"Je ne suis pas le Cristiano Ronaldo du tennis"

"Stan the Man" sera au bout du lac Léman cette semaine pour préparer au mieux le tournoi de Roland Garros (28.05-11.06). Il fera son entrée en lice au Geneva Open mercredi (18h00) face à Joao Sousa (51) ou Rogerio Dutra Silva (84). Avant de goûter la terre battue genevoise et parisienne, le Vaudois revient sur son parcours, évoque son éclosion tardive et révèle les sportifs qui l'ont inspiré.

RTSsport.ch: A 12-13 ans, on disait de Wawrinka qu'il n'était "pas très bon". Aujourd'hui, grâce à énormément de travail et une détermination hors pair, le gamin de Saint-Barthélémy fait partie de l'élite du tennis mondial. Si avec son talent inné Federer rappelle Messi, on peut dire que Stan c'est le Cristiano Ronaldo du tennis?

STAN WAWRINKA: (Rires) Non, moi je ne peux pas me comparer à Cristiano Ronaldo; il est beaucoup trop haut, beaucoup trop loin! Par contre c'est vrai que, plus jeune, je n'avais pas le talent du meilleur de ma catégorie d'âge. J'ai donc dû travailler dur pour rattraper ceux qui avaient un meilleur feeling avec la raquette que moi à cette époque.

Il y a 15 ans, on arrêtait sa carrière à 30 ans. Aujourd'hui c'est l'âge de la maturité!

RTSsport.ch: Y a-t-il d'autres sportifs qui vous ont inspiré?

STAN WAWRINKA: Oui il y en a eu plusieurs, notamment des tennismen bien entendu. Pete Sampras par exemple, ou Alex Corretja que j'ai eu la chance de rencontrer quand j'étais jeune. J'aimais beaucoup aussi Pat Rafter pour sa mentalité. Dans d'autres sports, je pense surtout à Kobe Bryant.

Après, je dois dire que ces sportifs sont davantage des idoles pour moi, dans le sens où j'admire ce qu'ils ont fait ou font encore plutôt que je m'en inspire. Comme je ne me suis jamais imaginé arrivé à ce niveau-là, je n'ai jamais pris d'exemple trop élevé.

RTSsport.ch: Les 5 premiers du classement ATP affichent une moyenne d'âge de 31,2 ans (Murray 30 ans, Djokovic 29, Wawrinka 32, Nadal 30, Federer 35). C'est seulement 26 ans pour le reste du top-10 (Raonic 26, Thiem 23, Cilic 28, Nishikori 27, Goffin 26). Comment expliquer que les "vieux" dominent les "jeunes" actuellement sur le circuit?

STAN WAWRINKA: Je pense que le tennis a beaucoup changé ces dernières années. Il y a 15 ans, on arrêtait sa carrière à 30 ans. Aujourd'hui c'est l'âge de la maturité! Désormais, comme dans tous les sports d'ailleurs, tout est devenu plus physique. Plus professionnel aussi: tous les joueurs sont très entourés avec un coach, un préparateur physique et ils sont suivis par des physiothérapeutes et des kinés. C'est pour ça que la carrière des tennismen dure plus longtemps.

Il faut que je me donne tous les jours à fond dans mon métier pour ne pas avoir de regrets, tout simplement

RTSsport.ch: Vous avez l'air très serein par rapport à votre carrière et vos accomplissements, très humble aussi: vous dites souvent "je ne suis pas un héros" ou "je ne vise pas la 1re place du classement ATP". Si votre carrière s'arrêtait demain, ce serait déjà une réussite?

STAN WAWRINKA: Oui, pour moi c'est déjà beaucoup plus que ce que j'ai espéré étant plus jeune, énormément plus! Je n'ai jamais rêvé de faire partie du top-5 ou de gagner un Grand Chelem, imaginez 3 (ndlr: Open d'Australie 2014, Roland Garros 2015 et US Open 2016)!

En revanche, au point où j'en suis maintenant dans ma carrière, je n'ai pas envie de m'arrêter là! J'ai envie de plus, je veux essayer de faire le maximum pour, le jour où j'arrête, avoir toujours ce sentiment d'avoir eu plus que ce que j'espérais. Et pour ça, je ne dois pas "perdre du temps": il faut que je me donne tous les jours à fond dans mon métier pour ne pas avoir de regrets, tout simplement.

RTSsport.ch: En tant que star du tennis, vous êtes très sollicité par les fans et, bien sûr, par les journalistes. Quelle est la question qu'on ne vous a jamais posée mais à laquelle vous auriez aimé répondre?

STAN WAWRINKA: Il doit sûrement y en avoir une mais j'avoue que, après mes matchs par exemple, je me dis plutôt "mais pourquoi on me repose encore cette question-là!" Toute l'année, toutes les semaines, et ce depuis 10 ans, je suis interviewé et c'est très souvent les mêmes questions qui reviennent. Mais bon, c'est normal, cela fait partie du métier.

Propos recueillis par Stefan Renna