Carnet 3 - La colère de Medvedev, les regrets de Wawrinka, le coup de génie transalpin et la fabuleuse histoire d'une repêchée

>> Open d'Australie: le résumé de la 3e journée :

DES REGRETS Stan Wawrinka a donc perdu au 1er tour de cet Open d'Australie et il y a vraiment de quoi nourrir des regrets pour le Vaudois, qui a livré un match de belle facture contre Lorenzo Sonego (6-4 5-7 7-5 7-5). Le lauréat 2014 était au niveau et, au vu de sa forme, il aurait sans doute passé l'épaule contre un adversaire moins coriace que le Turinois. Présent dans le combat, bien en jambes, "Stanimal" reverra certainement avec une certaine amertume les 3 balles de set galvaudées en fin de 4e manche, à un moment où il semblait en mesure de pouvoir mettre un coup sur la tête du joueur de 29 ans. C'est dur d'avoir traversé le Pacifique pour perdre d'emblée, mais sur sa prestation pure, le vétéran n'a pas grand-chose à redire. Dix points, seulement, l'ont séparé de son tombeur.

LE MUTANT TURINOIS Force est de reconnaître que Sonego avait les jambes en feu et était présent aux quatre coins du court. En témoigne ce point complètement dingue qui lui a offert un break décisif en fin de 3e set. Impeccable au filet (77% de réussite), auteur de 63 coups gagnants pour 30 fautes directes, l'escogriffe a su être plus tranchant dans les moments importants.

ATTENTION LA CHUTE! Il y a pile-poil un an, Adrian Mannarino faisait la "une". Une accession aux 8es de finale, après un match fou remporté contre Ben Shelton, permit au gaucher de 36 ans de défoncer le mur du top-20 pour la première fois de sa carrière. Hélas pour lui, le reste de son année 2024 avait été pour le moins chahuté. Et 2025 n'a pas mieux commencé. Détruit en 3 sets par Karen Khachanov, "Manna" va sortir du top-100.

MEDVEDEV ENTRE OMBRE ET LUMIERE Arrivé tardivement à Melbourne après avoir assisté à la naissance de son 2e enfant, Daniil Medvedev n'a pas encore les idées tout à fait en place. Le finaliste 2021, 2022 et 2024 a souffert comme rarement pour se défaire de l'inconnu thaïlandais Kasidit Samrej (ATP 418!). Malgré ses 24 aces, il lui a fallu 5 sets, pas mal de cheveux arrachés et un sérieux pétage de plomb devant le filet pour trouver la clé menant au 2e tour (6-2 4-6 3-6 6-1 6-2). Le Russe a tout de même tenu à rendre hommage à son adversaire: "S'il joue comme ça à chaque match, sa vie sera belle: argent, filles, casinos, etc...", s'est-il marré.

BERRETTINI EN FEU On ne jurera pas que Matteo Berrettini va poursuivre sa route en s'offrant le scalp de Holger Rune, mais la production de l'Italien a été très solide contre Cameron Norrie, battu en 4 sets. Puissant et costaud comme dans ses meilleures années, avant les blessures, le finaliste de Wimbledon 2021 a été en maîtrise totale: 32 aces, 63 coups gagnants, aucun break concédé. Difficile de faire mieux pour un joueur qui avait manqué l'édition 2024 et avait été sorti d'emblée en 2023. "Je suis content de ma performance et je pense que mon revers est meilleur que par le passé, a lancé le Romain. Mais il y a encore de la marge pour m'améliorer. J'ai juste besoin de jouer davantage contre les meilleurs joueurs du monde." Bonne nouvelle: Rune est 13e ATP.

MONFILS, BELLE BATAILLE Le choc franco-français, véritable opposition de générations entre Gaël Monfils et Giovanni Mpetshi Perricard, a tenu ses promesses. Contre un vieux briscard qui reste sur un titre à Auckland, le puissant lauréat des Swiss Indoors pensait pouvoir faire des dégâts avec la lourdeur de ses frappes, notamment son service. Mais il a été pris au dépourvu par la solidité du Parisien, bien calé sur ses grands compas et visiblement pas là pour faire le show. Régulier dans l'échange, patient comme il ne l'est pas si souvent, Monfils a tenu la baraque, écartant une balle de set dans la manche initiale pour prendre les devants. Avant de caler et de laisser filer 2 balles de match dans le 3e set. Cela semblait sonner le glas de ses ambitions. Sauf que dans l'emballage final, le vétéran (38 ans) a su garder la tête froide et le tennis clinique. Au final, c'est lui qui a le mieux servi, le mieux retourné et qui a passé l'épaule. Fort.

LA DESILLUSION POPYRIN En Grand Chelem, Alexei Popyrin restait notamment sur une victoire contre Novak Djokovic à l'US Open, dans la foulée son premier titre en Masters 1000, à Montréal. Autant dire que l'Australien entrait dans "son" Open avec le mors aux dents. Mais patatras! Après un set rondement mené devant Corentin Moutet, le natif de Sydney a totalement volé en éclats, étourdi par les grigris du gaucher français. Malaise sur Melbourne Park.

FONSECA A PART Il va bien falloir se rendre compte de ce que réalise depuis quelques semaines l'intenable Joao Fonseca; vainqueur du Masters de la Next Gen à fin 2024, le Brésilien vient de s'envoyer le Challenger de Canberra, les 3 matches de qualification de cet Open d'Australie et, ce mardi, il a estomaqué un Andrey Rublev en seulement 3 petites manches (7-6 6-3 7-6). Quatorze matches remportés d'affilée, avec un dernier coup droit monstrueux. Et ce à 18 ans seulement. Qui dit mieux?

LYS A FLEURI Il y a eu une histoire un peu rocambolesque, hier, avec l'accession du lucky loser Francesco Passaro au 2e tour, grâce à un forfait (Fognini) puis à un abandon (Dimitrov). Mais que dire du mardi d'Eva Lys, l'Allemande sortie en qualifications et désormais elle aussi au 2e tour à Melbourne? Lucky loser, mais prête à regagner l'Europe puisqu'aucune joueuse ne semblait sur le point de se retirer du tableau, la droitière établie à Hambourg a appris seulement 10 minutes avant l'horaire qu'elle allait devoir s'aligner au 1er tour. "J'avais réservé mon vol, j'ai dû me changer très vite", a-t-elle souri. La cause: le forfait d'Anna Kalinskaya, qui devait en découdre avec l'Australienne Kimberly Birrel. La Russe sur le flanc, c'est Eva Lys qui a été envoyée au feu. Et elle ne s'est pas brûlé les mains, collant un sec et sonnant 6-2 6-2 à son adversaire. Un merveilleux cadeau d'anniversaire pour celle qui avait soufflé ses 23 bougies dimanche soir.

LA PHRASE DU JOUR "Je joue super bien depuis le début de l'année, j'ai bien joué lors de la United Cup que nous avons gagnée avec les Etats-Unis. Je ne vois aucune raison de ne pas être en confiance." C'est signé Taylor Fritz, finaliste de l'US Open 2024, expéditif hier contre Jenson Brooksby, et qui dit ouvertement rêver de s'offrir un tournoi majeur cette saison. Vraiment?

ET ENFIN Terminons par un autre gros point, signé Botic van de Zandschulp. Bien que balayé par Alex De Minaur, le Néerlandais a dégainé le geste du match.

Arnaud Cerutti
Sujet vidéo: Frank Rohrbasser