Il n'y en aura finalement qu'une pour mettre un terme à cette brillante série, et pas n'importe laquelle: Serena Williams! Mais la no1 mondiale n'a de loin pas eu la partie aisée en 1/4 à Indian Wells.
Si la plupart des joueuses ont ensuite mis le cap sur Miami, Timea Bacsinszky a elle préféré rentrer au pays, histoire de recharger quelque peu des batteries passablement utilisées, et s'accorder un peu de temps "pour elle".
Après une série d'entraînements, début avril, "Timi" reprend la compétition ce week-end, en Pologne. Associée notamment à Martina Hingis, la Vaudoise cherchera à offrir une promotion dans le Groupe mondial I à l'équipe de Suisse de Fed Cup.
Quelques mois après le sacre de Stan et Federer en Coupe Davis à Lille, la Suisse peut d'ailleurs logiquement rêver à un nouvel exploit, avec le gain - bientôt pourquoi pas? - de la Fed Cup. Avec Timea, Bencic (forfait pour raisons personnelles en Pologne), Vögele (blessée) et Martina, les rêves les plus fous sont autorisés...
RTSsport.ch a pu s'entretenir brièvement avec Timea Bacsinszky lors de son récent passage à "Sport Dimanche". Elle revient sur son début d'année en fanfare.
RTSsport.ch:Vous reprenez la compétition cette semaine, à l'occasion du barrage de Fed Cup en Pologne. Pourquoi avoir fait une pause après Indian Wells et alors que vous jouiez vraiment très bien?
TIMEA BACSINSZKY: Dans une carrière, il faut savoir faire des choix, et là c'en était un, déjà planifié auparavant. En plus, ce n'est pas facile d'aligner autant de matches (réd: 24 depuis début 2015, dont 15 succès d'affilée). Pour ma récupération, ça tombait donc bien.
En plus, j'avais besoin de temps pour moi, pour faire autre chose et surtout penser à autre chose. Mais ensuite je me suis réjouie de reprendre l'entraînement, ce qui n'avait jamais été le cas lors de ma "1ère carrière"...
RTSsport.ch:Justement, on vous sent désormais métamorphosée, avec une joie de vivre et surtout une joie de jouer que l'on pourrait presque dire nouvelle, non?
TIMEA BACSINSZKY: En fait, ce n'est que lorsque j'ai décidée de revenir, de reprendre ma carrière dans le tennis, que j'ai vraiment découvert ce que je voulais. Avant, je DEVAIS jouer. Maintenant je le VEUX vraiment.
RTSsport.ch:Vous êtes désormais aux portes du top-20 (22e). Jusqu'où irez-vous?
TIMEA BACSINSZKY: Dans le top-20, je n'y suis pas et je préfère ne pas penser au classement. Moi, je veux travailler, être la plus professionnelle possible et on verra bien où ça m'emmènera... Je cherche ma limite!
"A ce niveau, nous savons toutes jouer au tennis"
RTSsport.ch:Que vous manque-t-il aujourd'hui pour jouer les tout premiers rôle dans un tennis féminin très... "changeant"?
TIMEA BACSINSZKY: Vous savez, à ce niveau, nous savons toutes jouer au tennis, et même la 200e mondiale. De petits détails font la différence, comme les moments de concentration, la gestion des points importants, ou encore le nombre d'heures de sommeil. Après, on peut aussi toujours s'améliorer physiquement, au service, etc.
RTSsport.ch: Votre physique semble pas mal, vous gagnez souvent au bout des 3 sets!
TIMEA BACSINSZKY: Grâce à mon coach physique (réd: Beni Linder), avec qui j'ai beaucoup travaillé depuis 2 ans. Après, une victoire reste une victoire. Qu'elle le soit après 2 ou 3 sets. Peu importe la manière finalement
RTSsport.ch:Oui, mais au niveau de la confiance, ça doit être un sacré atout!
TIMEA BACSINSZKY: En fait, j'ai surtout gagné beaucoup de matches car j'ai désormais une meilleure gestion de ceux-ci. J'ai moins de "passages à vide", et surtout ils ne durent pas et je rejoue vite très bien. En fait, c'est là que je puise ma confiance: je sais que je suis désormais capable de m'en sortir même quand je suis mal embarquée!
RTSsport.ch:
Et Serena Williams, qui a mis fin (7-5 6-3) à votre série victorieuse en 1/4 à Indian Wells a eu de bons mots pour vous ("Elle a un grand avenir devant elle. Enfin, il est déjà là")...
TIMEA BACSINSZKY: Ca fait énormément plaisir, évidemment. Ca sort quand même de la bouche de la no1 mondiale, la meilleure joueuse de tous les temps peut-être. Ca a énormément de valeur.
RTSsport.ch: Et comment ont réagi les autres joueuses à votre retour au 1er plan?
TIMEA BACSINSZKY: Certaines m'ont témoigné leur bonheur, et c'était vraiment sincère. Après, quand on monte au classement, c'est un peu qu'on pique la place aux autres... Il y a forcément de la jalousie. On voudrait bien être à ma place... Dans le tennis, c'est complexe. On se voit tous les jours, mais on ne peut pas vraiment être amies. On doit toutefois quand même "vivre" ensemble, dans les vestiaires, les "players lounge", etc.
Alors je dirais qu'il y a un certain respect, mais il disparaît dès que tu montes sur le court. Je sens quand même qu'on me prend davantage au sérieux, qu'on m'observe plus. Notamment dans les vestiaires, où on veut peut-être voir comment je me prépare...
RTSsport.ch:Avoir un coach, Dimitri Zavialoff, qui a oeuvré chez les hommes, ça aide?
TIMEA BACSINSZKY: Ca apporte une expérience différente, c'est certain. Le sport, à la base, est le même que chez les messieurs, même si certains schémas tactiques sont différents, car une femme n'est pas capable, physiquement, de suivre le même qu'un homme. Après, ce n'est pas son expérience ATP qui m'a intéressée, mais celle avec Stan (réd: Wawrinka). En 16 ans, il l'a emmené de rien au top-10! Et moi, j'apprends beaucoup de ça.
RTSsport.ch: Ce week-end, vous jouerez donc pour la promotion dans le Groupe mondial de Fed Cup avec la Suisse. En tant que leader et avec Martina Hingis!
TIMEA BACSINSZKY: Et je m'en réjouis! C'est la 1ère fois que je m'entraînerai avec Martina. Je ferai de mon mieux pour ramener un maximum de points!
Propos recueillis par Daniel Burkhalter