Carnet 4 - Djokovic entre ombre et lumière, Bencic vers une sacrée affiche, Zverev impressionne alors qu'une championne a pris la porte

LE GROS DEMARRAGE DE BENCIC Et un tour de plus à Melbourne pour Belinda Bencic! C'est le "cocorico" de la journée, le dernier qui puisse un peu bercer - c'est le cas de le dire - le tennis suisse. Après s'être défaite de Jelena Ostapenko, la Saint-Galloise a été plutôt réaliste devant Suzan Lamens, la Néerlandaise qui lui faisait face dans ce 32e de finale (6-1 7-6). La force de la championne olympique 2020 - qui n'a passé qu'une fois 3 tours à Melbourne en 10 participations - est d'avoir entamé son 2e rendez-vous tambour battant, concluant la 1re manche en 25 minutes. Un sursaut d'orgueil de la Batave à 6-1 5-3 a retardé l'échéance, mais Bencic a su s'éviter l'incertitude d'un 3e set. Le soulagement s'est lu sur son visage après la rencontre. "Ce n'était pas évident de jouer dans ces conditions très venteuses", a-t-elle relevé. La suite, pour elle, c'est un 16e de finale fort intéressant contre Naomi Osaka. Un bras de fer de mamans.

OSAKA, RELATIVE SURPRISE Ce duel est à redouter pour Bencic, car même si Naomi Osaka demeure réglée sur courant alternatif, elle est encore et toujours capable de dégainer de belles choses. L'ancienne no1 WTA l'a prouvé de fort belle manière en dominant Karolina Muchova, qui partait pourtant favorite de cette empoignade. Mieux encore, la Japonaise a su se relever d'un 1er set gaufré pour revenir en force (1-6 6-1 6-3). C'est en se montrant plus offensive ensuite que la lauréate 2019 et 2021 a fait tourner la rencontre. Bencic aura tout intérêt à se méfier du regain de puissance et de moral d'une Osaka qui, vraisemblablement, n'abandonne jamais.

QINWEN PRISE DANS LES FILETS Si la chute de Muchova n'est pas passée inaperçue, la vraie surprise du jour a été celle de Qinwen Zheng. Finaliste l'an dernier et récente championne olympique, la Chinoise s'est empêtrée dans le jeu de Laura Siegemund (WTA 97), joueuse régulière en termes de classement mais dont les coups d'éclat se comptent sur les doigts d'une main (un quart de finale à Roland-Garros en 2020). L'Allemande de bientôt 37 ans, doyenne du tableau et plutôt orientée vers le double et le double mixte ces dernières années (1 titre majeur dans chacun des exercices), a su enrhumer la 5e mondiale, victime de son impatience, trop vite frustrée par son incapacité à répondre.

DJOKOVIC S'EST EMPLOYE L'homme a beau avoir 24 titres du Grand Chelem dans sa besace, il n'est pas à l'abri d'une mauvaise surprise. Après avoir déjà perdu une manche au 1er tour contre Nishesh Basavareddy, Novak Djokovic en a égaré une autre contre Jaime Faria - le premier Portugais à lui prendre un set dans l'histoire. Ca lui fait un beau marcel, une belle jambe aussi. Le Serbe doit toutefois rire d'entendre ceux qui doutent de son niveau parce qu'il n'a pas été expéditif dans ses 2 premiers tours. Sous la houlette d'Andy Murray, l'ogre de Belgrade a surtout l'oeil sur la 2e semaine. Mais il ne doit pas trop prendre les choses à la légère non plus. Parce que l'attend vendredi un certain Tomas Machac, pas le dernier venu.

LE COURAGE DE MACHAC Révélation du Geneva Open 2024, où il avait atteint la finale, Tomas Machac est allé puiser loin les ressources pour retourner le géant Reilly Opelka, qui est pourtant passé à 3 points du match. C'est en 5 sets que le Tchèque a trouvé son salut face à celui qui avait notamment entamé l'année en dominant... Djokovic à Brisbane (3-6 7-6 6-7 7-6 6-4). Malgré les 40 aces qu'il a pris en pleine poire, le 25e mondial a su rester patient avant de trouver la faille lui permettant d'aller à la rencontre du Serbe... qu'il avait justement fait tomber l'an dernier aux Eaux-Vives. Machac rêve maintenant de faire bégayer l'histoire. Mais le contexte est tout autre.

RUUD LA LOI DU 2E TOUR Casper Ruud est passé par la fenêtre dès le 2e tour. Après avoir déjà frisé le code d'emblée, le Norvégien a cette fois-ci été roué de coups par Jakub Mensik, le talentueux Tchèque qui fait son chemin vers les hauteurs du classement (6-2 3-6 6-1 6-4). Il n'y a rien à redire sur la performance du vainqueur, bien plus solide dans tous les compartiments du jeu et d'un calme olympien (22 aces, 71% de points gagnés sur sa 1re balle, 62 coups gagnants). Ruud, en revanche, s'écrase une 3e fois au 2e tour à Melbourne. Et sur 10 des 13 derniers "majeurs" que l'intéressé a disputés, soit il est sorti en 32es de finale, soit il est allé... en finale. Qu'est-ce qui l'attend dans 5 mois à Paris?

UN OEIL SUR ZVEREV Il ne fait plus vraiment de bruit, ballotté qu'il se trouve entre le "vieux" Novak Djokovic ainsi que les deux jeunes Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, mais Alexander Zverev, demi-finaliste l'an dernier, est bien là. Sa performance sans faille contre Pedro Martinez (6-1 6-4 6-1) ne doit pas passer sous les radars. Excellent au service et au filet, l'Allemand pourra certainement encore monter en puissance au prochain tour contre Jacob Fearnley, un adversaire totalement à sa portée.

QUESTION DE GEO... Apparemment les supporters français présents à Melbourne ont "Tout le monde déteste les Anglais" lorsque Fearnley affrontait le "Bleu" Arthur Cazaux. Sauf que l'actuel 92e mondial vient d'Edimbourg, capitale de... l'Ecosse.

AÏE AÏE AJLA C'est hélas terminé pour Ajla Tomljanovic, l'un des rares espoirs australiens du tableau féminin. Comme l'an dernier, la fille de l'ancien handballeur Ratko Tomljanovic - qui avait évolué durant 3 ans à Thoune dans les années nonante - s'est arrêtée au 2e tour. Elle a cette fois-ci été victime de Diana Shnaider (6-4 7-5), non sans avoir eu plusieurs occasions de surprendre la Russe, 13e WTA. Ciel lourd sur Melbourne pour les locales.

Arnaud Cerutti