Stanislas Wawrinka a su enchaîner quarante-huit heures après son exploit devant Novak Djokovic. En finale, "Stan the Man" défiera dimanche sur la Rod Laver Arena le vainqueur du choc qui opposera vendredi soir Roger Federer (ATP 6) à Rafael Nadal (ATP 1).
Même s'il ne l'admettra jamais, Roger Federer doit ressentir une pression terrible sur ses épaules après cette victoire de Wawrinka. Le Bâlois ne peut pas supporter l'idée qu'une finale d'un tournoi du Grand Chelem entre deux joueurs suisses tombe à l'eau par sa faute.
"Une finale contre Federer... ce serait incroyable!"
Même s'il fut loin de livrer le match du siècle dans cette demi-finale bien ardue pour les relanceurs, Stanislas Wawrinka mérite encore une fois tous les éloges. Parfaitement protégé par son service - 18 aces -, le joueur de Saint-Barthélemy a su attendre son heure pour infliger au Tchèque une quatrième défaite de rang.
"Je ne sais pas quoi dire, c'est incroyable, je suis tellement content, a réagi le Vaudois. Je travaille très dur chaque jour, mais je ne pensais pas aller en finale d'un Grand Chelem un jour, et cela arrive. Une finale contre Federer? Ce serait incroyable!"
"Iron Stan", solide au service
Avec sa recherche perpétuelle des lignes et son jeu plat, Tomas Berdych n'est jamais à l'abri d'une ou deux bourrasques qui peuvent l'entraîner dans la tempête. La première fut ce jeu de service perdu à 4-3 au premier set sur une bourde étonnante lors d'un smash. La deuxième fut ce jeu décisif du troisième set concédé notamment sur... deux doubles fautes. La dernière fut enfin cette nouvelle double-faute qui a permis au Suisse de mener 4/1 dans le tie-break du quatrième set.
Résumer le scénario de cette demi-finale aux coups de sang de Tomas Berdych serait une tragique erreur. Sur 3h32' de jeu, Stanislas Wawrinka a mené sa barque avec une maîtrise qui est bien celle d'un homme capable aujourd'hui de gagner un grand titre.
Même la perte du tie-break du deuxième set sur le score sans appel de 7/1 ne l'a pas fait dévier de sa ligne de conduite. Elle dictait de témoigner d'une très grande agressivité sur ses jeux de service. Et de tenter de temporiser à la relance plutôt que d'engager vraiment le combat.
"La clé du match fut le service de Stan", a conclu Magnus Norman, le coach du Vaudois.
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si/baru
Une autre finale pour Magnus Norman
Treize ans et demi après sa défaite à Roland-Garros devant Gustavo Kuerten, Magnus Norman vivra une autre finale dans un tournoi du Grand Chelem. Entraîneur de Robin Söderling lors de ses 2 finales disputées à la Porte d'Auteuil en 2009 et 2010, le Suédois entend faire partager à Stanislas Wawrinka son expérience.
"Jouer une finale d'un tournoi du Grand Chelem est un moment exceptionnel à vivre, explique-t-il. En 2000, j'ai commis des erreurs dans l'avant-match. Comme je venais de battre Kuerten à Rome, je me suis imposé bien trop de pression. Je me suis senti dans l'obligation de gagner". Il s'était incliné 6-2 6-3 2-6 7-6 dans une rencontre où il avait eu vraiment la possibilité d'entraîner le Brésilien dans une cinquième manche.
Pour Wawrinka, la donne n'est pas la même. Quel que soit le nom de son adversaire dimanche, il ne sera pas le favori. "Je pense bien sûr que Stan souhaite retrouver Roger dimanche pour marquer l'histoire avec une finale entre 2 Suisses, poursuit le coach. Mais si c'est Nadal, il aura autant de plaisir. Il est aussi très lié avec Rafa".
Norman sera bien sûr un spectateur attentif de la demi-finale de vendredi. Il espère peut-être une finale suisse qui lui offrirait un derby suédois face à Stefan Edberg. "Nadal est vraiment gêné par son ampoule, lâche-t-il. Après les quarts de finale, le favori est Federer. Le revêtement est vraiment rapide. Il sert ses intérêts. Seulement, tout le monde connaît l'extraordinaire faculté de Nadal de hisser le niveau de son jeu lors des grands matches".
"C'est lui qui a été chanceux aujourd'hui"
A la fin du match, Tomas Berdych n'avait pas grand-chose à se reprocher. "Je n'ai raté qu'une chose, mon jeu de service dans le 1er set. Sinon, j'ai réussi à être agressif, à ne pas commettre d'erreurs, à attaquer Stan, surtout sur ses revers slicés. Mais le tie-break c'est toujours une loterie, et c'est lui qui a été chanceux aujourd'hui."