"L'équipe de Suisse compte deux merveilles"

GEORGES DENIAU (ancien entraîneur des équipes de Suisse et de France): La défaite de vendredi contre Gaël Monfils a été le meilleur entraînement pour Roger Federer en vue de la suite de la compétition. Il sait mieux que personne ce qu'est un grand match.

Et Stan a été magistral! Il a une puissance de concentration exacerbée dirigée sur la Coupe Davis. Il a une puissance terrible. C'est un régal technique de les voir jouer. J'ai de la peine pour l'équipe de France. Mais franchement, l'équipe de Suisse compte dans ses rangs deux merveilles.

"Trop de différence de niveau"

PATRICK MOURATOGLOU (entraîneur de Serena Williams): Le match de dimanche s'est déroulé comme on pouvait le craindre... Roger a joué à son meilleur niveau parce qu'il est capable de le faire dans les grands événements.

Il y avait trop de différence de niveau entre Roger et Richard (Gasquet). On a senti l'expérience de vainqueur de Grand Chelem. Cela a fait la différence.

Stan a fait une saison énorme. Il a eu des hauts et des bas, c'est vrai. Mais il a gagné l'Open d'Australie, le Masters 1000 de Monte-Carlo et la Coupe Davis en produisant un jeu d'une très grande qualité.

L'atmosphère était incroyable dans ce stade de Lille. Le public français a poussé son équipe de façon exceptionnelle mais lorsqu'en face il y a le no2 et le no4 mondial qui jouent leur meilleur tennis, il n'y a absolument pas photo.

"Federer, ce diable de bonhomme"

PATRICE DOMINGUEZ (ancien joueur de tennis): On a retrouvé un très grand Federer. Son service a été incroyable contre Richard (Gasquet). Stan a aussi été très performant. Ils ont les deux joué à leur maximum. Stan a été celui, qui par ses progrès effectués l'année dernière, a réussi à faire venir Roger. Sa première victoire est là.

Il y a un mois, Wawrinka ne mettait plus un pied devant l'autre et dimanche dernier Roger n'avait pas pu jouer la finale du Masters de Londres en raison de douleurs au dos. Ils ont parfaitement su gérer la notion du temps. C'est lié à leur expérience et à leur faculté d'être autonomes dans les grands rendez-vous. Ils ont joué leur tennis de manière très libérée. On a retrouvé le Stan de l'Open d'Australie et de Monte-Carlo. Ils sont restés unis.

Roger Federer est un virtuose. Il a marché sur l'eau contre Richard. Il a été quasi parfait. Je suis époustouflé car il a été en contrôle du début à la fin. Il a cadenassé toutes les émotions avant de pleurer après la balle de match. Il se rapproche du plus grand palmarès de l'histoire du tennis. Il lui manque la médaille d'or en simple aux Jeux olympiques. Avec ce diable de bonhomme, on se dit qu'à Rio il aura 35 ans et qu'en 3 sets, il va falloir le prendre.

"Stan n'a jamais lâché"

ARNAUD BOETSCH (vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et 1996): Roger a été fabuleux. Il joue avec l'histoire et son histoire va très haut. Roger et Stan étaient sur le court en patrons. Ils la voulaient vraiment cette Coupe Davis. Leur tennis était en place. Notre leader Jo (Wilfried Tsonga) n'était pas en pleine possession de ses moyens et cela a déstabilisé l'équipe. Mais étant donné le niveau de Roger et de Stan, cela doit atténuer leur déception.

Je suis admiratif des grands hommes et Federer en fait partie. Il gère un niveau de stress que les autres n'arrivent pas. Et Stan est éblouissant car il a assuré le premier jour en battant Tsonga. Il a été un roc. C'était très important car son pote Roger n'était pas prêt vendredi.

Roger fait partie des uniques et des rares. Il n'y a qu'à voir la prestation qu'il a livrée contre Richard Gasquet. Il a réussi un 10 sur 10. Il a tout: la manière, le style, l'élégance, le jeu. Bravo. Il est magnifique. Maintenant qu'il a gagné la Coupe Davis, je pense qu'il va passer à autre chose. Et pourquoi pas la reconquête de la place de no1 mondial, car il n'est pas si loin de Djokovic.

Stan a géré son titre à Melbourne, la pression et l'attente des gens. Il s'est émancipé un peu de l'ombre de Roger. Cette Coupe Davis va le libérer. Son attitude, sa force physique et sa puissance tennistique montrent qu'il n'a jamais lâché. Cela fait des années qu'il se bat avec l'équipe de Suisse. Il le mérite grandement ce Saladier d'argent.

Lille, Miguel Bao

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