Carnet 5 - Fritz comme les légendes, Sinner mouche McEnroe, Medvedev culbuté, Collins irritée et un miracle allemand
LES BONNES TRACES DE FRITZ A 300 à l'heure; ainsi est entré Taylor Fritz dans son 9e Open d'Australie. Après avoir collé 6-2 6-0 6-3 à Jenson Brooksby, le finaliste du dernier US Open a atomisé Cristian Garin 6-2 6-1 6-0, soit seulement 8 jeux égarés en deux sorties, devenant ainsi - w.-o. excepté - le 3e joueur depuis 37 ans à en avoir perdu si peu pour atteindre le 3e tour à Melbourne. Les deux autres sont des types nommés Roger Federer (6 en 2008) et Rafael Nadal (4 en 2011), deux mecs qui ont paraît-il marqué l'histoire. C'est dire le rouleau compresseur qu'est actuellement l'Américain. "Je veux gagner un Grand Chelem cette année", répète-t-il d'ailleurs à l'envi. Mauvais présage toutefois dans cette quinzaine: ni "RF" en 2008 ni "Rafa" en 2011 n'avaient fini par triompher. Le titre était à chaque fois revenu à... Novak Djokovic. Bonne nouvelle pour le Serbe, en revanche?
MONFILS, DES JAMBES DE 20 ANS Gaël Monfils ne tient plus en place. Vainqueur de son 7e match de suite par la grâce de son succès sur Daniel Altmaier (7-5 6-3 7-6), le Parisien de 38 ans en paraît 18 de moins en Australie. Calme et davantage focalisé sur son tennis que sur les à-côtés, "La Monf" dit récolter les fruits de son travail des derniers mois. "On taffe, mais les résultats ne viennent pas tout de suite, a-t-il relevé en conférence de presse. On continue de taffer, on s'accroche. Sauf qu'on nous compare à des légendes. Mais eux, c'est le soleil. Ne me prends pas pour le soleil, je suis à peine un petit nuage..." Manière de dire qu'il n'est ni Nadal ni Djokovic. Monfils pourra-t-il tout de même illuminer son 3e tour contre ce Taylor Fritz version TGV?
SINNER S'EST REMIS D'APLOMB Un premier set en dedans, une moitié de 2e manche pas mieux-mieux, puis ça a fini par tourner. Tenant du titre, Jannik Sinner a mis du temps à trouver le rythme contre Tristan Schoolkate, un régional de l'étape sans grande référence (ATP 173). L'inquiétude n'a toutefois pas vraiment eu le temps de s'installer pour l'Italien qui, comme Marius, une fois lancé, ne s'est pas arrêté (4-6 6-4 6-1 6-3). Ce qui lui a permis un trait d'humour à l'heure de l'interview sur le court avec John McEnroe, qui lui a demandé comment il faisait pour être si calme. "Je crois qu'on peut dire que toi et moi, nous sommes quelque peu différents", s'est marré le no1 mondial.
BERRETTINI PAS SOLIDAIRE En plus de Jannik Sinner, trois autres Italiens étaient sur le pont jeudi. Et seul Matteo Berrettini a cédé. Le Romain a commis trop de fautes et s'est montré trop maladroit dans son jeu vers l'avant contre Holger Rune (7-6 2-6 6-3 7-6) pour poursuivre sa route australienne, non sans avoir manqué 2 balles de 2 manches partout. Tout s'est en revanche mieux passé pour les Lorenzo, Musetti et Sonego. Le premier a été très réaliste devant Denis Shapovalov (7-6 7-6 6-2). Le second, tombeur de Stan Wawrinka au 1er tour, s'est arraché pendant 5 sets pour briser l'insolence de la révélation Joao Fonseca (6-7 6-3 6-1 3-6 6-3).
DE MINAUR A L'APPEL Il porte sur lui les espoirs de tout un peuple, qui a enfin compris qu'il ne doit plus croire en Nick Kyrgios. Alex De Minaur (ATP 8) est l'Australien que le tout-Melbourne attend aux contours de cette quinzaine. Encore plus depuis que quelques experts l'ont décrit comme mûr pour "claquer" un Grand Chelem en 2025. La mission a beau sembler compliquée, ses compatriotes veulent croire dans le gamin de Sydney, bientôt âgé de 26 ans. Pour l'heure, celui-ci le leur rend bien, puisqu'il a déroulé lors de ses deux premiers matches - van de Zandschulp battu 6-1 7-5 6-4, puis Boyer dominé 6-2 6-4 6-3. Quart-de-finaliste à Roland-Garros, à Wimbledon et à l'US Open en 2024 - ses meilleurs perfs en "majeurs" - De Minaur doit encore faire un saut de qualité pour s'imaginer au rendez-vous final. Son prochain tour, contre Francisco Cerundolo, aura à ce titre valeur de vrai test. Avant un bras de fer avec Sinner en quart?
MEDVEDEV, REBELOTE... OU PRESQUE L'année dernière au 2e tour, Daniil Medvedev avait patienté jusqu'à près de 4 heures du matin pour se défaire d'Emil Ruusuvuori. Aujourd'hui, le Russe a fait un peu moins tard (près de 3 heures du mat' en Australie), il a sauvé une balle de match dans le 3e set, mais il n'est pas parvenu à s'extraire des griffes de l'espoir américain Learner Tien (ATP 121, 19 ans). Le triple finaliste de Melbourne, qui a notamment dégainé une volée d'exception pour ne pas céder, a longtemps repoussé l'échéance. Avant de tomber. Ses points ATP vont s'envoler.
SWIATEK, LE MORS AUX DENTS 6-3 6-4 puis 6-2 6-0. C'est peu dire qu'Iga Swiatek est elle aussi entrée à fond les ballons dans son tournoi. Le mors aux dents, toujours irritée par ce contrôle antidopage positif dont elle se dit innocente, la Polonaise entend marquer son territoire sur le court, dans une Australie qui ne lui a réussi qu'une fois (demi-finale en 2022). Son prochain rendez-vous l'opposera à Emma Raducanu, celle à qui elle a succédé au palmarès de l'US Open voici deux ans et demi. L'occasion d'envoyer un message à la concurrence? En tout cas, la régularité de la Polonaise paie. Elle est devenue jeudi la 4e joueuse de l'histoire à atteindre au moins le 3e tour de 20 épreuves du Grand Chelem de suite. Les trois précédentes? Martina Navratilova, Arantxa Sanchez et Conchita Martinez. Du beau monde.
LYS PREND RACINE C'est un "Sommermärchen" de Melbourne, un miracle d'été australien pendant que l'Allemagne est dans les frimas. Eva Lys, perdante heureuse d'hier, est la grande gagnante aujourd'hui. Repêchée après le forfait d'Anna Kalinskaya, la native de Kiev a passé un tour supplémentaire dans son aventure australienne. Kimberly Birrell avait été prise dans ses filets mardi, Varvara Gracheva a mordu à l'hameçon ce jeudi, battue 6-2 3-6 6-4. Lys pourrait même rêver encore plus grand, son 16e de finale l'opposant à Jaqueline Cristian semblant très ouvert. "Je suis sans voix, mais si heureuse", a commenté la 128e mondiale, déjà assurée de faire un bond au classement WTA à la fin du mois. Et l'intéressée a déjà gagné un surnom: "Lucky Lys".
"PAPAOUTAI" D'ordinaire entraînée par son papa, Eva Lys doit faire sans, sur les bords de la Yarra. Simplement parce qu'une fois sa fille éliminée en qualifs, le paternel a décidé de rentrer en Allemagne. Mauvais choix. Qu'elle aille en 2e semaine serait le bouquet pour M. Lys, qui suit sans doute l'oeil attendri le parcours de sa fille, couvée entretemps à Melbourne par Torben Beltz, l'homme qui avait notamment emmené Angelique Kerber vers les sommets.
COLLINS IRRITEE Danielle Collins aimerait bien revivre le même parcours australien qu'en 2022, lorsqu'elle avait atteint la finale. Mais l'Américaine se met beaucoup de pression et elle a ainsi mal pris le support du public pour son adversaire australienne Destanee Aiava. Donc une fois sa mission - difficilement - remplie, la trentenaire a répondu à sa manière aux fans "adverses". On a connu plus classe...
BENCIC EN DIRECT Rendez-vous suisse de la journée de vendredi, le 16e de finale de Belinda Bencic contre Naomi Osaka sera à suivre aux alentours de 07h00 sur RTS 2. La Saint-Galloise n'aura strictement rien à perdre face à la Japonaise qu'elle a déjà battue à 3 reprises en 5 affrontements. Bencic s'est imposée à Indian Wells, à Madrid et à l'US Open, à chaque fois en 2019. Elle s'est en revanche inclinée en 2013 dans un Challenger à Pelham puis en 2022 à Miami. A qui reviendra le 6e bras de fer?
Arnaud Cerutti
Sujet vidéo: Stefan Renna