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Federer laisse Davydenko sur place

Lacets roses déployés, le no2 mondial n'a pas fait dans la dentelle face à Davydenko. [Barbara Walton]
Lacets roses déployés, le no2 mondial n'a pas fait dans la dentelle face à Davydenko. - [Barbara Walton]
Le 2e tour de Roger Federer à Melbourne ne fut pas celui de tous les dangers. Le Bâlois a parfaitement maîtrisé son sujet devant Nikolay Davydenko pour s'imposer 6-3 6-4 6-4. Samedi en 16es, c'est la star locale Bernard Tomic qui croisera sa route.

Face au Russe qui était peut-être avec l'impayable Gaël Monfils le joueur non classé tête de série le plus dangereux du tableau, Roger Federer n'a pas été une seule seconde en danger. Une statistique corrobore ce propos: le no 2 mondial n'a pas concédé une seule balle de break sur l'ensemble de la partie. "Davydenko m'a surpris par son agressivité, souligne le Bâlois. Je ne m'attendais pas à devoir autant défendre. Heureusement, je bougeais très bien ce soir".

Venu à Melbourne pour la première fois depuis 2008 sans avoir disputé un seul match de préparation, Roger Federer peut être rassuré sur son état de forme. Avoir toujours tenu son service lors de ses deux premiers matches contre deux joueurs - Benoît Paire et Nikolay Davydenko - qui sont d'excellents relanceurs est une performance qui ne peut que le réjouir.

Nikolay Davydenko n'a pu tenir le score que jusqu'à 2-2. Au sixième jeu, Roger Federer pouvait ravir le service du Russe sur sa cinquième balle de break. Une fois devant, il fut tout simplement intouchable pour un Davydenko qui fut, il est vrai, bien loin d'évoluer dans le même registre que deux semaines plus tôt à Doha où il avait notamment battu David Ferrer. Il s'est incliné pour la dix-huitième fois en vingt rencontres face à Roger Federer.

Une ferveur extraordinaire

Le Bâlois peut être satisfait de son rendement. [KEYSTONE - Andrew Brownbill]
Le Bâlois peut être satisfait de son rendement. [KEYSTONE - Andrew Brownbill]

L'homme aux dix-sept titres du Grand Chelem est donc prêt pour ce seizième de finale contre Bernard Tomic que toute l'Australie attend. Avec le secret espoir de vérifier que son joueur a bien l'étoffe du héros. Né en Allemagne mais élevé sous le soleil de la Gold Coast et sous la poigne de fer de son père John, Bernard Tomic suscite depuis le début de l'année une ferveur extraordinaire.

Tout un pays s'est pris de passion pour ce joueur de 20 ans, à la limite du "bad boy" mais au talent unique. Tomic a du Miloslav Mecir dans sa raquette avec sa faculté d'armer à tout moment le coup que vous n'attendez pas. Roger Federer se reconnaît quelque peu en lui. De cette ambition un brin démesurée qu'il nourrit.

"Moi aussi, j'ai très vite cru en mes possibilités, se souvient-il. A 17 ans, je me sentais capable de tenir le choc à Bâle contre Andre Agassi. Six mois après à Marseille, j'étais sûr d'avoir une chance de battre Carlos Moya qui était no 4 mondial. Et je l'ai battu".

Mais comme Bernard Tomic, le Bâlois est parfois parti aussi en vrille au début de sa carrière. "Quand vous débarquez sur le Circuit, il est dur parfois d'être accroché par des joueurs qui ne devraient, en principe, pas vous poser de problèmes. D'être obligé de jouer à 100 % pour gagner des matches alors que vous sentez que vous possédez une certaine marge. C'est ce qui est arrivé l'an dernier à Tomic, explique-t-il. Les autres ont vite compris comment le jouer, comment le gêner. Il faut s'appeler Nadal ou Djokovic pour être capable de jouer à 100 % chaque rencontre".

Un cataclysme

Malgré l'empathie qu'il peut ressentir pour Bernard Tomic, Roger Federer ne fera aucun cadeau samedi. Une défaite serait ressentie comme un véritable cataclysme pour le Bâlois dont l'ultime échec si tôt dans un tournoi du Grand Chelem remonte à Roland-Garros 2004 où Gustavo Kuerten lui avait barré la route au troisième tour en le battant sur le score sans appel de 6-4 6-4 6-4.

"Je sais ce que j'ai à faire: jouer de manière agressive, explique-t-il. Les conditions de jeu sont très rapides cette année. Cela favorisera Tomic dans la mesure où il est difficile de bien varier le jeu". Mais s'il sert aussi bien que face à Davydenko - 68 % de réussite en première balle pour 9 aces -, Federer risque d'être encore hors d'atteinte pour Bernard Tomic. Et l'Australie devra encore patienter avant de trouver le successeur de Mark Edmonson, son dernier joueur titré à Melbourne. C'était en décembre 1976.

"Je prends Federer au bon moment"

Bernard Tomic, un joueur dont la confiance frise parfois avec l'arrogance. [KEYSTONE - JOE CASTRO]
Bernard Tomic, un joueur dont la confiance frise parfois avec l'arrogance. [KEYSTONE - JOE CASTRO]

Bernard Tomic (ATP 43) a dû batailler ferme pour s'imposer devant Daniel Brands (120). Face à ce joueur allemand issu des qualifications, l'Australien a dû attendre sa... huitième balle de match pour s'imposer 6-7 (4/7) 7-5 7-6 (7/3) 7-6 (10/8). Il a dû écarter une balle de deux manches partout contre un joueur que l'on savait dangereux.

"Mon service m'a sauvé aujourd'hui", lâche Tomic qui n'a pas encore perdu, comme Roger Federer d'ailleurs, une seule fois son engagement depuis le début du tournoi. "Je crois que je prends Federer au bon moment, poursuit-il. Mon service est devenu une véritable arme aujourd'hui. L'an dernier, j'avais tenu jusqu'à 4-4 au premier set avant de le laisser filer. Samedi, il faudra impérativement que je gagne le premier set. Si je le remporte, l'histoire sera peut-être différente..."

Battu 6-4 6-2 6-2 par Roger Federer l'an dernier en huitième de finale de cet Open d'Australie, Bernard Tomic rêve donc de revanche. Il croit vraiment en son étoile depuis sa victoire samedi dernier au tournoi de Sydney. "Je me sens inarrêtable", lâche-t-il. A 20 ans, Tomic affirme qu'il entrera dans le top-ten cette année avant de devenir no 1 mondial.

si/alt

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