Le Suédois Robin Soderling a vécu un jour sans lundi à l'Open d'Australie où il a été éliminé dès les 8es de finale par le surprenant ukrainien Alexandr Dolgopolov 1-6 6-3 6-1 4-6 6-2.
Après s'être offert le scalp de Jo-Wilfried Tsonga au 3e tour, Dolgopolov, 46e joueur mondial, poursuit son épopée. A 22 ans, son quart de finale face à la tête de série no5 Andy Murray sera de loin le match le plus important de sa carrière.
Grande déception pour Soderling
Pour Soderling (no 4), la déception est grande, après avoir atteint en 2010 la finale de Roland-Garros, les quarts à Wimbledon et l'US Open, puis s'être imposé à Paris-Bercy. Il avait pourtant rapidement pris la mesure de son adversaire, réputé pour être capable du meilleur comme du pire, dans un 1er set expédié en 21 minutes. Le Suédois était bien aidé par l'Ukrainien qui ne passait que trois premières balles dans toute la manche, soit seulement 23% de réussite.
Dolgopolov se reprenait cependant lors des deux manches suivantes. Il améliorait son rendement au service et surtout réussissait trois fois plus de coups gagnants que Soderling, écoeuré à certains moments par la patte du jeune homme. En même temps, le no4 mondial perdait peu à peu son efficacité, commettant davantage de fautes et se montrant bien moins en verve au service.
Tout bénef' pour Murray
Il retrouvait un peu d'allant, en dépit de nombreuses ampoules aux pieds, en début de 4e set. Il faisait le break d'entrée et poursuivait sur sa lancée, à grand renfort de cris et poings rageurs. Inlassable relanceur puis soudain très agressif avec quelques traits de génie, "Dolgo" ne rendait pas les armes. Au contraire, il creusait de nouveau l'écart au 5e set pour mener 4-1, et très solidement, concluait sur la mise en jeu du Suédois, à sa quatrième balle de match.
"J'ai lutté durant tout le match", a commenté le Suédois. "J'ai gagné le premier set mais pas parce que je jouais bien. Lui (Dolgopolov) n'y était pas au départ. Puis il a commencé à bien mieux jouer, contrairement à moi. Il a un très bon revers et il se déplace très bien. C'est un grand contreur. Il a de bonnes chances de réussir, je pense. Le premier mois de l'année ne me réussit pas d'habitude. Là, j'ai gagné un titre (à Brisbane) et je suis parvenu jusqu'en 8e, c'est déjà mieux que les années précédentes."
Le succès du fils de l'ancien coach d'Andreï Medvedev fait, bien sûr, l'affaire d'Andy Murray. Entre Dolgopolov et Soderling, l'Ecossais a sans doute gagné au change. Il abordera ce quart de finale contre l'Ukrainien en pleine confiance. Victorieux 6-3 6-1 6-1 de l'Autrichien Jürgen Melzer (no 11), le finaliste de l'an dernier n'a pas encore lâché un set depuis le début de la quinzaine.
Une jeunesse passée sur les courts
Le jeune Alexandr Dolgopolov est âgé de 22 ans et il en a presque passé autant sur le circuit professionnel, où il s'affirme comme l'une des grandes révélations du tournoi. Car Alexandr Dolgopolov n'est pas le premier du nom à écumer les courts et les tournois.
Son père Alexandr Dolgopolov Sr., donc a lui-même eu une modeste carrière, autour de la 500e place mondiale, avant de se distinguer en entraînant l'ancien no4 Andrei Medvedev, parvenu en finale de Roland-Garros 1999. Depuis sa naissance, le petit est donc emporté dans les valises de son père et peut commencer sa formation, dès l'âge de trois ans, avec quelques grands noms.
Des échanges avec Marc Rosset
"J'ai vraiment vécu des bons moments", se remémorait-il lundi. "Thomas Muster jouait souvent avec moi, Marc Rosset aussi. J'ai rencontré pratiquement tous les joueurs car, quand vous êtes enfant sur le circuit, tout le monde veut bien taper la balle avec vous."
Surtout, il suit de près l'ascension du fantasque Medvedev, meilleur joueur ukrainien de tous les temps et qui a parfois eu une relation tumultueuse avec ses entraîneurs. "J'étais toujours avec Andrei, je l'encourageais dans tous ses matches", s'est souvenu le 46e mondial. Tout naturellement, à dix ans, ce fils de sportif sa mère était gymnaste, médaillée aux Championnats d'Europe augmente les doses d'entraînement avec son père.
Une ascension fulgurante
Leur collaboration dure neuf ans, le temps que "Junior" se hisse au plus haut niveau. "C'était dur. Nous étions un peu fatigués l'un de l'autre car nous étions sans arrêt ensemble. C'est compliqué que d'être père et coach", observe-t-il. Il s'attache alors les services de l'entraîneur australien Jack Reader pour améliorer son physique et son mental. Son ascension est fulgurante: il gagne 83 places au classement en 2010, soit la 2e meilleure progression de l'année, pour terminer au 48e rang.
Joueur atypique, infatigable relanceur, le joueur au catogan et au visage encore adolescent est réputé sur le circuit autant pour sa patte et ses traits de génie que sa capacité à rater des coups immanquables. "C'est un joueur assez attractif, rigolo jusqu'au moment où tu te retrouves en face de lui", analysait le Français Jo-Wilfried Tsonga, deux jours avant de se faire éjecter au 3e tour par l'Ukrainien, plutôt dans un bon jour.
Ainsi, contre Soderling lundi, Dolgopolov a illustré son inconstance par un taux incroyablement médiocre de première balle au premier set (23%) pour finir à plus de 70% au 5e. Mercredi, contre le Britannique Andy Murray, il ne pourra pas se permettre plus d'erreurs. En tout cas, il assure qu'il continuera à "jouer relax". "Vous savez, j'aime le tennis alors je ne me crispe pas trop", souligne celui qui, pendant son temps libre, aime concevoir des jeux vidéos et conduire sa voiture. "Je joue librement et parfois, cela paye". Soderling, écoeuré et frustré, ne dira pas le contraire.
agences/lper
Open d'Australie, 1/8
R.Nadal ESP/1 b. M.Cilic CRO/15 6-2 6-4 6-3
D.Ferrer ESP/7 b. M.Raonic CAN/Q 4-6 6-2 6-3 6-4
A.Dolgopolov UKR b. R.Soderling SWE 1-6 6-3 6-1 4-6 6-2
A.Murray GBR/5 b. J.Melzer AUT/11 6-3 6-1 6-1
T.Berdych CZE/6 b. F.Verdasco ESP/9 6-4 6-2 6-3
N.Djokovic SRB/3 b. N.Almagro ESP/14 6-3 6-4 6-0
S.Wawrinka SUI/19 b. A.Roddick USA/8 6-3 6-4 6-4
R.Federer SUI/2 b. T.Robredo ESP 6-3 3-6 6-3 6-2