Imaginez donc: vous vous qualifiez pour votre première demi-finale sur le circuit ATP et se dresse face à vous soit un tenant du titre de Roland-Garros (et accessoirement meilleur joueur de la planète) soit le finaliste de la dernière édition parisienne. Voilà ce que vivent Tomas Machac (ATP 44) et Flavio Cobolli (ATP 56) au Geneva Open, où tous deux découvriront cet après-midi les joies du dernier carré à ce niveau, en affrontant respectivement Novak Djokovic et Casper Ruud.
Au-delà de la beauté de la situation, qui les propulse dans le "monde des grands", tous deux peuvent à la fois passer du statut d’invités-surprises à celui de fauteurs de troubles. Qui, en effet, leur pardonnerait de priver les Eaux-Vives d’une finale de rêve entre le Serbe et le Norvégien?
Le Tchèque et l’Italien n’ont cure de ce que pensent les spectateurs genevois. A raison. Eux sont là pour défendre leurs chances, aller le plus loin possible, écrire leur histoire, fût-il pour cela écorner les idoles. "Mon tournoi n’est pas fini, je ne vise rien d’autre que le titre", nous a ainsi affirmé Machac jeudi après-midi, peu après avoir validé son billet pour les demi-finales. Âgé de 23 ans, l’enfant de Beroun, à une trentaine de kilomètres de Prague, n’a peur de rien, si ce n’est de l’addition des restaurants genevois. Djokovic? "C’est le meilleur joueur du monde, mais je vais jouer ma chance à fond", promet-il.
Voici quinze mois à Dubaï, le compagnon – à la ville comme en double mixte - de Katerina Siniakova (WTA 34, mais qui a enlevé tous les titres du Grand Chelem en double dames!) avait malmené le Serbe, jusqu’à le pousser au tie-break du 3e set. Si proche de le faire tomber. Ou plutôt si loin, à entendre Machac lui-même. "Oui, nous étions allés jusqu'au jeu décisif, mais c’est lui qui avait eu les clefs, qui était le meilleur. Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire de différent." La solution, le joueur de 23 ans va devoir la trouver tout à l’heure pour commettre un premier crime de lèse-majesté aux Eaux-Vives. Avant d’être suivi par Cobolli?
Découverte de ces derniers mois, le joueur établi à Rome – "il est fan de la Roma, où il a évolué chez les jeunes, surtout pas de la Lazio", précise son préparateur physique – n’avait jamais été aussi bien classé à l’ATP que cette semaine (56). Cette demi-finale genevoise devrait lui permettre de faire un bond supplémentaire. Mais pourquoi ne pas aller plus loin? Après tout, Casper Ruud a déjà laissé un peu d’énergie sur la terre battue du Geneva Open et le joli coup droit de Cobolli pourrait user le Norvégien.
Passé pro en 2020, entraîné par son père, le Transalpin - tombeur de Ben Shelton au 2e tour - présente la particularité d’avoir enlevé Roland-Garros juniors en double avec un certain… Dominic Stricker. Surtout, derrière ses airs nonchalants, il est dans une forme excellente en ce moment. Suffisant pour que le cadre idyllique des Eaux-Vives se trouve à la merci de deux fauteurs de troubles armés de raquettes?
Arnaud Cerutti, Genève
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