A 32 ans, Patty Schnyder met un terme à sa carrière

Après 16 années passées sur le circuit, Patty Schnyder en a assez. La Bâloise a officialisé sa retraite sportive lors d'une conférence de presse à Roland Garros.

Son départ ne faisait plus de doute. Depuis plusieurs mois, la gauchère de 32 ans ne semblait plus concernée par le tennis de haut niveau. Elle n'a ainsi gagné que trois matches en neuf tournois en 2011, chutant au 55e rang dans la hiérarchie mondiale. A Paris, pour ce qui a été sa 925e et ultime partie en simple, elle a été sortie sans gloire mardi par la modeste roumaine Sorana Cirstea (6-1 6-3), avant de connaître le même sort en double jeudi.

"Il est temps de clore un magnifique chapitre", a-t-elle lâché. "Je suis très émue à l'idée de m'en aller. Mais je reste reconnaissante et fière d'avoir vécu tous ces beaux moments", a-t-elle ajouté. "Ma décision a peu à peu mûri ces cinq dernières semaines, lors de la saison sur terre battue. Après mon match contre Cirstea, je savais que tout était fini."

Une belle carrière

Cette fin de parcours en roue libre ne doit pas faire oublier la belle carrière de Patty Schnyder. Depuis son premier tournoi en octobre 1995, elle a enlevé onze titres en simple, auxquels s'ajoutent 16 autres places de finaliste. A la WTA, elle a grimpé jusqu'à la 7e place en novembre 2005. Egalement douée en double, elle a conquis cinq trophées dans cette spécialité. Autant de succès qui lui ont permis d'accumuler un prize-money de 8,4 millions de dollars.

Le plus remarquable sur son C.V. reste toutefois sa constance. La Bâloise a été membre sans discontinuité du top 20 pendant plus de cinq ans, de février 2004 à juin 2009. En 59 participations en Grand Chelem, elle s'est hissée 21 fois en 8es de finale, avec une demi-finale à l'Open d'Australie en 2004 comme point culminant (défaite contre Kim Clijsters).

"J'ai connu beaucoup de succès. Parmi mes plus beaux souvenirs, je citerais notre finale en 1998 en Fed Cup (défaite avec Martina Hingis contre l'Espagne à Genève) et mon titre à Zurich", a relevé Schnyder, qui s'était imposée en 2002 sur les bords de la Limmat après une finale épique contre Lindsay Davenport (6-7 7-6 6-3).

"Je suis aussi fière d'avoir quasiment battu toutes les grandes championnes", a continué la gauchère, qui a épinglé deux générations de stars du tennis féminin, s'offrant par exemple des victoires face à Steffi Graf, Martina Hingis, Justine Henin et autre Serena Williams.

Un sentiment de gâchis

Malgré tout, il est difficile de ne pas avoir un sentiment de gâchis en observant le parcours de Schnyder. Dotée d'une "main" gauche extraordinaire, la Bâloise avait de quoi viser les sommets. Las pour elle, des épisodes dans sa vie privée l'ont sérieusement entravée, à l'image de son idylle en 1999 avec le "gourou" Rainer Harnecker.

Entraînée à ses débuts par Erik Van Harpen, la Bâloise n'a plus bénéficié du concours d'un entraîneur digne de ce nom depuis sa rencontre avec Harnecker, puis l'arrivée de son mari et coach auto-proclamé Rainer Hofmann.

Outre une vie privée tortueuse, Schnyder n'a pas toujours fait preuve d'un caractère de battante sur le court, apparaissant plus d'une fois timorée dans les moments cruciaux. Combien a-t-elle ainsi laissé filer de matches qui auraient dû lui revenir ?

Quelques belles désillusions

Parmi ces désillusions, on citera, par exemple, une défaite contre la Française Nathalie Dechy (7-5 au 3e set) en quart de finale de l'Open d'Australie 2005, alors que la Bâloise tenait la forme de sa vie. Deux ans plus tard à Roland Garros, elle s'inclinait 9-7 dans l'ultime manche face à Maria Sharapova en 8e de finale, après avoir galvaudé deux balles de match.

Au moment de commenter cette défaite contre la Russe, Schnyder avait lâché une phrase mémorable, qui résumait à elle seule son manque d'ambition: "Je me sens comme une petite championne qui a subi la loi d'une grande championne."

Une vie privée mouvementée

Patty Schnyder ne s'est pas distinguée uniquement sur les courts en 16 ans de carrière. Entre idylles fumeuses et problèmes financiers, la vie de la Bâloise n'a jamais été un long fleuve tranquille.

Après des débuts professionnels prometteurs sous la houlette d'Erik Van Harpen, Schnyder fait la connaissance fin 1999 de Rainer Harnecker, qui devient son amant et son "gourou". Membre de l'Eglise de scientologie, l'Allemand embobine la joueuse alors âgée de 21 ans (42 ans pour Harnecker). Le pseudo-guérisseur lui prescrit un régime alimentaire à base de jus d'orange et s'adonne à d'étranges pratiques, vaguement inspirées de l'acupuncture. Leur relation ne dure que quelques mois, mais elle suffit à provoquer un gros coup d'arrêt dans la carrière de la gauchère.

Après Harnecker débarque Hofmann

C'est ensuite un autre Rainer, Hofmann, qui entre dans sa vie. Lui aussi Allemand, Hofmann avait été engagé par les parents de Schnyder comme détective privé et garde du corps pour protéger leur fille de... Harnecker. Une idylle naît et Hofmann s'improvise entraîneur de sa nouvelle conquête. Leur mariage intervient fin 2003.

Déjà fâchés avec leur fille depuis l'affaire Harnecker, les parents Schnyder s'attaquent aussi à Hofmann, coupable selon eux de manipuler leur fille. La joueuse prend la défense de son mari et rompt avec ses parents, qu'elle traite de "talibans" et qu'elle n'invite pas à son mariage.

Problèmes financiers

Après quelques années de calme, Schnyder et Hofmann font à nouveau la une des faits divers en mars dernier. Le "Blick" prétend que l'ancienne membre du top 10 accuserait des dettes de 380'000 francs, tandis que son époux aurait une ardoise de 230'000 francs. Se disant victime d'un faussaire, le couple rejette ces accusations et porte plainte contre le quotidien alémanique. L'affaire est en cours.

Ce parcours tortueux fait l'objet d'une autobiographie que la joueuse aux 11 titres WTA doit publier en octobre prochain. Coécrit avec Hofmann, le livre est intitulé "The White Mile" et sa rédaction a été entamée en 2004.

si/alt