Le jour de ses 25 ans, Rafael Nadal s'est qualifié pour sa sixième finale de Roland Garros en battant le Britannique Andy Murray en trois sets 6-4 7-5 6-4.
Quintuple vainqueur du tournoi, le Majorquin, phénoménal sur les points importants face à Murray, disputera sa douzième finale du Grand Chelem, autant que des légendes comme Stefan Edberg, John McEnroe et Mats Wilander. Il pourra y égaler le record de six titres à Roland Garros de Björn Borg, le seul joueur de l'histoire à pouvoir tenir la comparaison sur terre battue.
"Je suis très heureux d'être de retour en finale à Roland Garros, le tournoi le plus important de l'année pour moi", a-t-il déclaré au public après être tombé à genoux après sa victoire.
Une rencontre décousue
Nadal s'est imposé vendredi à l'issue d'un match acharné (3h17 de jeu) mais décousu qui, disputé dans des conditions une nouvelle fois difficiles avec beaucoup de vent, n'a pas atteint les sommets attendus. On a même parfois frisé l'endormissement comme au milieu du deuxième set où les deux joueurs ont échangé quatre breaks de suite, une série qu'on ne voit normalement que dans le tennis féminin.
Le gain de ce set a été déterminant pour Nadal qui, après une longue suite de fautes directes inhabituelles, a soudain fermé le "robinet à erreurs" pour se procurer trois balles de break à 5-5 sur le service de Murray. Sur l'une d'elles, l'Ecossais a sorti une volée amortie de toute beauté. Mais à la suivante, Nadal l'a cloué sur place avec un de ses fameux coups droits lasso qui lui ont, cette fois encore, permis de déverrouiller la partie.
Même au premier set, Nadal n'avait jamais été totalement à l'aise puisque, après s'être rapidement détaché 5-1, il a connu un sérieux coup de pompe au point que Murray s'est procuré deux balles de break pour revenir à 5-5.
Nadal se libère enfin au 3e set
Ce n'est que dans le troisième set que Nadal s'est un peu libéré face à Murray qui a continué à menacer l'Espagnol sur presque tous ses engagements mais a laissé passer beaucoup trop de chances (3 balles de break sur 18). "J'ai sauvé beaucoup de balles de break et j'ai fait, en général, un très bon match vu les conditions qui n'étaient pas faciles du tout avec ce vent. Je suis vraiment satisfait", a commenté Nadal qui a laissé traîner quelques scories (31 fautes directes) qui rappelaient son début de tournoi tire-bouchonné.
Mais l'irréductible Majorquin est toujours aussi coriace et s'est appuyé à fond sur cette qualité pour remporter sa 44e victoire en 45 matches à Paris, où Andy Murray ne deviendra pas, cette fois encore, le premier Britannique à s'imposer en Grand Chelem depuis Fred Perry en... 1936. "Andy est un joueur fantastique et un très bon mec, il mérite de gagner un Grand Chelem très vite", l'a consolé Nadal.
La parole à Nadal et Murray
RAFAEL NADAL: "Ce sont de petites choses qui ont fait la différence. Je pense avoir très bien joué, particulièrement aux moments importants. J'ai toujours mené, il n'a jamais été devant. Il a eu de bonnes chances. J'ai dû sauver des points importants avec mon service. C'était difficile avec le vent. De l'extérieur, c'est dur d'apprécier combien c'était difficile. Jouer avec le vent dans le dos était vraiment très compliqué. J'avais peur de frapper la balle, et le vent changeait tout le temps de direction.
Si vous comparez maintenant avec il y a quelques jours, c'est complètement différent. Il fallait que je résolve cette anxiété et cette crainte. Maintenant, je suis content, libéré. Je n'ai plus cette crainte de dégringoler au classement. J'ai beaucoup de respect pour le grand (Bjorn) Borg. Mais c'est plus important pour moi de gagner Roland que de battre Borg."
ANDY MURRAY: "Je suis assez content de la manière dont j'ai joué. Le début était très difficile avec beaucoup de vent. Au premier set, sur une balle de break, j'ai pris une bourrasque en pleine figure. Je suis sûr que ça lui est arrivé plusieurs fois à lui aussi. Dans l'ensemble, c'était un bon match, un match très serré. J'ai eu des opportunités à la fin du premier set. Je n'ai pas réussi à les prendre. Il a bien servi sur plusieurs balles de break. Son coup droit a bien marché. C'était un long match, avec plusieurs égalités, plusieurs jeux serrés. Il a juste joué mieux que moi.
Il y a cinq semaines, personne n'aurait pensé que je serais là. Je suis heureux d'en être arrivé là. Je suis bien meilleur que l'an passé sur terre, mais j'ai encore du travail à faire pour être au niveau des meilleurs. Je me suis bien battu. Mon attitude aujourd'hui était la meilleure depuis le début du tournoi. J'étais souvent derrière et je me suis battu pour revenir. C'est la meilleure saison sur terre battue que j'ai eue, et de loin. C'est mon meilleur Roland Garros, ça me donne beaucoup de confiance pour la saison prochaine."
afp/rou
Roland Garros, 1/2 messieurs
R.Nadal ESP/1 b. A.Murray GBR/4 6-4 7-5 6-4
R.Federer SUI/3 b. N.Djokovic SRB/2 7-6 6-3 3-6 7-6