gagne, toujours.

RYBAKINA À PAS FEUTRÉS Elle non plus ne perd pas de manche (comme Sabalenka), mais n'envoie pas des parpaings à gauche et à droite. Reste que sobriété ne veut pas forcément dire manque d'efficacité. Au contraire, puisqu'Elena Rybakina fait son chemin à Paris, loin de Gauff, Sabalenka ou Swiatek, mais en se profilant gentiment et sûrement comme une très sérieuse candidate à quelque chose d'intéressant. Sa performance nette et quasi sans bavure devant Elina Svitolina (6-3 6-4) témoigne de son aisance cette quinzaine, marquée hier par une réelle efficacité derrière sa première balle.

GRACHEVA S'ARRÊTE LÀ Au lendemain de l'élimination de Corentin Moutet, le dernier espoir français s'est envolé en simple. Varvara Gracheva est tombée contre Mirra Andreeva (7-5 6-2), qui elle aussi s'entraîne à Cannes mais a conservé son passeport russe. "J'ai été trop impatiente, j'ai commis trop de fautes en coup droit, mais je reviendrai pour faire mieux", a assuré la 88e mondiale, qui représentera son nouveau pays aux JO le mois prochain.

Arnaud Cerutti

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